Jumelle :
Sœur, jumelle à l’exact opposé de mon cœur
je te suis par tout ce que je ne sais pas être
je t’aime autour et dans l’étrange mot peut-être
il exprime entre nous le parfum d’un fol heur à naître
Sœur, au collier bordé de femelles sueurs
nœud coulant qui me prend et mène à sa potence
un empire aboli dans de brèves jouissances
tandis que ta sentence après elles demeure essence
Sœur, au fragile éclat vite gâché d’un pleur
le subtil agrégat de ce qui te compose
a pour ciment liant la nature des choses
négligée trop souvent pour ton profond malheur
Sœur, de brune et fertile et constante rondeur
que ne peuvent au ciel égaler ni la lune
pas plus que l’astre auquel on confie sa fortune
Sœur, jumelle ma sœur, près de toi plus de peur, aucune
Je t’attends, ma sœur, et le cerisier en fleur
égaille dans le vent brutal et saisonnier
le motif enrobant tes charmes printaniers
sans que j’y voie pourtant poindre ce qui ferait, ma sœur
oh ! mon bonheur entier
; les deux font la paire visionnaire ; enseigne plutôt blasée.
- Des jumelles !!! Combien ? - Une paire, avec la courroie et l'étui [Pierre Dac & Franbcis Blanche].
Kiosque :
Déserté par les vents et les cordes
il ouvre aux courants d’air ses arcades
et le petit gravier qui le borde
distribue le pas des promenades
C’est l’écrin d’une amour désuète
où chante des baisers tout l’éclat
bien que désormais foin de voilette
on s’y embrasse encore à tout vat
Des fantômes le peuplent la nuit
ils ont le goût des arts et des lettres
ils ont bu tout le jour et la pluie
révèle les contours de leur être
Entendrez-vous l’écho des fanfares
qui résonnaient au cœur des dimanches
quand les cris des enfants dans le square
froissent la robe des roses blanches ?
Je t’attends sur le banc vermoulu
dans la bouche un marron de Manosque
l’âme et l’œil vaguement résolus
tu m’as donné rencard sous le kiosque
; ancien comptoir des nouvelles du jour ; boîte à musiques de chambre aérée.
- Les roses dormaient sur les rosiers, près des roses, les rossignols, et dans les kiosques veillaient les sultanes [Maurice Barrès].
Lune :
Lune est l’autre moi à taire
Quand elle luit, parlez sans faire aucun mystère
et pas plus de quartiers que ceux qui sont à prendre
au miroir de sa face de cendre
Et qu’il se fasse nuit ou qu’elle se repose
dans un ciel aujourd’hui bleu, blanc, chose
elle suit du regard tout de nos appétences
vous pouvez tout lui dire
Aile dense
; signal érotique fort judicieusement placé derrière.
- La lune qui s’ouvre / qui se ferme et s’ouvre / tout un mois comme un parasol [Max Jacob].
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tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK