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poésié - Page 156

  • coupable innocence

    Oui, certes oui, je l'avoue
    j'ai fracassé des crânes
    coiffés de bonnets d'âne
    pour leur tirer les poux de la tête
    et je m'en suis fait plus qu'une fête
    j'y ai vraiment pris goût
    certes oui, je l'avoue

    C'est bon, je le confesse
    j'ai volé des trésors
    pillés les palais de Neptune !
    dérobé l'or pâle des lunes !
    j'embarquerai donc ces richesses
    avec moi dans la mort
    sur l'aile du condor

    Oui, ça va, j'en conviens
    j'ai lâché tous mes chiens
    après le père et sa pucelle
    pour aller tirer l'hydromel
    au fût de la mère interdite
    en jouissant de sa chair maudite
    sans plus penser à rien
    ni à mal ni à bien

    Et la présomption d'innocence ?
    c'est pas fait pour les chiens, je pense.

    Ah mais d'accord !
    vous me jugeâtes déjà sur pièces
    il n'est que de passer à la caisse
    au bout du corridor ?
    Ah oui, mais... bon, d'accord.

    Et l'on m'accuse de quoi, ma belle ?
    de forfait contre le réel ?
    et c'est un délit, ça ?
    je ne le savais pas

    Oui, nul n'est sensé ignorer nia nia nia
    il se trouve que je ne le savais pas
    quand bien même je n'y porterai pas foi
    allons, condamnez-moi
    et qu'on en reste là.

    Ah oui, mais attendez !
    ...faute avouée à demi pardonnée !
    vous me devez la moitié d'une peine
    et n'étant pas vilaine
    un baiser de vous peut vous en amender

    Justine, voulez-vous m'embrasser ?

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ...et l'eau goutte, baille

    Bandol, août 2009.

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    Et bonjour à nouveau tristesse
    et tes pitoyables caresses
    et tes fluos roses, bleus, verts
    tes longs cils fibreux de mégère
    papillons flous dans la buée
    au carnaval désenchanté
    des âmes torves qui se mirent
    dans la morve de ton délire
    inébranlable

    Adieu la fête des matins
    déroulés comme serpentins
    sous le nez d’une mort patiente
    une mort chaque soir présente
    amusée de mes stratagèmes
    croyant déjouer l’anathème
    au vrai logé dans la voilure
    de tous mes projets d’aventure
    et d’Atlantide

    Bonjour à nouveau mon horreur
    venue vendanger mes erreurs
    vertigineuse platitude
    où s’enchâssent des latitudes
    les plus vulgaires, les plus viles
    m’assommant de rêves serviles
    où je hurle bouche cousue
    tous les regrets que je n’ai plus
    à mon réveil

    Adieu mon sang deux fois vivant
    dont je déplore doublement
    cet abandon où je te laisse
    et que n’atténue pas l’ivresse
    où je m’abîme sans délice
    pantin aveugle de mon vice
    ne manquant pourtant de te voir
    deux fois, deux fois dans l’abreuvoir
    abominable

    Bonjour martinets et cravaches
    ruses, faux-semblants et mots lâches
    de tous les masques dénoués
    lardez ma chair, flasques fouets
    puisque mon corps sanguinolent
    jamais, jamais ne se repent
    que tous les trésors dérobés
    soient répandus sans déroger
    à votre amende

    Adieu confort des amertumes
    enluminés d’un trait de plume
    Adieu les cadavres exquis
    dont je redessinais la nuit
    tous les squelettes adorables
    en mendiant de sous la table
    un privilège de dandy
    en souriant comme un bandit
    main sur le cœur

    Bonjour la charge des fantômes
    la chevauchée des blanches paumes
    interdisant à l’avenir
    l’enclos scellé du souvenir
    Bonjour, bonjour les yeux cernés
    ambitions perdues ou bernées
    vous drapant de leurs mésespoirs
    lèvent les couleurs dérisoires
    des luttes vaines

    Adieu saveur des madeleines
    qui savait consoler ma peine
    Adieu cheveux bruns en pagaille
    cheveux cabrés jusqu’à la taille
    Adieu sérieux regard mongol
    dont j’ai souvent manqué l’école
    Adieu, adieu puisqu’il faut bien
    que je meure comme un coquin.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    (mais avant de partir, j'ai un poLème à finir)

     

