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littéraires - Page 6

  • pas pagaille

    pagaille

    petite clé d'or, fais ton office
    ouvre ce jardin de délices
    sur son juteux feu d'artifices

    négoutu !
    niabontesque, même
    nétou régalatoire, dis
    'core un niam
    dans la chair fresque
    et bonsoir, ma folie

    petite clé d'or, fais-moi plaisir
    que la galerie des soupirs
    s'ouvre enfin grand comme un sourire

    mérous, merlans
    que vous avez de grands dedans !
    sans médire, si votre palace
    se rapporte à cette rascasse
    vous êtes bien lotis, ça oui !

    petite clé d'or, fais ce que dois
    ce coffre à secrets, ouvre-le moi
    que s'en échappent d'autres voix

    loin de ces peureux séjours
    le temps fuit dans la cour
    nique l'os au canal vénitien
    et commande un bon peu de vin

    petite clé d'or, fais ton ouvrage
    et rapporte-moi des adages
    la promesse de doux présages

    qui s'y flotte sismique
    vole un neuf de trèfle ;
    mais contre un affre de coeur ?
    des nèfles!

    petite clé d'or, fais ton travail
    laisse débouler en pagaille
    des polésies tout l'attirail

    cet éventail en brins de paille
    dont je pare le gouvernail
    de mon Papagei.

    Eventail de Mlle Mallarmé 
    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK / tiki#28
     paru sur le site des Impromptus Littéraires,
    où je vous recommande aussi la lecture des textes de...
  • Pat!

    Ferdinand Hodler

    Thiepat, un patelin paumé, plus paumé que nulle part, avec la campagne autour, brumeuse.
    La campagne autour d'une ferme, serrant ses bosquets contre un lopin de terre en friche. Dans la ferme, une poignée de personnes autour d'une partie d'échecs. Autour du plateau, deux fronts : l'un moite et dégarni, l'autre couvert d'une broussaille rousse émergeant de la fumée dense d'une bouffarde. Autour de tout ce monde, l'ambiance tendue vers un dénouement très attendu.

    Les rares pièces à jouer témoignent de l'issue prochaine, imminente même, à en croire le regard paisible du rouquin et le trouble de son adversaire.
    - Je n'en puis plus, soupire la maîtresse de maison. Je vais faire du thé.
    Sans quitter son jeu des yeux, le rouquin dit d'un ton à la fois calme et ferme :
    - C'est tout à fait hors de question, Mrs Plee... Je dirais même : fort peu recommandé. Deux morts sous ce toit, dont l'un pas plus tard qu'hier au soir... à votre place, je me contenterais plutôt d'un Brandy. Qu'en dîtes-vous Bishop ?
    Le front moite s'épongea un peu avant d'acquiescer :
    - Au point où j'en suis, je crois même que cela s'impose. Voulez-vous être assez aimable pour nous servir, Mary ?
    L'employée de maison s'exécuta sans mot dire. Et fit bientôt la tournée des convives. Personne ne lui opposa de refus, pas même Mrs Plee.
    Le colonel Chandler, n'y tenant plus, eut toutes les peines du monde à conserver un semblant de flegme quand il s'enquit de la situation en ces termes mesurés :
    - Tout de même Cole, vous allez finir par nous dire où vous voulez en venir, n'est-ce pas ?
    Le rouquin, avançant son pion, annonça :
    - Échec... certes, Colonel, certes. Mais ne vous ai-je pas dit que de l'issue de cette partie dépendrait la résolution de notre sombre affaire ?

    - Ecoutez, Cole! fulmina le grand échalas accoudé au manteau de la cheminée, cessez donc ces enfantillages et venez-en au fait.
    - Tout au contraire, mon cher docteur. En l'occurrence, ce sont les faits qui doivent venir à nous.
    - Vous ne voulez pas dire ... ? s'inquiéta John, le métayer aux yeux charmeurs.
    Cole s'adossa, tira une bouffée, la libéra à la commissure de ses lèvres en disant avec quelque ironie:
    - Qu'un autre meurtre sera commis ? Non, j'ai tout fait pour le prévenir. Que l'assassin est dans cette pièce ? Oui, c'était bien le moins que l'on puisse attendre de ce personnage. Qu'il y en a encore pour longtemps ? Non, et c'est à vous de jouer, Bishop.

    Mais Bishop ne jouait plus.
    Il regardait fixement par-dessus l'épaule de Cole, la main suspendue au-dessus de son roi blanc. Il parvint cependant à dire ce seul mot :
    - Pat!
    - Ce serait une sortie honorable, en effet, commenta Cole, mais il vous faudrait jouer d'abord.
    - Non, là : Pat! s'écria Bishop dans un souffle interloqué.
    Sur le seuil du salon, le mort de la veille venait de faire son apparition, des chaussures de belle facture à la main :
    - Vous aviez raison, Cole, dit-il. La poussière était rouge.

