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°amours filiales° - Page 7

  • memorandum

    Souvent stances
    des remembrances
    nous disent l’avent de l’apprêt ;
    on y a vu des renaissances, allez

    L’on… y a vu des renaissances
    aller leur train cérémonial
    courir au-devant des regrets
    sentimentales

    sentimentales élégances
    enluminures des passés
    dont on goûte la confiture
    le doigt levé

    Devant le tombeau des « soudain »
    le mausolée des « Ainsi Donc »
    pointe massif et valentin
    son triste front

    Ainsi front, front, front
    foyer des prises de tête
    du fond des cartons
    déballant les amulettes
    et des illusions
    perdues pour la chansonnette
    Ainsi donc, donc, donc
    redorâtes vos blasons

    Oui, bon… mais qu’on y entende
    rejaillir à la demande
    pluie féconde sur la lande
    révoquant des parfums de tourbe
    du souvenir fléchie la courbe
    et la mémoire
    s’invente des jeux de miroirs

    Eh ! l’aujourd’hui aux habits clairs…
    Enfile un gilet de patchwork
    et parade, Capitaine Kirk !
    de l’une à cette autre atmosphère
    va-t-en masser de Mélusine
    les pieds gluants de vaseline

    C’est le bordel dans le chaos
    Vénus et Mars ? au marigot !
    Rêve parties, quittez les cloîtres !

    Et puis la lune comme un goitre
    adressant un dernier halo
    au caniveau
    s’emplâtre
    d’un mur couvert de chaux l’albâtre

    Oh, souvenstances rappellatoires
    de nos dédales sémantiques
    taillez-nous bien ces « quelque part »
    à nos buissons dithyrambiques
    que tous les plaints et les déliés
    - biens hérités de nos fadaises,
    y soient payés de nos « fort aise »
    quand nous iront nous cache-cacher
    au bois joli des parenthèses cultivées

    Paradis minéralogique
    des arbres généalogiques
    où les histoires de familles
    seront reçues, même en guenilles

    en revanche, c’est tout l’enfer
    de nos malheureux Alzheimer

    Au gouffre ! les trous de mémoire
    et autres cas rédhibitoires
    des griffonnages illisibles
    bloc_notes.jpgdes inconscients inaccessibles

    Au brasero ! les futuristes
    les incontinents optimistes
    et des poètes de l’espoir
    tous les pauvres nœuds au mouchoir

    Sortis tous les Vade Mecum
    faites place au long défilé
    nom de nom d'un petit bonhomme
    priorité des jubilés !

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • infortunée tourterelle

    Bonjour à vous, mademoiselle Aux Petits Pas Pressés
    bourgeoise tourterelle
    qui n'a pas roucoulé

    Et bonjour à Madam'-Vot'-Mère; à trotter après vous
    l'aura mal aux genoux
    et vous le paierez cher

    Que restez-vous sur ce parvis toute cloche et boudeuse
    dans ce long fourreau gris
    la jambe malheureuse ?

    C'est des jours à courir au lac avec ses congénères
    à tournoyer dans l'air
    la chemise ou le sac

    Votre jeunesse est là rieuse, espiègle ou délurée
    Que n'allez-vous, peureuse !
    vous la rabibocher  ?

    Ce cœur ganté comme il se doit, le doigt sur la coutume
    c'est plus de l'amertume
    c'est du ver dans le bois

    Allons, donnez-moi votre plume; appelez-moi Pierrot
    Bientôt sous d'autres lumes
    vous toucherai d'un mot

    Dame ! à la fortun' du pot…

     

     

    demoiselle1.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • braguette paysanne

    Prise de terre
    entre les dents;
    la faim du monde paysan
    j'y pense à l'heure de la promenade
    sur le bitume des villes malades
    Pré  du kiosque le gazon vert
    crotté par de bonnes mémères
    aux étrons blancs et solidaires
    je lévite au-dessus de son aire
    le front ceint d'atmosphère artiste
    pour un peu me ferai lampiste
    de théâtre
    - drame, comme j'essuie tes plâtres

    Prise de terre
    sous les pieds nus;
    je titube - Eh, je n'ai pas bu !
    Des forces telluriques, impies
    affolent un rang de fourmis
    qui s'égaille entre mes orteils
    dispersent le soudain réveil
    de tout mon capricieux appareil
    Ruée      à travers l'échine
    Détente  des plis de mon grin
    Extase    phase après phase
    et le Cri
    que tout cela m'arrache
    emplit tout ce dont je m'amourache
    Et la nuit

    Prise de terre
    l’œil en coin;
    avec la lune
    pas loin, pas loin !
    et le Centaure et la Grande Ourse
    avec le chien
    qui font la course
    mais c'est toujours le même qui gagne
    vite à la niche des campagnes
    et allez, si les cloches sonnent
    (ces cloches que plus rien n'étonne)
    ça participe de la fête
    (ses bourrades, sa chansonnette)
    - Eh, te voici ! le bon chienchien
    pour ta caresse de l'autre main

    Prise de terre
    à paume pleine;
    l'exilé de retour au pays
    à son ennui, son oubli de soi
    des autres
    et leur mauvaise foi 
    et puis leurs femmes
    avec leur nom
    qui s'efface d'un trait d'union
    passage obligé par la vie, son cours
    la grimace de ses contours

    Prise de terre
    à plein poumons;
    la terre est sauve
    (ben voyons :
    pas son labeur
    ni les lieux qu'on a pris par cœur)
    la terre odorante
    ses berges
    près des eaux, les lumières vierges
    dans le murmure bienveillant
    des arbres
    (mais les arbres aux bras ballants)
    sous le ciel glabre

