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acrostiche - Page 18

  • duo sonore

    De toi à moi,
    ce guéridon
    nous tend les bras
    Allons, allons !
    Pressons le pas
    On nous attend
    Paris, sa nuit et ses géants

    Un moment d'où
    s'est égaré
    le temps qui nous
    était compté
    j'en ressens tout
    le fin mystère
    quand me frôle ton courant d'air

    Ornant les dômes
    voici notre heure
    Place Vendôme
    on bat les cœurs
    des jolies mômes
    que nous chantions
    malgré la polka des canons

    Sobre parfum
    par les arcades
    fleure un jasmin
    de promenade
    je t'y retiens
    pour un tango
    sous l'arche du pont Mirabeau

    Oh, bel ami
    ta rémanence
    où se remplit
    mon existence
    fait pas un pli
    mène la noce
    et chevauche un rhinocéros

    Nos mains célèbrent
    de part et d'autre
    à lisière
    qui est la nôtre
    d'ombre à lumière
    le souvenir
    que ravive notre plaisir

    Oh, les voilà
    tous tes compères
    les cancrelats
    les réfractaires
    ils n'auront pas
    tu peux m'en croire
    fini de clamer leur histoire

    Revisitons
    les vieux pavés
    en rigodon
    les yeux levés
    vers l'Odéon
    que nos théâtres
    réfutent les vains idolâtres

    Et c'est du miel
    ce plein d'essence
    de ritournelle
    en déviance
    Ombre éternelle
    embrasse-moi
    du guéridon où je te vois

     

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#150

    Jacques Noël

    « Je me sens soulevé submergé de joie (...) L’homme peut voler beaucoup plus haut qu’un criquet »
    Bérenger de Rhinocéros (Ionesco, 1957-1959)
    -Illustration de Jacques Noël-
     

  • Jeu amoureux

    Je sais ne rien savoir de vous
    D'où vient que cette belle histoire
    qui monte et me parle de vous
    me semble bien connue, ce soir ?

    Est-ce à nouveau le jeu, trésor ?
    la partition qui tout rassemble :
    un ton familier au décor
    une chorégie sous les trembles ?

    Une lumière au flux sanguin
    explose le jour et le farde
    aux rives de nos regards pleins
    où nos étonnements s'attardent

    ***

    A la même heure, au même endroit
    hier n'était qu'un mauvais rêve
    à l'instant, vous me faites roi
    puisque je croque votre fève

    Maintenant, le temps n'a plus cours
    la pluie ne fut jamais si tendre
    les arbres soufflent du velours
    que nous sommes seuls à entendre

    Où voulez-vous de mon baiser ?
    Là, dans ce pli de votre chair ?
    dans votre paume ? sur vos pieds ?
    autour de vous dans l'atmosphère ?

    Un peu que je vous reconnais !
    vous êtes à la promenade
    Depuis, vous aimant, désormais
    le goût, sans le vôtre, m'est fade

    Rendez-vous à cet argument :
    nul autre ne vous chérit comme
    l'absolu de mon sentiment
    N'hésitez plus, je suis votre homme !

    Et quoi ! vous passez sans frémir ?
    à votre allure de madone
    Vos yeux ne sauraient pas mentir
    Vous espériez que je me donne !

    Un trouble passe et vous avec
    La leçon est dure, blessante :
    mes renforts de salamalecs
    vous laissent donc indifférente ?