  • frange marine

    L'enfant de l'homme dans l'homme s'étonne :
    la mer s'est fait faire
    un dentier de misère boisé
    crédit photo : sebarjosa mine patibulaire
    de celles que l'on connaît
    aux marins flibustiers
    et à quelques corsaires
    étale un long sourire niais
    sur la rive où promènent
    pénibles ou amènes
    silhouettes humaines
    les vacanciers

    On a donné quartier libre aux plus grands
    qu'on ne voit pas sur la plage pourtant
    quelques enfants allant et venant
    couvrent de sable blanc
    le corps informe de leurs parents

    Il est midi quelque part accroché
    au clocher de l'église
    qui lance dans la bise
    un timbre d'horloger

    Savonne-moi la bouche encore
    ou bientôt je parle de mort

    Immense frange à l'arc étrange
    que sont tes pauvres allumettes
    quand le vent souffle ses tempêtes
    levant la jupe du rivage
    sans se soucier davantage
    de la terre qu'il ronge et mange ;
    sèche ton pleur, passe l'ange

    Rigole !
    dans quelques jours, c'est la rentrée
    décolle !

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#43
    pour le thème hebdomadaire des Impromptus Littéraires

    d'après une photo de sebarjo.

  • la sagesse du coquillage à marée basse

    Ah, dieu ! je suis mort
    mais non

    Aveugle, alors
    non plus

    Sourd, peut-être
    pas davantage

    Mais quoi, alors ?

    D’où vient que je ne voie plus rien dans ce décor
    qui m’enchante ?

    Quelle est cette rumeur où l’ardeur est absente ?

    Pourquoi faut-il aussi que je ne bouge plus
    ni ne rie, ni ne mange, ni ne chante à la nue ?

    Je ne sais qui tu es, par là mon existence
    est comme ce miroir où danse la buée

    J’ai perdu le savoir et l’ivresse des transes
    où ma sirène amie naguère me portait

    Je ne goûte plus rien des saveurs ignorées
    que sont le pain du ciel et le jus des rivages

    Je suis mort, je me dis, puisque j’ai bien compris
    que j’ai quitté ce monde et ses beautés sauvages

    Ou alors, je suis fou… ou, devenu trop sage
    ne suis-je que la bouche bée d’un coquillage

    coquillage.jpg

    tiniak ©2007-2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (à paraître dans l'Abécédaire poLétique)

     

  • Les NOMS COMMUNS en poLétique

    Les noms communs
    de l'abécédaire poLétique

    Par communs, le lecteur voudra bien noter le caractère ordinaire des termes poLétiques choisis ; le parti pris étant de les réhabiliter ici dans leur fonction poLétique intrinsèque, quand l’usage courant que l’on en fait s’emploie à nommer les choses en leur état de réalités triviales.

    • ABC
      aujourd'hui - bergeronnette - campagne
    • DEF
      dé - enfance - farce
    • GHI
      gant - heure - ici
    • JKL
      jumelle - kiosque - lune
    • MNO
      maison - nature - oiseau
    • PQR
      peau - quartier - robe
    • STU
      secret - tango - un
    • VW
      viande - wagon
    • XYZ
      xérès - yeux - zoo
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    Avec, par ordre d’apparition providentielle :
    Monsieur Etienne (dit Stéphane) Mallarmé ; Monsieur Charles Dovalle ; Monsieur Louis-Ferdinand Destouches (dit Céline)  ; Monsieur Boris Vian (aussi dit Vernon Sullivan) ; Monsieur Jules Laforgue ; Mademoiselle Violette Leduc ; Monsieur Guillelmus Apollinaris Albertus de Kostrovitzky (dit Guillaume Apollinaire) ; Monsieur Charles Vildrac (aussi dit Robert Barade) ; Messieurs Pierre Dac et Francis Blanche ; Monsieur Maurice Barrès ; Monsieur Max Jacob (aussi dit Morven Le Gaëlique) ; Monsieur Antoine de Saint-Exupéry ; Mademoiselle Cleenewerck de Crayencour (dite Marguerite Yourcenar) ; Monsieur Jules Supervielle ; Monsieur Eugène Ionesco ; Messieurs André Breton & Philippe Soupault ; Monsieur Léo Malet ; Monsieur Claude Roy ; Monsieur Benjamin Péret ; Monsieur François de Malherbe ; Monsieur Jean-Paul Sartre ; Monsieur François Boyer ; Monsieur Robert Marinier ; Madame Marguerite de Valois (dite Reine Margot) ; Monsieur Paul (dit Tristan) Bernard.

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des substantifs peu ordinaires
    Des adjectifs épithètes
    Des verbes hauts
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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK