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°amours filiales° - Page 9

  • complainte de l'apacheraie sus-citée

    Pour cette cinq cent cinquantième note, un hommage à ce type tant plein de sa gouaille juteuse qu'il en a gâché ses poumons avec le sang misérable des miséreux pour finir par mourir emporté dans un crachat de trop à l'âge de vingt-sept ans ; à toi, Jules ! à tes dimanches, jamais autres, toujours pluriels et plus vieux que l'un dit ; à tes Pierrots les plus falots et leur lot de vierges flétries ; à ces aubes, ces firmaments, ces couchants, mots devant tous les tiens interdits ; à ta barbarie, ses grand's orgues ; à toi, l'impétueux Jules Laforgue.

    bal à la Courtille, 1910
    - t'y bigleuk'dalle ? clikz'y voir -
    quoi disé-je, ah ouiche...

    Complainte du repentir matinal des malotrus lunaires
    (aux Pierrots julaires)

     

    Des courages nocturnes, généreux
    se révélant matin lâches, peureux
    je connais la figure grimaçante
    de l'âme qui s'avère décevante
    et vous pourrit le jour, la vie, son rêve
    et pleure que trêve lui vienne de l'amour

    Des serments à la lune, tout sourire
    seront tôt les crachats pour se maudire
    et feront déraper cette assurance
    qui nous aura menés jusqu'à la danse
    où nous avons aimés nous étourdir
    ignorant l'avenir qui va nous rattraper

    Oh, les ahs et les ihs et les tirladadas
    les défilés de nuit de nos petits soldats
    quelle mare aux canards que cette mélodie
    quand au petit matin nous désertons le lit
    des conquètes sans gloire

    Et reviennent au soir des réverbères
    les douches illusoires, éphémères
    où nous iront laver de nos pieds sales
    la boue séchée des larmes matinales
    pour faire un nouveau tour de passe-passe
    arborant belle face et verbe sans détour

    Voilà, c'est reparti la folle ivresse
    des soupirs alanguis et ras la fesse
    l'empreinte des baisers le long des murs
    et la cuisse levée dans les voitures
    le dernier verre pris aux bonnes grâces
    le dernier carré d'as qui fait le dernier pli

    Mais les hues et les dias et les turlututus
    retourneront bientôt sous les chapeaux pointus
    car l'aube ne connaît pas d'autre magicien
    tounoar tounoarque celui qui réveille et le coq et le chien
    pour notre désespoir

    Et merde, il fait tout noir !

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    T'as raison : t'as tord !T'as raison, Totor
    'fait trop noir dans c'décor
    remets-y voir une couche, voir
    comment tu mouches...

    Après l'hommage, l'héritage
    (c'qui f'ra deux notes pour le prix d'une, dis... ces largesses !...)

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    Y A PAS L'CONTE, VIEUX !

     

    Cinq sens pour une vie
    - m'en lerrai pas compter
    on s'est foutu de nous
    au vrai

    C'est bien trop le matin
    déjà peu le midi
    et ça ne suffit plus du tout
    à la nuit

    Sept ou huit m'iraient bien
    pour faire part égale
    (au moins bonne  mesure)
    disons sept et voilà
    ce qui n'en fait plus qu'un
    à mettre sur l'ouvrage

    Six jours pour tout ce monde
    et un pour s'en remettre
    j'en demande pas moins
    pour l'être

    L'ouïe, c'est vu
    l'odorat, ça, c'est fait
    la vue, bien entendu
    le toucher, s'il vous plaît (ou elle)
    le goût se sent des choses bonnes et belles
    Le songe, c'est l'idée
    (dessus, on est assis)
    l'en manque un pour le compte,
    j'vous dis !

