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°amours filiales° - Page 10

  • jamais quittes

    ou pè diou

    Crête où la terre se fait la dent
    mollement contre le ciel gourmand
    de flasques firmaments
    mon pays dans le vent
    un pied en mer, l'autre dans l'océan
    je viens oublier le temps

    Si ta bouche parle bruyamment
    et crache du soufre incandescent
    c'est pour qu'un sable blanc
    et rose et noir courant
    tes rives alanguies dessous le vent
    flatte et caresse tes flancs

    Parfois dans la nuit s'élève un chant
    groka, guitare et le pied dansant
    l'âme et le rhum aidant
    un rire éblouissant
    moque le coq et le counyamaman
    d'un égal et vif allant

    Noirs sont les hommes dans l'ouragan
    Verte la palme au lent mouvement
    Rouges sont tous les sangs
    sous la peau se mêlant
    qui sous le madras ou le lin flottant
    marche d'un pas nonchalant

    Mon pays tu me prends
    et, par toi je l'apprends
    on ne se quitte jamais vraiment.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    _____________________________________
    participation au défi du samedi, pour le thème
    "Carnet de voyage"

    défi_carnet.jpg
  • mémoire et le rêve

    Olà, du bastel !je suis pas que beau

    Mémoire,
    pâte à modeler l'histoire et ses fleurs fanées
    qu'un regard voudrait savoir encore embrasser
    sans le pouvoir jamais
    Mémoire, où suis-je allé ?

    Ai-je fendu les eaux du lac
    dans un canot à grands carreaux
    jeté sur cette longue flaque
    bordant le caniveau ?

    Ai-je succombé aux attaques
    de canons crachant des calots
    cent fois sur le parquet qui craque
    à chacun des assauts ?

    Ai-je secouru la Florence
    la Virginie ou la Manon
    dans l'opportune renaissance
    d'un carré de buissons ?

    Ai-je gravé le nom de France
    sur un buvard ou sur ce tronc
    de peuplier où je balance
    entre rire et mouron ?

    Ai-je noyé dans l'air humide
    aux pieds bronzés de Duguesclin
    mon arrogance aux poches vides
    de transports en commun ?

    Hue, cocotte !Ai-je perçu de l'Atlantide
    vibrer sans fin dans le marin
    un chant de sirène fluide
    ou l'écho de mon plaint ?

    Mémoire, ne dis rien
    ne parle pas, sur le chemin
    avance un rêve, le mien
    j'y suis bien davantage, serein

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • l'autre jour

    H. Matisse, la danse

    un jour, mais oui
    il y eut bien autre chose que le jour, dis

    ni lune, ni soleil,
    ni les autres planètes
    pas plus que les étoiles
    pas plus que les comètes
    ne se connaissaient plus
    pour ce qu'ils on été :
    des astres annoncés.

    ni devant, ni derrière,
    ni pi, ni haut, ni bas,
    abscisses éphémères
    et courbes à fond plat
    comptaient leurs hypothèses
    avec la retenue
    qui ne s'imposait déjà plus.

    cet autre jour, alors

    on a vu des mollusques
    coiffer des matadors
    qui voulaient les soumettre

    des gars de la flibuste
    piller des nombres d'or
    sur des tableaux de maître

    des chaos détonaient
    des coups de passe-passe
    pour un feu d'artifices

    et l'on vit décoller
    l'île de Samothrace
    au bras d'Amenophis

    cette autre chose encore :

    l'autre jour se fit jour
    pour la danse nouvelle
    la danse qui n'aurait jamais besoin du ciel

    dansons la capucine

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • depuis sa turne

    qui fait le pont ?

    Toisant le fleuve assagi
    dans le redoux qui l’assèche
    une nef ourle son nid
    où quelques oiseaux revêches
    font escale avant la nuit
    protégeant du vent une mèche
    frêle plume où s’attendrit
    sous la mûre un filé de pêche

    Promeneur inassouvi
    - l’âme en quête de posture ?
    lève tes yeux vers les plis
    de ce front de pierre dure
    tout d’un livre y est écrit
    et dans cette littérature
    un destin s’est accompli
    dont tu foules la devanture

    Sur l’onde passent des ris
    qui emportent les échos
    où se mêlent de la vie
    les heurs, les pleurs et les mots
    les ponts retiennent des cris
    mieux que les feux des braseros
    qu’une mitaine assombrit
    sous la voûte d’un vieux manteau

    Si j’ai perdu l’appétit
    pour les agapes nocturnes
    c’est que le bel aujourd’hui
    régit mon rêve diurne
    et que sa douce anarchie
    pioche à l’aveugle à même l’urne
    où s’anime un franc roulis
    de menus fragments de Saturne.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • descente à la cave à charbon

    baby_sitter.JPG

    redore-moi vingt ans, je ferai tout pareil
    raillant, buvant et crachant mon sommeil
    sur le lit défait de soleils ramant, tirant
    là-bas, là-bas, la barque des Trois Vieilles

    raccorde-moi dix ans, et j'irai au charbon
    des cendres de mémoire le lent colimaçon
    me ramène à tâtons jusqu'à ces billes noires
    fiévreux prenant garde à ses pantalons

    renouvelle-moi l'an, je dormirai tout comme
    cet oeil encor noyé d'être trop petit d'homme
    sous le cheveu garçonne un air à vendanger
    la seule mère, seule et qui fredonne

    Le temps, goutte à l'oeil
    déborde sur la joue
    lèvre, tu le recueilles
    d'un baiser doux
    comme une feuille d'acajou

    Je couvre des miennes tes mains qui dansent
    enfant, dis-m'en ce que je pense

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lisa G.