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acrostiche - Page 14

  • Jugement de pâle heure

    Je te prends par la main, belle nuit sans sommeil
    où Nulle Autre Pareille est encore à venir
    elle est humide, fraîche et me garde un soupir
    pour l'heure avant que l'aube assoiffée n'appareille
     
    Un message est figé dans le suspens des astres
    à l'infini cadastre où tracent les pensées
    leur proprette Qabale au membre délabré
    sans même avoir idée du Songe qui le castre
     
    « Gagne-moi l'âme entière ! Absorbe mon regard !
    Il n'est jamais trop tard pour mériter l'Oubli
    Nocturne Suffisance, en ton secret abri
    je renoue avec l'or de mon premier hasard »
     
    Eh, quoi ? J'entends un pleur, une larme - sans feint !
    le terrible festin d'être seul en conscience...
    Ah, mais ! tu m'as rejoint, ma chère Obsolescence
    et sens battre ton pouls, juste là, sous le sein
     
    Mésange sans souci qui dors sur ta nichée
    que n'as-tu rapporté sur tes ailes agiles
    un parfum d'outre-cœur à l'ombre malhabile
    à lire dans le ciel où ses pas l'ont portée ?
     
    « Érige mes transports où nul n'y peut contraindre
    un désir que l'Âme-hors soit la révélation
    que la peine s'abreuve où règne l'abandon
    mais qu'il n'est de raison aucune de s'en plaindre »
     
    Nous voici sur le seuil de nos grands tralalas
    toi, mon Petit Émoi et toi, mon Juste Rire
    avec le ciel pour dais, la terre pour mourir
    et le temps méconnu pour y livrer combat
     
    Tout finira soudain - comme chaque aventure !
    par une autre ouverture au capiteux parfum
    qui nous ferait passer la nuit dans l'autre main
    alors qu'elle nous tient, jusqu'au bout; ça, c'est sûr !
     
    D'où que vienne leçon, par foi ou d'expérience
    une intime évidence accuse la passion
    sur le trait vaporeux des lointains horizons
    comme au douillet giron des sourdes appétences
     
    « Eh, là-haut, mes transports ! Avez-vous fait le tour ?
    Il n'est plus loin le jour et je me refroidis…
    Ramenez à bon port quelque nouvel ami
    qui sache mieux que moi vanter le frêle amour »
     
    Pourtant que passe l'heure à son rythme intrinsèque
    l'instant que je dissèque au gré du sentiment
    semble d'éternité prolonger le plain-chant
    et sur l'orgue du temps lever toute hypothèque
     
    Âme, corps et sang frais, dans une chorégie
    s'accordent à la nuit, à son vaste bourdon
    En résultent l'esprit et le lent diapason
    de la contemplation dont j'énonce le prix
     
    Lors, c'est déjà Demain qui frappe sa monnaie
    sur le dernier pavé dans la mare des rêves
    car le Grand Passager n'observe aucune trêve
    Un vol d'oiseaux s'élève et va le célébrer
     
    « Encore une minute, allez ! pour le rappel
    que me réclame un cent de mes songes en lice
    et lever mes filets des nocturnes abysses
    où se sont abîmés tant de noms fraternels »
     
    Hospitalière nuit, tu me lâches la main…
    Aux signaux quotidiens, perle par tous les pores
    une suée de chagrin aux laborieux essors
    couvrant de ses débords l'ample épiderme urbain
     
    Et le jour a troussé son jupon sur les cimes
    Sa lumière m'intime à nouveau d'avancer
    à l'aveugle - tant pis ! mais au coup de sifflet
    avec le pas réglé sur son seul paradigme
     
    Un Autre, près de moi, a-t-il cette impression ?
    Que peut-il bien jauger de ma propre existence ?
    Est-il trop occupé à tenir la cadence ?
    …Tant de possibles sens, qu'une destination !
     
    « Rangés tous les transports, allons ! dans le barnum...
    Il se pourrait que Pomme (à nulle autre pareille)
    après avoir soldé son bon peu de sommeil
    soit prête à partager son singulier pensum »
     
    Et quand la nuit viendra, nous lui tendrons l'âme, hein ?
     

    mug me

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
  • Square transe

    Sang nocturne d'orange amère
    de chaque pas noie les échos
    dans la craie teintée d'abricot
    qui m'a forcé le caractère
     
    Quoique né sur la brique rouge
    et le pied cambré au silex
    je n'aime tant lécher le blues
    qu'à-même un fleuve sans complexe
     
    Un pied devant l'autre et l'aurore
    à m'attendre sur la Prairie
    sans entendre ce que j'en dis
    à l'ombre avachie sur le port
     
    Au vrai, c'est encore un mirage...
    Vers qui, quoi, comment avancer ?
    Vers l'Antinomique Corps Sage ?
    Vers l'oubli d'avoir existé ?
     
    Rouler ? Pour quel triste tabac ?
    S'arrêter, mais sur quelle histoire ?
    A quelle distance du soir
    et dans quel obscur agrégat ?
     
