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jules laforgue

  • Echelle de valeurs

    Arabesques en julienne


    Ah, tiens ? Je marche en corps…
    C’est malin; pas nouveau… C’est touchante attention…
    Ça gratte un brin au fond, mais c’est de l’eau bénite !
    Je marche un peu plus vite…

    Bon, il m’en reste encore
    - fèves dans mes gâteaux, quelques cartons d’invites…
    Aussi, vais-je bon train
    promener Mon Bon Chien à la queue qui s’agite
    loin des plains quotidiens
    remettre le paquet sur l'écheveau

    Je passe une guérite…

    Voici qu’un chant de mars vibre dans cet avril
    Ce n’est pas opportun !
    Qu’en dirais-tu, Le Chien ?
    Rien, vraiment ? Oh, très bien !
    Allons vers la presqu’île…

    Bonjour, Mademoiselle
    C’est pourquoi, ces ficelles ?
    Un attrape-… nigaud ?
    Et pour mon rêve en do, feriez-vous la vaisselle ?

    J’écourte un fandango…

    Mains croisées au garrot, je regarde mon ventre
    Il dit : « C’est quand, tu rentres ? »
    Et je sors une esquive
    Et je longe – tu sais… toujours la même rive
    au long du morne fleuve
    où je vais retirer toujours la même épreuve

    C’est le soir, désormais, ma petite compagne…
    Je lui verse mon dû
    Evidemment, des glands vont passer là-dessus…
    Je suis par trop déchu pour y mener campagne
    Ça me f'rait mal au ch'veu, tiens même !
    de lancer l’À-Quoi-Bon sur leurs pauvres « je t’aime »

    Je te fronde, Cyclope…

    Rendu à l'embouchure, il fait meilleur, ce soir
    Le temps de prendre au bond une chère interlope
    (elle aussi nyctalope)
    Le temps d’un cor à cri, nous oublions l’espoir
    (sans craindre nos soli)

    1020495234.jpgEt la plage, déserte
    n’en est pas moins diserte
    quand, l’affaire conclue
    je me gratte le cul
    pour en virer le sable

    Je dore au fond d’un puits…

    Je ne vois plus de ciel
    que celui de l'échelle
    apparue sans un bruit
    dans cette faste nuit
    (orné d’un couperet, qu'il est)

    Une marche âpre, et l’autre, et bientôt la suivante
    Elle est rude, la pente
    J’éprouve sa charpente et, soudain, je me vautre !
    Ah, ce n’est pas de jeu !
    Qu'as-tu fait de mon vœu, Guillotine ?

    Je reconte mes doigts…

    Bien ! Il en manque trois !!
    Boh, allez… avec sept
    - malgré ce mal en tête
    je peux curer mon foie
    des humeurs intestines qui l'embêtent

    Je range un mésespoir
    dans cette basse armoire
    garnie de trahisons
    tartinées dans les plis du linge de maison

    Si je veux, je suis niais !
    J’orange mes crayons…

    D’où que pleure ma joie
    ce n’est qu’une allume-être
    ...Soit, saule n’est pas hêtre
    mais, pour leur donner foi
    d’un même et doux reflet
    l'eau ne fait que passer

    De ce fleuve à l'amer, nul choix !

    N'en pas trop dire...
    Et n'arracher jamais, qu'en offrande, un soupir

    Tant va l'heure à l'échelle
    qu'en sa libre et inquiète et simple ritournelle
    murmure l'arabesque, aux marches du poème
    "... selon moi, ...comment j'aime"

     

     

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    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    (voir aussi : Arabesques de malheur de Jules Laforgue)

     

    Ecrit pour un Impromptu Littéraire - tiki#261

     

     

  • Mésignorances

    CRASSE

    Le temps ne passe pas, par ici - et pour cause !
    Il a vidé les lieux en relevant ses jupes
    Il n'a laissé, au mieux, qu'un sale jeu de dupes
    Alors il pleut, partout; sur la chair et les choses

    La merde plaint les yeux qu'oblige le regard
    à chercher dans la boue devant soi, pas plus loin
    où ne coucheront plus ni l'orge ni le foin
    mais de quel vilain trou surgira le Bazar

    Le sang s'est réfugié, comme il a pu, là-haut
    sous le casque trop fin d'un songe caverneux
    écorne les parois, l'ongle maigre, crasseux
    révoquant les endroits de séjours blonds et chauds

    La gerbe s'est dressée d'un coup, m'a pris le corps
    Envahi de l'espoir d'atteindre le soleil
    je suis dans le Bazar, à mes frères pareils
    mort avant de tomber; pour quoi ? ça, je l'ignore...

    ***

    BEATE

    Quelque lieu hors la ville, à deux pas du camion.
    - Dis-moi, quelle heure est-il ?
    - 'cune idée...
    - ...c'est cool, non ?

