Aujourd’hui :
 Ayant rangé l’hier
  et son nid de poussières
  sous le tapis du souvenir
  ceci dit qu’il ignore son avenir
  et lui préfère un songe
 Quel trésor, cela dit
  des deux mains aujourd’hui
  que presser une éponge
  sur une gorge amie
; demeure le jour où l’on rencontre celui de sa vie.
 - Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui [Stéphane Mallarmé].
Bergeronnette :
 C’est l’oiseau méconnu des bavardes amours
  le serin s’évertue à voler au secours
  des amants que l’accent circonflexe
  perturbe à ce moment du texte
  où l’on saisit le mot qui va nous jouer des tours
 Le clavier le connaît pour sa facilité
  quand on y réfléchit, il pourra remplacer
  avec quelque avantage dans l’exécution
  et rehaussant l’hommage dans le trait d’union
  les doux mots d’âme, de rêve, continûment ou pâtisserie
Je l’emploie quant à moi pour lui dire « je t’aime » aussi.
; engin capable de vol stationnaire outre-rhin ; pâtresse femme à la moralité irréprochable.
 - Reprends tes jeux, bergeronnette, / Bergeronnette au vol léger [Charles Dovalle].
Campagne :
 Églises à genou sous les combles du ciel
  aussi, tristes vaisseaux échoués loin du port
  engoncés dans la boue d’un laborieux cheptel
  allant guidé par de moins vivants que leurs morts
  avec les yeux plissés comme on a la vue basse
  la paupière crayeuse et le regard vitreux
  s’en diffusent lampions enviés par la mélasse
  qui les chantent debout en se rongeant le ventre
  des sorts prescrits, des passions que l’on rentre
  avec le foin, le blé, ce bon pain de misère
  et des mercis bien gras pendus sous la charpente
  qu’on ira décrocher un de ces jours, prochain
  dans la joie d’en finir avec l’ennui de vivre
  (oui, c’est très alexandrin)
;
  La campagne était nue et je la titillais
  d’un pas léger, charnu ; l’herbe s’écarquillait
  les pétales, pistils et les tendres épis
 J’allais vers ma compagne allongée, assoupie
  le sein dru sous la brise et le cheveu sauvage
  je n’avais que l’envie de ne pas être sage
 Et tout dans ce regain m’aura donné raison
  quand nous aurons baisé follement la saison
  dans sa paume estivale
; sceptre matinal de l’heureux citoyen et croustillant écrin des fromages bien en chère ; terre nourricière abattue sous des coups belliqueux que l’on mène au son du tambour et du pipeau.
 - Moi d'abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j'ai jamais pu la sentir. ... Mais quand on y ajoute la guerre en plus, c'est à pas y tenir [Céline].

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tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
 


