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°amours filiales° - Page 5

  • dimanche dernier

    "C'est dimanche aujourd'hui. L'air est couleur du miel..."
    murmure un mien ami élégamment fidèle
    au coude un parapluie
    et quelque nostalgie feutrée sous la semelle

    Il est des amitiés que ne peuvent défaire
    la mort ni le mystère, et traversent la vie
    Un siècle s'est enfui sans nous perdre jamais
    - cette longévité, c'est mieux qu'un paradis;
    nos pas sur la chaussée de la ville engourdie
    s'y font la même fête
    ont le même couplet en tête

    Hier a son gilet boutonné à la diable
    et moque un aujourd'hui à l'aube éparpillée
    (à tout le moins, peu faite pour aller au temple);
    devant nous deux amants se soutiennent et tremblent
    les attend une couche où mieux se réchauffer
    dans l'une de ces tours dressées
    orgueil et vanité sous le ciel admirable

    Mais voici Boucicaut, je pose une question
    (puisque je dois bientôt tourner à Convention) :
    “ As-tu quelques nouvelles de ton éléphant
    celui qui a surgi naguère en plein Paris ? ”
    Désolé de répondre par la négative
    “ On l'a mis dans un livre ; il n'en est plus sorti ”
    soupire mon ami en se frottant les gants

    Nous nous saluons vite (il fait bien froid quand même !)
    mais notre prompt salut vaut pour d'autres "je t'aime"...
    Puis, sans te réveiller, je vais à mon pupitre
    griffonner quelques mots comme on finit son litre :

    Il en a trente-trois,
    j'en eus quarante-quatre...

    Jeunesse, vieillesse,
    et puis le droit d'aînesse,
    quelles absurdités !

    De bronze, de plâtre
    le temps reste mal fait
    pour nos fraternités

    Chaque mot d'amitié
    - mieux que geste d'amour ?
    une bûche dans l'âtre

    au feu qui tient toujours
    vivace
    pour vraie
    la parole donnée

    magr_golconde1.jpg
    impromptu littéraire - tiki #67
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • fémininale

    Une lumière au bout des yeux
    à pleines mains
    la mère
      avec la mer au sein
    la femme
      avec le rire large
    iris7ha6.JPGla fille
      avec son nom inscrit
      en rouge
      dans la marge

    continuité d'un genre
      ouvert comme l'iris
    où l'homme va d'où vient le fils

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • veni vidi vigny

    La lune en son mirage et prise de rougeurs
    enluminait la page écornée du levant
    simulacre de nacre au bord de l'océan

    népotique faveur accordée aux planètes
    un quartier lui manquait au profit d'Uranus
    atterré des ébats de la folle Vénus
    géant vide et meurtri jusque dans son intime
    entrelaçant des eaux les frontières sublimes
    sachant que le Chaos serait sa seule fête

    ceinturée de lueurs la lune s'émouvait
    oublieuse avanie d'une aube frêle et pâle
    usurpant des torrents un carmin de némale
    rivale sans pudeur du charme des forêts
    aux rousses canopées que le matin redore
    insigne défilé de mages canéphores
    emportant sous le vent son hommage sylvestre
    nimber du plus bel or la grand voile de mestre
    tendue sous l'horizon pour en sceller le sort

    soudain, comme un coup de semonce
    un vent
    renonce

    les nuées se tricotent
    au cou de la lune fricotent

    l'entoure
    une écharpe rouge et velours
    nébuleuse
    et couronne à rebours

    elliptique arythmie cardinale
    numérale gonophore
    fantasmagorrhe des lactoses
    luminifères
    allégophage galactophore
    mégalomane cupilifère
    métempsycose
    élucidante ravigorante
    embrasant toute l'atmosphère aimante

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un IMPROMPTU LITTERAIRE [#65]
    (basé sur un vers d'Alfred de Vigny, si, si)

    180PX-~1.JPG

    De Vigny croqué par Mérimée

  • vers, pâtures, âges

    Et, d'aussi loin que souhaitable
    me rengaine un soupir
    les mains bien à plat sur la table
    je m'entends dire

    1379419356.JPGEnfant, ce terrain gras souillait
    tout sens dessus dessous - crottés
    souliers, pantalons, manches !
    les habits guindés du dimanche

    Bonne Mère ! Tout ce vert !
    Qué faire ! ...comment le ravoir ?
    peste peste et bave au lavoir
    gorge, battoir et vaste hanche
    Fantine à sa lessive blanche

    A bout de sente, fatigue
    la prairie se fait garrigue

    Garrigue, garrigou, garriguette
    Chênes verts, genêts et bluettes
    Jeunesse en génèse, amours fous
    Garrigue, garriguette, garrigou

    Fatchede, la mignonne
    au cheveu court garçonne
    un giron doux

    A bout de souffle, castagne
    la combe se fait montagne

    Verts pâturages dominant
    la vallée verte et rouge et or
    qu'embrasse un fleuve à bras le corps
    en lui promettant l'océan

    Foutaises !
    ironise un soleil de braise
    enrubanné dans le ponant

    A bout de rêve, un ciel
    où frétille un battement d'ailes

    En exil dans les Mascareignes
    où j'aime autant que mon coeur saigne
    L'oracle et l'Oiseau Vert se gardent
    de connaître qui les regardent

    La nuit qui vient m'est grand ouverte
    Lève donc ton verre à ma perte

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi
    [#88]

    val_pix0.jpg

    illustré d'après une photographie de Val Tilu

  • réflection faite

    Les mains lavées
    l'esprit défait de ses liens désastreux
    l'ombre sous l'oreiller
    réconciliée d'avec le monde
    au plus fort d'une nuit féconde
    fermer les yeux, respirer, voir
    nue, à son écritoire
    la paume logée sur la hanche
    d'entre les beautés qui s'épanchent
    par la veine de son regard
    la beauté, seule, noble, meuble
    et dans son noir écrin
    à l'œuvre 

    1870226823.JPG
    © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK