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littéraires - Page 2

  • c'est tout vu, amour

    yiiihaaa- fais-moi voir.
    - quoi donc ?
    - je ne sais... quelque chose...
    - quelque chose comme un bouquet de roses ?
    - quelque chose comme ça, oui.
    - quelque chose qui te dit comme je t'aime ?
    - oui, oh oui ! très exactement ça, même.
    - tu ne veux pas d'un poème ?
    - non, non, merci non... fais-moi voir, simplement.
    - attends... j'enlève mes gants.
    - j'attends, comme toujours.
    - par amour.
    - pardi !
    - alors voici...
    - oh, c'est beau ! qu'est-ce que c'est ?
    - mon cadeau, mon bouquet, mon petit effet.
    - c'est pour moi, vrai de vrai ?
    - non.
    - pardon ?
    - non, c'est à toi... pas pour toi.
    - ... comprends pas...
    - prends-le...
    - avec les yeux ?
    - avec les doigts si tu veux, mais tu voulais voir.
    - oh ! je vois, oui...
    - comme je t'aime ?
    - oui, oh, oui... ça oui ! très exactement ça, même.
    - c'est ce que tu voulais ?
    - en mieux !... si je m'attendais.
    - alors, dis : que vois-tu ?
    - je vois que je t'ai plu et sans l'avoir voulu, comme un reflet qui saurait dire la vérité sans détour et sans parler.
    - et que vois-tu encore ?
    - la mort, dis ! ...qui trépigne, s'indigne et compte ses épines pour aller jouer ailleurs, user d'autres rapines, aux endroits où l'on meurt.
    - et puis ?
    - et puis ta peau qui boit de l'eau qui me coule du dos ; ta peau qui me couvre de nuit ; ta peau qui m'envie, qui m'appelle... où mon corps est blotti et couve sous ton aile.
    - et tu vois les couleurs ?
    - je les vois, je les vois ! elles arrivent ! elles quittent la rive et font des ricochets sur les dunes et sur les parapets.
    - et tu les reconnais ?
    - ah oui ! il y a celle qui danse, il y a celle qui pleure, celle-ci qui affleure et cette autre qui pense à repeindre la cour où déjà reparaît le jour… ce jour où tout murmure est nouvelle aventure ; ce jour qui dit toujours oui ; cet aujourd’hui.
    - le spectacle te plaît, donc.
    - ah, le beau rigodon ! ah, la fête ! et quel est ce vol d'oiseaux trop sérieux sous le ciel amoureux... quelques canards chipeaux ?
    - non, des bergeronnettes.
    - tu m'aimes tant que ça ?
    - tu le vois.
    - je le vois.

    Qui a dit que l’amour est aveugle au faîte ?

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #51

  • connais-toi, c'est l'automne...

    Connais-toi, c'est l'automne
    ma peine
    fredonne
    de là, pardonne
    et laisse aller
    mon regard qui s'étonne dans le vent frais

    Connais-tu cet or ange
    qui plane au ciel et le mange ?

    C'est bien assez de feu pour la soirée
    les pieds mouillés, le nez qui coule
    l'envie de s'embrasser roulés en boule

    C'est la canopée qui déteint
    puis, dans le matin frêle
    vois qu'on rassemble ses cheveux
    à la pelle

    C'est ta peau de renard
    ma Vieille Dame Blanche
    tu as pris du retard
    dans ce matin qui planche
    à son banc d'écolier
    et de son encrier
    puise un peu de la nuit
    que tu as fui
    sitôt qu'elle a bleui

    Tu t'es pissé dessus ?
    'fallait bien qu'ça arrive
    car la pluie de l'automne
    fait sa grande lessive

    Ah, la belle saison
    je n'en attends pas moins
    tu pisses, je pleure moins

    Le bel événement
    (je ne l'attendais plus)
    l'automne ! l'automne est là
    et je ne pleure plus.

    AUTOMNE2.JPG

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #50

    illustration composée d'après une vue extraite d'ici

  • substantifs (stu)

    Sort :
     A la tablée du homard
     ayant copieusement soupé
     un vieux hareng goguenard
     entreprit de se vanter
     prétendant à l’assemblée
     qu’il était en son pouvoir
     quand tous étaient bien repus
     de se fendre d’une poire
     sur sa soupe à la tortue
     ce qu’il fit sans même choir
     du moins tant qu’il fut dedans
     sitôt dehors, dans le noir
     il en fut tout autrement :

     Rétamé sur le trottoir
     entraîné par son ventru
     il pesta contre le sort
     mais malgré tous ses efforts
     il ne se releva plus.

     Au matin du lendemain
     on le trouva dans la rue
     moitié mangé par les chiens
     moitié baignant dans son jus
     saisi dans sa puanteur. 

     On n’attendit pas une heure
     pour le jeter au rebut
     il n’est pas de pire odeur
     quand le saur sue la tortue !
    ; ce destin que l’on rejette sur l’autre en comptant améliorer le sien.
    - Oui, ce monde est bien plat ; quant à l'autre, sornettes. / Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort, / Et pour tuer le temps, en attendant la mort, / Je fume au nez des dieux de fines cigarettes [Jules Laforgue].