    Xanadu dans votre walkman
    votre chien tirant sur sa laisse
    vous ignorez mon cœur profane
    et ramenez ailleurs vos fesses

     

    promeneuse
    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration :
    Lolek 

  • duel brio

    Orange!La pluie dore, nocturne, orange
    les coudes borgnes en faction
    Tout s'est bien rangé des crayons
    et déjà caresse les anges

    A notre abandon, n'avons cure
    de ces phénomènes externes
    pas plus le temps ne nous concerne
    (que notre intime architecture)

    Une orchestration de nos sens
    emplit l'air de sa chorégie
    et consume nos énergies
    en festivités de brillances

    Résolus au parfait accord
    pluriel et singulier se fondent
    d'un souffle, un geste, se répondent
    s'effleurent l'âme à bras le corps

    Ecoute... c'est la vérité
    qui peut se passer de parole
    convergence de paraboles
    élans de cœur et de pensée

    Nature a voulu que tu sois
    à l'opposé, complémentaire
    mais ne devons notre concert
    qu'à notre liberté de choix

    Comme à l'océan va le fleuve
    mêler au sel une eau plus tendre
    occupons-nous de nous comprendre
    au jour le jour, à l'heure neuve

    Et le monde en sa ronde vrille
    aux diluviennes vanités
    verra sa peine commuée
    en lumière où nos cœurs scintillent 

    Loloche in eden

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#139

    Médaillon d'après Gary Kelley, eden (détail)


    podcast

    IZIA - Twenty times a day

  • recette

    may i think?(pour un pas possible vers un autre monde)


     

    Prendre le temps par la peau du cou
    le déposer sur ses genoux
    avec délicatesse
    lui faire la promesse
    qui suit :
    « je te laisse courir dès que, fini l'ennui
      expire
      le délai imparti à mon besoin de lire
      ce monde
      autrement qu'une solitude ronde »

    Agiter l'air du bout des doigts
    s'émerveiller à chaque fois
    de la danse légère
    qu'imprime à la poussière
    ce trouble
    dans les rais lumineux que la branche dédouble
    dehors
    d'où montent la rumeur et la ruée des corps
    fragiles
    destinées frénétiquement serviles

    Savoir
    sans y fonder aucun espoir
    quelle est la saveur de l'oubli
    l'esprit suçant comme une éponge
    le moindre signe au moindre bruit
    que murmure la paix d'un songe

    ...

    Passables moments suspendus
    à la venue d'un rêve entier
    amollisez du sablier
    la bascule lente et goulue

    Oubli, rappelle-moi d'ici
    que je ne connais d'autre monde
    que celui d'où le rêve abonde
    et donne un sens à l'aujourd'hui

    Sonner la trompe sous les murs
    que s'élargisse aux vibrations
    incapables d'absolution
    petite et moussue, la fissure

    Se mettre à pétrir à deux mains
    la poitrine d'un paysage
    farineux dans la brume sage
    où pointe un giboyeux tétin

    Illuminés de fête orange
    applaudir à l'écho sonore
    de nos rires dans un décor
    qui nous soit plaisamment étrange

    Border le menton du sommeil
    qui s'est emparé de la chair
    à jamais douce et familière
    presque semblable et sans pareille

    Lire tout ça et s'endormir
    sachant oublier de mourir

    Entendre le temps qui s'en va
    servir ailleurs un autre glas
    quand l'aube aura déjà l'idée
    de ranimer le balancier

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#137

    ci-dessous : Matisse, Le bonheur de vivre, 1905-06.

    Matisse_Le bonheur de vivre, 1905-06.jpg

    • Notes : 900 | Commentaires : 1297
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    Merci, à vous !!
    votre tiniak  

  • cloué

    Van_Gogh.jpgCette nuit, c'est fait, tout me quitte
     un autre monde est apparu
     où tu ne me reconnais plus
     où désormais rien ne m'invite

    La lune ovale est vert olive
     quelque brosse a figé le vent
     sur une toile de Vincent
     que d'un œil troublé je salive

    Orage, apporte-moi le rire
     indompté de chevaux mongols
     il se pourrait que je sois fol
     au point d'y fonder mon empire

    Une éternité de supplices
     au vrai, ne me tourmente pas
     l'enfer est aujourd'hui et là
     où je ne goûte aucun délice

    Et cette aube qui m'assassine
     impeccablement met à jour
     le solde des vaines amours
     teintant l'ombre d'orgues sanguines

     

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    la nuit du 30 décembre 2010