    L'ennui avec ce ciel saturé de commandes
    c'est adresser la demande.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    ...dit Mensch
    La femme ?
    - J'en sors
    La mort
    dans l'âme...
    (Jules Laforgue)
    "Avant-dernier mot", Des Fleurs de bonne volonté
    édition posthume, 1890.
  • natures fortes

    Deux tableaux se font face
    l'un grisonnant, l'autre vivace ;
    ce qui se passe entre eux
    - je l'observe, ne saute pas aux yeux
    et comme ils parlent peu
    il me faut deviner leur dialogue discret

    Le naturel de l'un semble incommoder l'autre
    dont le sourcil arqué, torse, froissé, se vautre
    sous la paroi exsangue du front inquiet
    grogne, rogne à la base du nez la trogne
    d'un coup de griffe de jais

    appelons-le Visage
    (malgré son teint de pitre)

    Une France de rois pourrait mener sa courre
    par les allées du bois que celui-là présente
    à travers les frimas une frondaison lente
    révoque le regain de plus franches amours
    dans l'or timide et pâle d'une aube naissante

    nommons-le Paysage
    (d'ailleurs, c'est dans le titre)

    Comme tout les oppose
    je ne sais pas trancher où va ma préférence
    à cette austère pose ? à ces luminescences ?
    je n'ose... je balance...

    Tu m'es plaisant, Visage, avec ta mine sombre
    il y a du ridicule à ta colère noire,
    tandis que ta tristesse nourrit quelque espoir
    forêt de Paysage où s'effacent les ombres

    Je ne veux pas choisir, laisse ouverte la porte
    et mon âme bondir dans ces natures fortes.

     

    allee-foret-241205.jpg

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    (à paraître dans l'abécédaire poLétique)

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ...quoi d'autre dans le chili tunisien ?

    Nasreddine_El_Assaly1.jpg

    murs austères et songeurs, à l'enfilade
    réfléchissant la chaleur par les calades
    où le pavé poussiéreux mollit un peu
    mais ce n'est qu'un lumineux trouble des yeux

    c'est l'heure où fille et mère d'oranges
    passent au rouge dans l'ombre étrange
    qui se gardait sous l'arcade fraîche
    de seulement leur frôler la mèche

    père et frères sont au souc à leur étal
    pratiquant un franc marché sentimental
    enrobé de thé bouillant le doux halwa
    retient le parfum des doigts de Fatima

    souffle vers la rive tunisienne
    un chili a rosi les persiennes
    et dans la cité de Jaouhara
    s'est invité le vieux Sahara.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -#525
    inspiré par un tableau de Nasreddine El Assaly, peintre.

  • ode allant, s'être

    OLDHANDS.JPG

    au sein les bras noués abritent des racines
    dont pourrait bien jaillir à nouveau tout le monde
    un savant élixir, force de vie féconde
    anime sous la peau un regain de résine

    la saison l'a compris et qu'il pleuve et qu'il vente
    et qu'un été surgisse au plus fort de l'orage
    la neige au vif argent déserte ce visage
    en deçà du regard un front armé patiente

    la rocaille se tait depuis des millénaires
    sa voix lui a ravi ce fonds de roulements
    qui ne se connaît plus qu'au bord des océans
    sous le flot des torrents, la rive des rivières

    un drôle d'oiseau jappe après ceux qui pépient
    attrape au vol un trouble de nuée
    étire doucement la couverture à lui
    l'ancêtre qui le voit, le laisse haler...

    ils se sont bien connus tous deux, en adversaires
    n'attendant que l'issue d'une joute évidente
    qui bravant les sommets, qui au bas de la pente
    respectueusement se sont regardé faire

    et c'est les bras croisés, menton sur la poitrine
    dans son fauteuil en bois usé aux accoudoirs
    que l'ancêtre a manqué de la cloche du soir
    le tintement léger montant de la cuisine.

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • vinum veritas animae

    Ta vie, petit vin de pays
    m'emporte mieux les songes que ces carnavals
    pagan poetry!ces ridicules abattis
    au modelé d'éponges caricaturales

    Ta fleur, aérienne torpeur
    où je puise à la source mon rêve abyssal
    effleure une idée de bonheur
    et prolonge ma course d'euphories astrales

    Ton corps a ces reflets de l'or
    qui fragmente les ondes sur la mer étale
    j'y dore un songe, météore
    embrassant des eaux blondes, septentrionales

    Ta chair appelle de la terre
    la puissance féconde et les orgues vitales
    dans l'air marin qui réverbère
    les rayons de ta ronde, lune ornementale

    Pour encore un bouquet de toi
    je veux lever mon verre au vent qui me rapporte
    hay-dee-ho!alourdi de muscat
    un murmure, ton chant

    Va, plus jamais je n'aurai froid
    quand ayant bu mon vers, tu liras de la sorte
    en termes délicats
    je suis donc ce vin blanc ?

     

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK