apeuré dans la nuit bruissant les incongrus
d'une jungle à tâtons, aux odeurs inconnues
j'avisais la fenêtre aux seins couverts de linge
Me serais-je endormi dans ce lieu étranger
sans avoir calculé l'entrée ni la retraite ?
Je ne veux pas bouger, priant que tout s'émiette
et me rende bientôt à ma tendre forêt
Il me semble pourtant être venu ici
à l'invite empressée d'un regard amoureux
et, comme moi, rebelle aux messages des cieux
quand ils n'annoncent pas le beau temps ou la pluie
Tu n'as pas attendu que la porte se ferme
Tu as pris les devants, sans mot dire à personne
ouvert les francs battants que tenait la crémone
et, peut-être riant, menas ton rêve à terme
Instant, cher instant "T", qui me laisse en suspens
à recompter mes doigts, là, devant la fenêtre
où a passé le cœur de mon plus très cher être
à rêver d'évasion, le plus clair de son temps
Es-tu si peu sensible au mouvement de l'âme
ou t'importe si peu la douleur d'une perte
que tu n'aies pas jugé devoir donner l'alerte
quand mon ombre a mené son dernier pion à Dame ?
S'il se peut que la nuit charrie mon seul espoir
oh, que ce soit celui de bientôt la revoir
franchir à reculons le fragile rideau
de la désolation pour la gloire d'un mot :
Aimer !
- exempté de passion, l'or de nos amitiés
au fond...