    Prise de terre
    aucun miracle;
    je reviens à mon tabernacle
    le front gris
    le menton pris
    dans un sourire d'empathie lasse
    alors la boue sur mes godasses m'apparaît
    Bottes_noires_001.jpgau moment de quitter le square
    (où je ne t'ai pas vue, ce soir)
    puis ma nostalgie paysanne
    me pousse au flanc
    oui... comme un âne

    Prise de terre
    (tout électrique);
    je
    regagne ma mezzanine
    chassant de mon bras la farine

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • apartés superflus

    La porte mûre ne demanderait pas mieux
    que découper au ciel une chemise bleue
    sans manches,
    par où délivrer ce dimanche
    plus vieux d'une semaine
    (évidemment pluvieux)

    La fraîcheur grelotait, humide et reniflante
    sur les feuilles en pentes et prêtes de tomber
    à terre,
    orange et marron sur le vert
    tapis de nos prairies
    (gazon des normandies)

    Le temps s'alanguissait pris dans une Limoges
    au cadran de l'horloge implorant la soirée
    qui tarde,
    et par les collines brouillarde
    les arbres par les pieds
    (ah ! l'ordre des pommiers)

    Le village fumait dans le bas du vallon
    ses foyers de saison où l'ennui se taisait
    en masse,
    chacun se croyant seul, hélas
    et songeant au souper
    (on avait sa fierté !)

    La route Par-En-Haut calmait les grognements
    de cette toux mauvaise et tout le jour durant
    qui crache
    les véhicules sans relâche
    vers leurs pauvres ailleurs
    (bien sot qui ne demeure !)

    La rumeur avait cours, mais venant de la ville
    on se savait tranquille à l'abri du vieux bourg
    serein
    - qui en avait vu d'aut', enfin !
    et ça, depuis l’Empire
    (campagne, tes soupirs...)

    Un lundi de labeur remit le monde en selle
    qui tombait la bretelle ou tamponnait la sueur
    au front,
    une capricieuse saison
    donnait bien du souci
    (campagne, tes ennuis !)

    ...mais l'Histoire, quelle histoire !

    L'Histoire était en train quelque part sur la route
    d'arrimer au destin la fin de tous les doutes
    le siècle
    dégoupillerait son couvercle
    avec la nuit venue
    (aparté superflu)

    Pour un matin de juin, on avait connu mieux...

    Damn beach !
    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
  • hommages

    PAUVRE MERCURE

    (à Laforgue)


    Non, pas dimanche, je vous prie
    pas dimanche, merci !

    Ça va, j'en ai des pianos dans la tête
    ma tête comme une girouette
    avec le nord en moins - trop loin,
    et puis trop gris, et puis trop froid,
    pas bon pour moi et mes myriades
    de machins minuscul’s et malades.

    Lundi ?
    ...vous êtes occupée,
    tant pis.

    Voulez-vous que nous disions Mercure ?
    Allons, allons, joli poison...
    Laissons-nous tenter l'aventure.

    J'aurai des ailes à mes pieds d' nez
    ainsi, pour sûr, me reconnaîtrez
    à mon visage pâle, aussi
    - c'que c'est qu'être mâl' par temps gris !

    Passez, passants, vos routes obscures...
    Je vous dis que j'attends l'aventure
    et que n'en sachant le nom ni la mère,
    je veux, mon neveu, que je l'espère !

    Oh, les mères !
    tagada tsoin tsoin
    tous cors dehors
    dès le matin
    Oh, les vilaines
    - qui me gâcheraient la semaine !
    avec elles, de l'art
    ... bon, mais de la manièr' donc !

    Ça ! j'entends des alleluias...
    Est-ce que soyez déjà là ?
    Je ne vous y vois pas !

    Vous n'auriez pas cette farine
    à votre cou de gourgandine.
    Vous ne coifferiez pas si haut
    de si belliqueux oripeaux.

    Je vous voyais Cybèle
    pas de ces robes isabelle !
    Je vous rêvais Hermione
    pas de ces sinistres dragonnes !

    Ah, dites-moi, dites
    dites-moi tout...
    Mais dites-moi que ce n'est pas vous !

    Ça ! j'entends des Væ soli
    C'est-y qu'on s'rait déjà Ce Dimanche ?
    Ah, non merci.

    Au clocher sonne un conciliabule
    (je vais me faire appeler Jules).

    Alors adieu mon aventure
    (puisque vous préférez l'Arthur).

    famille_piano.jpg

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Ludger Larose, La leçon de piano.

     

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    DANS LA MAISON DE PIERRE

    (à Reverdy)

    miro1.jpg

    Dans la maison bien élevée de Pierre
      le vent
          entre ses rochers blancs
      titille un feu qui pleure et se fend
      d'un souvenir passant

    Dessus, l'horizon est assis
    il médite
      de tout son poids sur l'ardoise du toit
      de tout son poids mort
      loin des trottoirs corridors
      où nul visage, aucun nom ne séjournent
    il évite
      le vol triangulaire d’une flèche criarde
      et tous ces mots attendus qu’on ajourne
    cependant qu'on bavarde

    Sous sa maison, les maisons qui s'oublient
    Les saisons froides sans aucun bruit
    Leurs ombres roulent de lourds tapis
      sur les cadavres des lampes éteintes
    Tous les enfants n'y sont qu'une plainte
      sourde
          et morne
             et jugée gourde par les yeux borgnes

    Un arbre
      lavant au ciel ses pas de marbre

    Et, juste à coté, la rue qui tremble des pieds

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Joan Miró