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littéraires - Page 4

  • noms communs (pqr)

    Peau :
      De la vue
        je la touche déjà
      De la main
        je la vois
      De la bouche
        je l’entends gémir
      Du nez
        je m’en inspire
      À l’oreille
        je sais comment finir
      Je l’emmanche
        et voici dans sa peau mon habit du dimanche
    ; enveloppe chagrine de la plupart des êtres animés contenant à peu près tout ce qui est nécessaire à leur état vital ; surface éloquente tannée, tendue, frappée jusqu’à ce qu’elle résonne et se fasse plus locace ; boursouflure lactée inégalement appréciée au petit-déjeuner.
    - Comme je voudrais avoir cette peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, cette nudité décente, sans poils, comme la leur [Eugène Ionesco].

    Quartier :
     D’un franc coup de ton cimeterre
     Centaure que je vénère
     taille-moi des portions d’univers

     En long, en large, en pré carré
     en boule, en pâte à modeler
     que je façonne à volonté
     les cours et les maisons nouvelles
     dont je vais redorer le ciel
     et pour la compagnie fidèle
     de mes désastres préférés
     Lune, Vénus et Cassiopée
     viendront y prendre leurs quartiers

     Là, nous goûterons des plaisirs
     que nul dieu n’a pu assouvir
     n’en ayant pas même eut idée
     n’en étant pas même substance
     allons y mener notre danse
     aux yeux de divins spectateurs
     à la bonne heure
    ; on n’en fait pas chez certains pirates redoutables ; la moitié d’une demi-portion de l'une (rousse) ou de l'autre (orange).
    - Le quartier Montparnasse a conservé sa physionomie paisible, avec ses artistes, ses philosophes qui extravaguent sous le chapeau de forme haute [André Breton & Philippe Soupault].

    Robe* :
     Les jeunes filles
     sont de petites filles
     dont l'âme sur la guenille
     manque de fil

     Les jeunes hommes
     sont de petits bonshommes
     dont le cœur est une pomme
     qui fait un somme

     Les garçons tisseront-ils
     l'étoile aux cœurs croisés
     sur la robe des filles énamourées ?

     Les filles sonneront-elles
     la charge du réveil
     à l'oreille des garçons en sommeil ?

     Rien n'est moins sûr
     c'est l'aventure qui commence
     sur les chemins de la jouvence
    ; accessoire de mode équestre à tout crin ; vêtement de toutes les légèretés.
    - Elle devait être belle, il le fallait. Avec sa pauvre petite robe, sa pauvre petite robe de pauvre, décorée de jolies tâches de sang [Léo Malet]. 

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (stu)

    Secret :
     Si ce n’est pas même un murmure,
     c’est encore à peine un clin d’œil
     et pour que le secret perdure
     il faut qu’une âme le recueille

     Et ce que veut le secret taire
     exige que l’on se ménage
     hors de la portée des commères
     l’intérieur à tous les étages

     Aussi bien ne demande pas
     à l’être aimé pourquoi il t’aime
     demande plutôt à ton chat
     de te réciter un poème
    ; bagage à maints tombeaux passibles de pesants silences ; recette de grand-mère et/ou de sorcier.
    - Le secret des secrets c’est que tous les chats parlent [Claude Roy].

    Tango :
     Pourtant si fière du mollet
     la danse pleure des épaules
     enfermant chacun dans son rôle
     fini, rouge, prédestiné

     Une tragédie noire et sûre
     enveloppe la compagnie
     qui va la mort sous les talons
     et du défi dans la cambrure

     Quand se relâche leur étreinte
     à la fin, on n’applaudit pas
     on crie, on défait son chignon
     et puis voilà
    ; un certain panaché rougeoyant dans la bière ; où l'on accorde et on danse.
    - Monsieur Petite Moustache relevée en croc avec l’oreille gauche fendue, dites-moi à quoi on reconnaît l’âge d’un cynocéphale dont la fesse droite est bleue et la gauche tango ? [Benjamin Péret].

    Un* :
     Par « Aimez-vous les uns les autres »
     (je ne sais plus qui a dit ça)
     je comprends bien que l’on se vautre
     à plus du trois sur mon sofa
    ; opposé à l’autre, ça fait déjà deux ; quantité première par laquelle tout se fige comme un rien.
    - Loin les vulgaires fortunes / Où ce n'est qu'un jouir et désirer : / Mon goût cherche l'empêchement / Quand j'aime sans peine j'aime lâchement. [François de Malherbe].

     

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • noms communs (vw)

    Viande :
     Donne-toi, je te mange : entrées, plats et desserts
     fromage crémant, viande, et je fais bonne chère

     Et je boirai encore un peu de ce vin doux
     qui me saisit la langue et me mets à genou

     Viens, que je te cuisine en sauce, en fricassée
     en long coulis de mûre et de fraise écrasées

     Oindre ton sein d’olive et ton ventre et ta fesse
     m’avive la salive et force mon ivresse

     Rissole, cassolette ! Mijote, bourguignon !
     Ah, j’ai la glotte en fête et chante à gros bouillon !

     Tu es pêche, abricot, mangue, kiwi, cerise
     tendres comme le veau que mon couteau incise

     Immédiate saveur ou récurrente épice
     émanant du filet, de l’aile ou de la cuisse

     Oh, c’est trop de bonheurs ! …non, ce n’est pas assez
     …attends-moi sur la table où je vais te lacer

     Nappe suave où tremble encore une girolle
     remettons-le couvert : tu pass’ à la cass’role !
    ; verbe conjugué à la troisième personne du présent de l’indicatif faisant la démonstration que l’erreur, quoique humaine, peut être grossière ; denrée consommable de préférence en sauce.
    - Tous les soirs. Tous les soirs je sens vivre contre ma peau cette viande chaude et goulue [Jean-Paul Sartre].

    Wagon :
    Tchou tchou sans plus d’entrain que nécessaire
    mon esprit voyage, prend l’air
    malin sachant bien pour me plaire
    n’aller pas plus loin que mon blaire

    Tchou tchou du long défilé des voitures
    rêve en gelée, déconfitures
    passant poissent aux commissures
    mon jugement vache et obscur

    Tchou tchou allez ! allez ! wagons, bagages
    tontons, tatas et enfants sages
    sardines à l’huile et fromages
    réciter vos tristes adages
    ; odieux et laborieux transports raillant des mauvaises mines pour leur train-train.
    - Pas contents les pieds écrasés. Ils préféraient la plage de Juan ou Cavalaire et cavalaient vers les quais et les wagons pour se déchausser, respirer à l’aise et empester les voisins [François Boyer].

     

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (xyz)

    Xérès :
     Or pâle et liquoreux où je bois mon reflet
     qu’as-tu fait de mes yeux ? Le monde n’y est plus
     sous le ciel vaporeux ni au coin de la rue
     et ses bruits se sont tus sans même dire adieu

     Ton sang trouble le mien avec application
     la paume où je te tiens s’arrime à ta fraîcheur
     quand un souffle survient d’obscures profondeurs
     annoncer les ardeurs dont je connais la fin

     Mais où sont donc passées les mignonnes du soir
     qui montent l’escalier une main sur la fesse
     posent sur le palier le pichet de xérès
     et singent mieux l’ivresse avant d’être payées ?

     Tant qu’à rester ainsi, invitons la Camarde
     et jouons la partie où nous l’avons laissée…
     Allons, mes bons amis, c’est à qui de couper ?
     L’arbitre s’est couché ; qui donc fera le pli ?
    ; vin blanc qu’il vaut mieux prononcer avant qu’après.
    - Vous savez que la dernière gouvernante a été renvoyée parce que dans sa chambre, on a trouvé une bouteille de sherry à moitié pleine, dans une statue en plastique vide de la Ste-Vierge écrasant le serpent [Robert Marinier].

    Yeux :
     Gouttes de part et d’autre irriguées par le sang
     qu’une vision du monde a poussé au dehors
     mes yeux vous avez mal de m’être tant l’effort
     que l’entrain à chercher de quoi me réjouir
     quand point à l’horizon le détail élégant
     d’une main qui m’appelle à border l’océan
     juste avant de partir et d’aller au-devant
     d’elle,
     que l’aube me révèle
     irisée de plaisirs charnels
     tandis que les dieux fous
     consument leur courroux
     sous le grand dais jaloux du ciel

     Je prolonge mon pas quelque temps sur la rive
     le regard arrimé à mon phare lointain
     et puis, n’y tenant plus je lance ma dérive
     sur les croupes cabrées des chevaux dans la main
     qui les tient reliés aux grands bras de Neptune
     un reflet de la lune indiquant au destin
     la route qu’il faut suivre et qui mène au festin
     qu’elle
     dresse sous la tonnelle
     où je goûterai l’hydromel
     qui lui goutte du sein

     Je te vois ma sirène et viens
     car le chant qui m’appelle est tien
     si doux dans le marin
    ; regards noueux, intrigants et fantasques que l’on connaît aux plafonds lambrissés.
    - Clair soleil de mes yeux, si je n'ai ta lumière, / Une aveugle nuée ennuitte ma paupière, / Une pluie de pleurs découle de mes yeux. [Reine Margot].

    Zoo :
     Allez zou, les zozos
     Tous au zoo !
     Tous au zoo !
     Délivrons les animaux et mettons-les sous les arbres
     Brisons là tous les palabres avec les gardiens de zoo
     Disons zut à ces zéros
     Tous au zoo !
     Tous au zoo !

    ; oiseux raccourci qui se réserve le droit de singer la nature en en faisant toutefois fort peu de cas.
    - Adam et Eve se promenaient dans un jardin zoologique qui avait reçu le nom d'Eden, probablement pour attirer du monde [Tristan Bernard].

     

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • comme est dit

    rideau

    A main gauche, l'histoire un livre ouvert
    du soleil plein le dos à même la peau
    sous un flot de lanières
    rivières lancées au galop
    entrelacées sur l'échevaut de chair

    A main droite, la faible lumière
    d'un loupiot

    Et au milieu, la mer
    rideau

    J'applaudis des yeux des lèvres des oreilles
    ce moment précieux, cet éveil
    une pièce de choix : allégresse, éloquence
    une perle de foi tendue dans le silence
    jusqu'au bout de la langue
    soupirs, murmures et ce peu de harangue
    à prendre tout de go

    J'approche les comédiens
    pour les connaître bien
    ils passent près de moi

    J'ai le talon haut du jabot
    la hanche blanche et généreuse
    J'ai le nez fin, le verbe haut
    et ses humeurs batailleuses
    J'ai le regard perdu d'avance
    à voir des anges, obstinément
    J'ai dans le geste une élégance
    et son naturel charmant

    Passée la porte des artistes, après le corridor
    un carré lumineux scintille auprès du monde mort
    alors, on se serre, on se presse
    on fait corps dans l'indifférence
    avec dans le regard inscrit en lettres d'or
    la chance

    Voici en pied la dithyrambe
    aux armes trempées de sueurs
    déclamée par-dessus la jambe
    avec bonheur

    Voici la fête des voix claires
    et des sourires résolus
    à jouer l'été en plein hiver
    sur l'avenue

    Voici le comptoir familier
    et des tournées la valse ronde ;
    l'heure est venue de célébrer
    le plus beau des métiers du monde.

     

    tsi hi

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#45
    pour le thème hebdomadaire des Impromptus Littéraires