impromptu
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vol stationnaire
Progressant à l'aveugle, il marche sur les yeuxson regard amoureux absorbé dans les airesUn moulin au poignet caressant l'atmosphèreil sifflote aux oiseaux des ordres granuleuxAu banc qu'il a quitté trône le nom d'un mortDu festin quotidien le vent souffle les miettesqu'éparpillent déjà les roues des trottinettesvers la carne du quai, plus sablonneuse au bordSomerville attendra, le fou sur la collineentraîne malgré moi par les ombres du Ouaisneà l'invite un besoin d'oublier la semaineet de boire au goulot la promesse marineSous la grasse aubépine, une berce communeredouble de blancheur en baillant ses ombellesun gobemouche gris répondant à l'appelquitte sa cavité, lance un cri de fortuneÀ présent voletant près de l'épaule accorteoù deux doigts mollement posent un papillonil hésite et soudain file comme un larronD'un claquement du bec fête ce qu'il emporteNormoint ripe à main gauche et le chemin s'éclaireDes ourlets de bruyère adoucissent la baieLa fraîcheur cède enfin aux avances de maiqu'abrite Saint-Brelade et quémande CorbièreTu le sais mieux que moi, qui vas ta route sûreavec les passereaux, prodigieux familiersune main dans le dos, l'autre à ton journalierouvrage bienveillant d'oiseleur à l'air purtiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un Impromptu Littéraire - tiki#204 -
Carton plaint
(à vegas-sur-sarthe)Je connais la manière, oh ! je sais la chanson...Il lui prend le besoin de bouger des cartonsremplis de lendemains qui ne font plus l'affaireet de la crypte au front, lui monte un sang lunaireque rêve ni raison ne peuvent apaiserni l'heur d'un doux baiserni les psaumes perdus pour son oreille interneLe manège est couru jusque chez la voisine...On l'entend qui rumine aussi, à sa façonde frapper ses glaçons avec un pic en feren marmonnant les noms qui ne riront jamaisavec elle, en cuisine ou à plier les drapsen lui tendant les braspour être encore un peu, pas mieux aimés qu'hierJe sais bien... qui me tiens là, sur l'autre hémisphère...Notre L'Une a payé son tribu au sanctuaire :une semaine entière avec le ventre durà blêmir et gémir que "C'est déconfiture !"que "C'est trop d'injustice, la nature humaine !"que "J'aimerais t'y voir !"et que "Pour se raser, on fait pas tant d'histoires !"Alors, pour patienter, je tape le cartonavec mes congénères, garçons...Illustration : d'après "Go with the Flow", watercolor by Kat Grandy(avouez que ça s'invente pas !!) -
rue, mine !
C'est la venue des gens petits
l'artère des fins microbiennes
il y circule des semaines
un laborieux ordre établiClaque, talon ! L'autre tape un
joufflu perdu pour le Trésor
Négoce des petites morts
dimanche s'en lave les maintsÇa va; ça vient, de l'aube à l'aube
en s'ignorant le mieux possible
et masquant des zones sensibles
l'âcre fumet de maigre daubeJ'ai laissé mon chien à son jeu
mes rêves crus au caniveau
sous ses pavés mes idéaux
couverts de bitume spongieuxMais c'est la mienne; et j'y retourne
à ne plus savoir en quel sens
par automatique évidence
et n'espérant pas de ristourneC'est là que je divague entier
une heure, un instant et ma mort
occupés à tirer des bords
vers ses rivages séculiersC'est là que je navigue encore
une heure, un instant, volontiers
hissant ma verve à son hunier
gonflée d'un souffle franc de porttiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un impromptu littéraire - tiki#195 -
Arrière, Saison !
Prolongations de la saison
les soirées traînent en douceur
des simulacres de langueur
aux pans ouverts de leurs visonsCongrégation des afflictions
dythirambe hâlée, des soupirs
célèbrent de latents désirs
aux estivales émulsionsDébonnaire, un Bonhomme-Hiver
picore déjà feuille morte
flaque piègeuse au pas de porte
onguent, tisane et le thé vertPrune amère, une idée d'en l'ère
vogue mollement sur les toits
n'entend pas que le monde aboie
mais débarque enfin à CythèreEmballement des expédients
l'heure est aux dernières folies
dénichées (plutôt à bas prix)
par les greniers vidés à tempsRengorgement des Ci-Devant
sur les bancs faits pour - à la tâche !
comme au poste-clé va la gâche
au buvard, les émargementsHallali des péripéties
dans la main, le courrier grimace
le ciel assemble ses menaces
et bouchonne aux périphériesIncurie des salmigondis
le plat refroidit, ras le bol
le piano tire des bémols
et canarde l'enharmonieDésolation ! L'Arrièr'-Saison
à siffler son dernier dimanche
avec un bourguignon (de Branches)
y laissa toute profusionConstellation des pantalons !
C'est fini, les fanfaronnades...
Rangées les tongues z'et pommades
montent les cols sous les mentonstiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#194 -
Plat, c'est beau...
Pour un tour de roues, trois pas en arrière
Une manivelle armée sur le front
j'arrache un rayon au disque éphémère...Le port ne dit pas qu'elle est l'arraison
qui sabre des pions l'envie de mystère
à quai, pour de bon !Allons, mais allons !
Juste à l'horizon fleurit un espoir :
lire enfin l'histoire à ses frondaisons...Chante, Madelon ! Nos pas, nos déboires
nos rires garçons
et leurs à-valoirs sur tes francs jupons...En route, bordels ! cirques ! panacées !
Mettons la branlée aux arrestations !
C'est pas tous les jours qu'on a le ticket...Barjots sur le fleuve, où allez-vous donc ?
Quoi, parmi les joncs ?
Quelle orientation, quelle épreuve en naît ?Oh, staticités !
Si j'en demandais humblement pardon
pourrais-je embrasser ma destination ?tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#191