    Eh, c'est déjà matin, l'Oiseau !
    Au gris se mêle un nouveau sort...
    Au fond des poches de Godot
    me faut en nicher le trésor
     
    Tout fout le camp, sinon, sans thème...:
    et la gloire des quotidiens
    poussant des hurlements de chien
    et celle à qui dire "je t'aime"
     
    Rêves... désirs... aspirations...
    C'est trop de nœuds pour un mouchoir
    Monotone ! révolution
    qui rechigne sur le pourboire
     
    Ah, le thème... il est méconnu
    comme de Mozart l'assassin
    comme un pli sous le maroquin
    comme sur le nez la verrue
     
    Notification sans appel
    vite glissée dessous le seuil
    raclé le cul de la gamelle
    c'en est fini du Mille-Feuilles
     
    Sinusoïdale tangente
    la trajectoire est sans retour :
    à la nuit succède le jour
    au reflux, la marée montante
     
    Et voici des oranges rais
    les fruits juteux aux songes sûrs
    noyant les échos passagers
    de ma dernière quadrature
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • vol stationnaire

    Progressant à l'aveugle, il marche sur les yeux
    son regard amoureux absorbé dans les aires
    Un moulin au poignet caressant l'atmosphère
    il sifflote aux oiseaux des ordres granuleux
     
    Au banc qu'il a quitté trône le nom d'un mort
    Du festin quotidien le vent souffle les miettes
    qu'éparpillent déjà les roues des trottinettes
    vers la carne du quai, plus sablonneuse au bord
     
    Somerville attendra, le fou sur la colline
    entraîne malgré moi par les ombres du Ouaisne
    à l'invite un besoin d'oublier la semaine
    et de boire au goulot la promesse marine
     
    Sous la grasse aubépine, une berce commune
    redouble de blancheur en baillant ses ombelles
    un gobemouche gris répondant à l'appel
    quitte sa cavité, lance un cri de fortune
     
    À présent voletant près de l'épaule accorte
    où deux doigts mollement posent un papillon
    il hésite et soudain file comme un larron
    D'un claquement du bec fête ce qu'il emporte
     
    Normoint ripe à main gauche et le chemin s'éclaire
    Des ourlets de bruyère adoucissent la baie
    La fraîcheur cède enfin aux avances de mai
    qu'abrite Saint-Brelade et quémande Corbière
     
    Tu le sais mieux que moi, qui vas ta route sûre
    avec les passereaux, prodigieux familiers
    une main dans le dos, l'autre à ton journalier
    ouvrage bienveillant d'oiseleur à l'air pur
     
     
    gobemouchetiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#204

  • amitiés à la crémone

    gaëna da sylvaÀ recompter mes doigts, étonné comme un singe
    apeuré dans la nuit bruissant les incongrus
    d'une jungle à tâtons, aux odeurs inconnues
    j'avisais la fenêtre aux seins couverts de linge
     
    Me serais-je endormi dans ce lieu étranger
    sans avoir calculé l'entrée ni la retraite ?
    Je ne veux pas bouger, priant que tout s'émiette
    et me rende bientôt à ma tendre forêt
     
    Il me semble pourtant être venu ici
    à l'invite empressée d'un regard amoureux
    et, comme moi, rebelle aux messages des cieux
    quand ils n'annoncent pas le beau temps ou la pluie
     
    Tu n'as pas attendu que la porte se ferme
    Tu as pris les devants, sans mot dire à personne
    ouvert les francs battants que tenait la crémone
    et, peut-être riant, menas ton rêve à terme
     
    Instant, cher instant "T", qui me laisse en suspens
    à recompter mes doigts, là, devant la fenêtre
    où a passé le cœur de mon plus très cher être
    à rêver d'évasion, le plus clair de son temps
     
    Es-tu si peu sensible au mouvement de l'âme
    ou t'importe si peu la douleur d'une perte
    que tu n'aies pas jugé devoir donner l'alerte
    quand mon ombre a mené son dernier pion à Dame ?
     
    S'il se peut que la nuit charrie mon seul espoir
    oh, que ce soit celui de bientôt la revoir
    franchir à reculons le fragile rideau
    de la désolation pour la gloire d'un mot :
     
    Aimer !
    - exempté de passion, l'or de nos amitiés
    au fond...
     
     
    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration d'en-tête : Gaëna da Sylva.

  • Barcarolle 2013

    nicklausse02.jpg
    De ciels sans fin, les feux miroitent sur les ondes
    Deux voix seules au monde
    - enfin, et sans faconde !
    et disant tout le bien de pouvoir célébrer
    l'une l'autre, la fin si longtemps espérée :
    la belle nuit d'amour
     
    Un parfum de jasmin ajoute à leur ivresse
    transporte cette liesse
    loin des sombres bassesses
    qu'un nain fomente, à terre, en versant plus de vin
    qu'il en est nécessaire à l'esprit incertain
    qui réfute le jour
     
    Ô muse ! Ô courtisane ! Où porte votre chœur ?
    Il est plein d'une ardeur
    qui n'aura le bonheur
    à son dernier soupir, que d'être un chant du cygne
    puisque le drame attend sa conclusion indigne
    absurde et sans retour
     
     

    Nicklausse

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#202