     

    rouge, rien ne bouge

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    tiki#24 - paru chez les Impromptus Littéraires sur le thème du "polar",
    où je vous recommande aussi la lecture des textes de

    Poupoune

    Saraline, Minimifa, Mapie, Toncrate

  • l'enfer du miroir

    hublot ?I

    tiens-le bien droit que je regarde, voir...

    je regarde, hein... mais je ne vois rien
    ça doit être ça l'enfer, tiens.

    II

    Je te préfèrais, onde lisse
    à peine troublée par le vent,
    que vitrine où soudain s'immisce
    l'ombre furtive d'un passant.

    Comme j'aimais le précipice
    où tu m'accueillais chaque fois.
    Ah, le doux temps des interstices
    dans mon calendrier de roi !

    Vois maintenant, comme je glisse
    confondu par ton oeil sévère ;
    il fallait que cela finisse
    voici mon âme, Lucifer. 

    miroir ?III

    " - Diable! Diable!
    Que ce reflet est donc flatteur.
    Il me fait la taille admirable
    et le teint de fort belle humeur."

    Ainsi, devant ses connetables
    qui n'osaient pas le contredire
    finit, cul nu, son tour de table
    le souverain d'un vieil empire.

    IV

    Qui des deux voit l'un et l'autre que voit-il ?

    V

    miroir, miroir, quitte ce territoire !

    ...rimoir, mon beau rimoir
    revient à l'écritoire
    que de la Chambre Noire
    jaillissent, pages blanches
    ces reflets de pensée délurée qui m'épanche

    VI

    réflections

    si le ferry coule, lucifer n'est pas loin
    regarde bien...

     

    ma pomm-meu, c'est mwaAa
    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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    à lire aussi, chez Les Impromptus Littéraires :
  • métamorphosis

    tamorphoseS

    mouh, ché bien cha, mon lapin

    I
    noir

    oui ?
    ouiiih
    hh hhh
    smouic slouic slioup
    haaan

    gloub bloub
    blig lioub moub

    mgnnnh
    gnaaah
    euaah euaaah

    aheu aheu
    abbaab bab bappf
    dnn deunn nann
    nan

    toi, peut-être

    II
    blanc

    voluptueusement
    mêlant le sang de nos chairs
    fertilisons l’aube

    III
    rouge

    je serai pour toi
    cet arbre, mouvance
    tu seras l’automne
    et sa flamboyance

    je ferai ce mur
    dont tu seras brique
    riant des murmures
    tectoniques

    je me lèverai
    avec le ponant
    et tu m’attendrais
    dans ce firmament

    IV
    vert

    petit brin
    dans ma main
    faut-il que tu pousses ?

    caillou sur le chemin
    tu n’amasses pas mousse

    petit brin mâchouillé
    je t’ai dégusté
    dans mon bol de lait

    caillou plat, pierre ronde
    ricochet, rigodonde

    V
    bleu

    tant que je n’ouvre pas les yeux
    la vie demeure
    se déclinant du noir au bleu
    simples bonheurs

    tant que je n’ouvre pas la bouche
    le temps s’oublie
    restons, mon amie, sur la couche
    goûtant
    vraiment
    l’instant
    ici

    VI
    violet

    - mon chéri…
    - mmm ?
    - métamorphose avant de sortir.

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    adami-valerio-metamorphose.jpg

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     tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#18

  • tango-panaché

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    à mes potos qui se reconnaîtront...

    TANGO PANACHE

    La brume avait déserté le quai avec les entrées maritimes, mais pas nos esprits vaporisés au houblon, au malt à whiskey et à cette petite mirabelle de derrière les fagots que Pat' La Patron nous servait à rideau tiré. Bien malin qui de nous eût été en mesure de dire avec certitude de qui nous fétions l'anniversaire depuis la veille au soir. Même s'il s'était agi de l'un d'entre nous, je pense qu'aucun n'était plus en capacité de donner sa date de naissance avec exactitude ; mais cela n'avait plus d'importance, à cette heure à peine matutinale, les contrôles de police ronflaient dans les guérites - et le rideau avait été tiré depuis belle lurette. Pat' La Patron tenait à sa licence et nous n'étions pas friands de contredanses. Une franche connivence, un rien pirate, solidarifiait donc nos joyeuses déliquescences. Le tout sous l'oeil pas moins vaseux que le canal proche, de La Patron.

    Un client plus vieux d'un an avait payé une ou deux tournées de trop et nous avions fait le grand écart en levés de coude : six heures du soir, six heures du mat'.

    Michou La Barrique, fort gaillard dont la stature préventive avait évité bien des déconvenues à notre petite troupe noctambule, Le Michou regardait ses pieds en marmonnant un gargouillis d'où perçaient dans les aigus les accents d'un rire obstiné. Fred, grande gigue au poil roux, s'en aperçut le premier et nous le fit remarquer. Nous nous étions tous mis à glousser, qui dans son verre, qui dans ses doigts, mais Michou demeurait imperturbable. Ce fut Pat' La Patron qui l'entreprit :
    " - WoOp, Michou! Où tu vas où, avec tes pieds comme çaps ?"

    Elle frappait fort du talon, la mirabelle de La Patron. C'est pas pour rien qu'on l'appelait "la claquette". Outre qu'elle vous en fichait une bonne, si vous la descendiez cul-sec, vous étiez instantanément pris du tic de l'hidalgo. Fred "Redhead", interne de médecine de son (autre) état, nous expliqua une fois le pourquoi du comment de ce réflexe qui agissait comme une pompe de secours pour le coeur : partant d'une contraction du mollet, le martelement du talon sur le sol provoquait une vibration compensatrice des effets du tord-boyaux sur la dilatation des vaisseaux (sic).

    La Barrique cambra son blase un poil trop haut, si bien qu'on ne voyait plus, en place de ses yeux, que ses narines.
    " - Mes banards ont la mougeotte, bredouilla-t-il. Si on allait 'oir ouskon pourrait se dégouhir les pattes, mm ?"

    Un bref silence dubitatif suivit cette courageuse tentative de nous arracher à nous tabourets de zinc. Comme toujours dans ces cas-là, c'est Le Fox qui trouvait une échappatoire, médiane ou oblique, selon.
    " - Mais en voilà une idée qu'elle est bonne, hein Pat' ? Si on faisait un peu tourner ton joute-bok, dis voir."

    Pat' La Patron ne se fit pas prier, sa caisse attendrait. Pat' n'était pas peu fière de son antiquité bichonnée dans sa famille depuis les années cinquante. Une passion héritée de son  beau gosse de père, danseur hors-pair dont le film favori était "On achève bien les chevaux" ; pour dire. On l'avait enseveli selon ses voeux  avec la B.O. en fond sonore et, après avoir jeté une poignée de terre et un DVD sur le cercueil modeste, le cortège avait dû exécuter quelques pas de deux, une fois la tombe recouverte.
       Une danse qu'on ne refuse pas, celle-là.
      Avec ça, depuis qu'elle avait découvert ce merveilleux produit qui vous ressucite un vinyle en deux coups de chiffons, les vieux standards de La Patron s'en trouvaient tout ragaillardis. Pat' ne ratait jamais une occasion de se payer un petit Rock'n'Roll ou deux. Lolo, sa compagne et elle, se lançaient parfois dans des figures de rock acrobatique qui laissaient tout le monde sur le cul.
      Une volée de jetons et quelques programmations hasardeuses plus tard, ça tonitruait sérieux dans les esgourdes.

    La Barrique voulu sans doute amorcer une figure de style, genre tango panaché... mais question panache, son salto arrière s'acheva aussi prématurément que fort heureusement dans une des banquettes molletonnées. L'instigateur de tout ce raffut était forfait dès l'intro du second titre. mwof! Ben  La Goule, sorti de sa morgue trompeuse, partit dans une imitation des commentaires de Nelson Montfort et Philippe Candeloro, tandis que le bal se mit en branle.

    La Patron aimait bien danser avec moi. Etant gaucher et plutôt gringalet, cela lui facilitait la tâche pour conduire et placer un de ses portés inénarrables. J'éprouvais chaque fois la même émotion grisante de ne plus savoir qui que quoi dont est-ce et d'en être tout à fait heureux. Il y avait aussi cette spirale folle qu'elle me faisait faire autour de ses hanches, sous sa poitrine ; ça aurait pu durer des heures, pour moi, j'étais aussi confiant qu'un nourrison. Et puis, il fallait bien toucher à nouveau le plancher des mouettes.

    Comme souvent, avec ce qu'elle avait dépensé d'énergie, La Pat' s'écroulait dans un coin de son bar. On connaissait le protocole. Un étrange ballet s'organisait alors, chacun assumant sa partie. Dans une chorégraphie à la Bob Fosse (le juke-box tournait toujours), les volets étaient vérifiés, la caisse planquée, le ventilateur coupé, une fenêtre ouverte, La Pat' couverte, le coup de chiffon donné sur les tables (on ne touchait pas au zinc, woulla!), la chasse-d'eau tirée... puis nous sortions par une porte dérobée, troupe de rats sur les pointes.

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    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#17.