    Temps* :
     j'arrive au port - tic déposant laisse - tac je fais cinq pas - tic déjà tu m'as - tac tout couvert des - tic baisers doux et lents qui me manquaient tant

     j'peux bien t'le dire : le temps peut mourir ! –extrait
    ; l’espace d’un instant durant lequel l’univers a créé l’homme pour avoir, ne fût-ce qu’un moment, conscience de lui-même.
    - Et comment voudriez-vous que l'on passât son temps / Je pense à quelqu'autre paysage / Un ami oublié me montre son visage / Un lieu obscur / Un ciel déteint [Pierre Reverdy].


    Univers :
     Sel des larmes venues aux yeux stupéfaits
     mues par la force d’un regard entier
     élan qui ne souffre aucun rempart

     Œil fier
     proclamant l’univers
     ayant besoin d’espace

     Ecartez-vous maisons, forêts !
     Madame, Monsieur, s’il-vous-plaît
     Bougez-vous, allons, faites place !

     Ainsi portons-nous au loin
     - au plus loin que d’aussi loin,
     notre regard plein de grâce
    ; tout un monde en un rien de temps.
    - Je regrette les temps où la sève du monde, / L’eau du fleuve, le sang rose des arbres verts / Dans les veines de Pan mettaient un univers ! [Arthur Rimbaud].

    miro-joan-singing-fish-2104880.jpg
    Miró : Singing Fish

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • frange marine

    L'enfant de l'homme dans l'homme s'étonne :
    la mer s'est fait faire
    un dentier de misère boisé
    crédit photo : sebarjosa mine patibulaire
    de celles que l'on connaît
    aux marins flibustiers
    et à quelques corsaires
    étale un long sourire niais
    sur la rive où promènent
    pénibles ou amènes
    silhouettes humaines
    les vacanciers

    On a donné quartier libre aux plus grands
    qu'on ne voit pas sur la plage pourtant
    quelques enfants allant et venant
    couvrent de sable blanc
    le corps informe de leurs parents

    Il est midi quelque part accroché
    au clocher de l'église
    qui lance dans la bise
    un timbre d'horloger

    Savonne-moi la bouche encore
    ou bientôt je parle de mort

    Immense frange à l'arc étrange
    que sont tes pauvres allumettes
    quand le vent souffle ses tempêtes
    levant la jupe du rivage
    sans se soucier davantage
    de la terre qu'il ronge et mange ;
    sèche ton pleur, passe l'ange

    Rigole !
    dans quelques jours, c'est la rentrée
    décolle !

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#43
    pour le thème hebdomadaire des Impromptus Littéraires

    d'après une photo de sebarjo.

  • Les NOMS COMMUNS en poLétique

    Les noms communs
    de l'abécédaire poLétique

    Par communs, le lecteur voudra bien noter le caractère ordinaire des termes poLétiques choisis ; le parti pris étant de les réhabiliter ici dans leur fonction poLétique intrinsèque, quand l’usage courant que l’on en fait s’emploie à nommer les choses en leur état de réalités triviales.

    • ABC
      aujourd'hui - bergeronnette - campagne
    • DEF
      dé - enfance - farce
    • GHI
      gant - heure - ici
    • JKL
      jumelle - kiosque - lune
    • MNO
      maison - nature - oiseau
    • PQR
      peau - quartier - robe
    • STU
      secret - tango - un
    • VW
      viande - wagon
    • XYZ
      xérès - yeux - zoo
    20lettres.jpg

    Avec, par ordre d’apparition providentielle :
    Monsieur Etienne (dit Stéphane) Mallarmé ; Monsieur Charles Dovalle ; Monsieur Louis-Ferdinand Destouches (dit Céline)  ; Monsieur Boris Vian (aussi dit Vernon Sullivan) ; Monsieur Jules Laforgue ; Mademoiselle Violette Leduc ; Monsieur Guillelmus Apollinaris Albertus de Kostrovitzky (dit Guillaume Apollinaire) ; Monsieur Charles Vildrac (aussi dit Robert Barade) ; Messieurs Pierre Dac et Francis Blanche ; Monsieur Maurice Barrès ; Monsieur Max Jacob (aussi dit Morven Le Gaëlique) ; Monsieur Antoine de Saint-Exupéry ; Mademoiselle Cleenewerck de Crayencour (dite Marguerite Yourcenar) ; Monsieur Jules Supervielle ; Monsieur Eugène Ionesco ; Messieurs André Breton & Philippe Soupault ; Monsieur Léo Malet ; Monsieur Claude Roy ; Monsieur Benjamin Péret ; Monsieur François de Malherbe ; Monsieur Jean-Paul Sartre ; Monsieur François Boyer ; Monsieur Robert Marinier ; Madame Marguerite de Valois (dite Reine Margot) ; Monsieur Paul (dit Tristan) Bernard.

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des substantifs peu ordinaires
    Des adjectifs épithètes
    Des verbes hauts
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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK