Autrui :
 Aux truies ?
  Ah, mon cochon qui ne veut tant d’efforts
  que d’extraire un genou par-dessous la jambée
  qui n’aura pu tanguer plus avant vers le port
  et compte son écot pour une autre lampée
  sur la verge ruinée qui lui pend sous le pli
 Il n’est question d’amour ni même de transports
  mais d’aller secouer un peu de sa rosette
  contre un visage peint aux couleurs de la mort
  odieux truchement qui loge au fond des têtes
  un mol élan de l’âme à se garder d’autrui
 Dimanche, c’est demain… cochon qui s’en dédit !
  rempaillé par les tiens et leurs civilités
  tu iras psalmodier, comble d’hypocrisie
  les commandes d’un ciel où tout est décidé
  par l’amour du prochain qui te sauve la vie
 Aux truies ! Aux truies ! c’est l’heure, il faut payer encore
  et le prix du bonheur et celui du passage ;
  cochon qui s’enlaidit au long des corridors
  parvenu à l’issue où le fond se partage
 ; si ce n’est toi, c’est l’autre : ton frère.
 - L’absence d’autrui, c’est quand on se cogne, et que nous est révélée la vitesse stupéfiante de nos gestes [Gilles Deleuze].
Baiser* :
 aussi
 dans le suspens de ce baiser, déjà tes lèvres ourlées en embuscade sous les cheveux complices déjà tes mains, fraîcheur qui m'épouse les joues déjà tes diamants sombres dans les miens déjà fous
  et puis
 dans l'affleurement de ce baiser, déjà vibre ma lippe emprisonnée par deux tendres et juteuses délices déjà mes doigts qui t'apprivoisent le  cou déjà mon souffle dans ton souffle tient, déjà nous
  alors
 dans l'affolement de ce baiser, déjà nos bouches d'appétence en douce se régissent déjà nos mains qui se cherchent des envols déjà nos vertiges caracolent déjà tout
 ; archétype manichéen du tout ou rien (il est délicieux ou dégueulasse, du bout des lèvres ou pleine bouche, il est bonjour, adieu, menace, consolation, long, lent, court…) toujours.
 - La terre est bleue comme une orange / Jamais une erreur les mots ne mentent pas / Ils ne vous donnent plus à chanter / Au tour des baisers de s’entendre [Paul Eluard].
Ciel* :
 Discobole ! Discobole !
  un genou sur le Tourniquet
  défiant Éole et ses nuées
  dans le suspens de ton élan
  tous les envols du temps prescient :
 Plein ouest, rien d’autre que le soir
  révolution, ce vain espoir
  de pouvoir embrasser jamais
  l’aube de la fertilité ;
  
  L’Étoile du Berger patiente
  fendant l’oubli, sa voie lactante
  un cheveu blanc sur le front plat
  d’un cosmos, Chaos et substrats ;
  
  Orient, extrême évanescence
  luit d’opportune renaissance
  quand l’ombre cernée de lumière
  s’amenuise enfin sur la terre ;
 A des profondeurs abyssales
  la vie et sa chaleur australe
  gourmandement remet au four
  galette, la rondeur des jours
 Discobole ! Discobole !
  tourbillon dans le Tourniquet
  spirale folle en déroulé
  goutte de miel au cœur de l’œuf
  relance au ciel un disque neuf.
 ; couvre-lit cosmique auquel n’accède pas qui veut, du reste il en faut bon nombre rien que pour les voir en peinture sans risquer d’en affecter la nature.
 - Mon ciel à moi ! [Sainte Thérèse de Lisieux].
* poLèmes précédemment parus sur pavupapri
 
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tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
 