    ***

    OUBLIEUSE

    Je ne veux pas savoir où vont les météores
    pour mieux leur attacher les rubans de mes songes

    sais bien d'où vient le vent, mais pas ce qui le pousse
    à se mêler de nous chatouiller la chemise

    aime l'inattendue douceur de ton sourire
    même logée au fond de ton vaste sommeil

    ***

    POLÉTIQUE

    Oronge
    Pousse-mise
    Rirommeil

    Y on est-il une idée ?

    Fête & Cause
    pour les choses
    du regard sur le bazar

    Vé, là-haut
    blonds z'et chauds
    nos corps fous de soleil !

     

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    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#193

  • complainte de l'apacheraie sus-citée

    Pour cette cinq cent cinquantième note, un hommage à ce type tant plein de sa gouaille juteuse qu'il en a gâché ses poumons avec le sang misérable des miséreux pour finir par mourir emporté dans un crachat de trop à l'âge de vingt-sept ans ; à toi, Jules ! à tes dimanches, jamais autres, toujours pluriels et plus vieux que l'un dit ; à tes Pierrots les plus falots et leur lot de vierges flétries ; à ces aubes, ces firmaments, ces couchants, mots devant tous les tiens interdits ; à ta barbarie, ses grand's orgues ; à toi, l'impétueux Jules Laforgue.

    bal à la Courtille, 1910
    - t'y bigleuk'dalle ? clikz'y voir -
    quoi disé-je, ah ouiche...

    Complainte du repentir matinal des malotrus lunaires
    (aux Pierrots julaires)

     

    Des courages nocturnes, généreux
    se révélant matin lâches, peureux
    je connais la figure grimaçante
    de l'âme qui s'avère décevante
    et vous pourrit le jour, la vie, son rêve
    et pleure que trêve lui vienne de l'amour

    Des serments à la lune, tout sourire
    seront tôt les crachats pour se maudire
    et feront déraper cette assurance
    qui nous aura menés jusqu'à la danse
    où nous avons aimés nous étourdir
    ignorant l'avenir qui va nous rattraper

    Oh, les ahs et les ihs et les tirladadas
    les défilés de nuit de nos petits soldats
    quelle mare aux canards que cette mélodie
    quand au petit matin nous désertons le lit
    des conquètes sans gloire

    Et reviennent au soir des réverbères
    les douches illusoires, éphémères
    où nous iront laver de nos pieds sales
    la boue séchée des larmes matinales
    pour faire un nouveau tour de passe-passe
    arborant belle face et verbe sans détour

    Voilà, c'est reparti la folle ivresse
    des soupirs alanguis et ras la fesse
    l'empreinte des baisers le long des murs
    et la cuisse levée dans les voitures
    le dernier verre pris aux bonnes grâces
    le dernier carré d'as qui fait le dernier pli

    Mais les hues et les dias et les turlututus
    retourneront bientôt sous les chapeaux pointus
    car l'aube ne connaît pas d'autre magicien
    tounoar tounoarque celui qui réveille et le coq et le chien
    pour notre désespoir

    Et merde, il fait tout noir !

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    -----------------------------------------------------

    T'as raison : t'as tord !T'as raison, Totor
    'fait trop noir dans c'décor
    remets-y voir une couche, voir
    comment tu mouches...

    Après l'hommage, l'héritage
    (c'qui f'ra deux notes pour le prix d'une, dis... ces largesses !...)

    -----------------------------------------------------

    Y A PAS L'CONTE, VIEUX !

     

    Cinq sens pour une vie
    - m'en lerrai pas compter
    on s'est foutu de nous
    au vrai

    C'est bien trop le matin
    déjà peu le midi
    et ça ne suffit plus du tout
    à la nuit

    Sept ou huit m'iraient bien
    pour faire part égale
    (au moins bonne  mesure)
    disons sept et voilà
    ce qui n'en fait plus qu'un
    à mettre sur l'ouvrage

    Six jours pour tout ce monde
    et un pour s'en remettre
    j'en demande pas moins
    pour l'être

    L'ouïe, c'est vu
    l'odorat, ça, c'est fait
    la vue, bien entendu
    le toucher, s'il vous plaît (ou elle)
    le goût se sent des choses bonnes et belles
    Le songe, c'est l'idée
    (dessus, on est assis)
    l'en manque un pour le compte,
    j'vous dis !

    L'ennui avec ce ciel saturé de commandes
    c'est adresser la demande.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    ...dit Mensch
    La femme ?
    - J'en sors
    La mort
    dans l'âme...
    (Jules Laforgue)
    "Avant-dernier mot", Des Fleurs de bonne volonté
    édition posthume, 1890.