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strabismes - Page 6

  • Colo'rieur

    Après avoir mâché de moissons insondables
    les bienfaits ignorés, bercé d'un vent d'automne
    je me regarderai jusqu'au fond la personne
    où me découvrirai ce métier improbable
    et très providentiel de peintre enjoliveur

    J'aurai ce tablier saturé de nuances
    qui se porte ceintré de noir sur un fond bleu
    Irai, palette au poing, promener en des lieux
    où l'Ignoble dispute aux humbles espérances
    un siège réputé aux louables ardeurs

    Mettrai mon chevalet contre le drapé jaune
    qu'un sable sans marée d'un océan perdu
    a jeté sous les pieds de nomades sans but
    qui ne leur fût dicté par une obscure faune
    et sa haine avérée des intimes langueurs

    Puisque je serai nu sous mon bleu de travail
    ne fermerai les yeux sur nulle crudité
    Y tremperai la pointe aiguë de mon stilet
    tel Rémi Caritey menant libre bataille
    avec son OEil-village, en aurai du bonheur

    Et, comme L'Arbre en nous réclame son partage
    me mettrai à genoux devant la graine en germe
    qu'elle soit d'autre sang ou de mon épiderme
    je lui peindrai des ciels dignes de son courage
    tant que l'Humanité n'écoute pas son coeur

    Je peindrai des oiseaux sur les Hôtels de Ville
    brouillerai d'indigo les partis incendiaires
    rougirai les drapeaux des ombres délétères
    pour rendre aux Saligauds ce que nous vaut leur bile
    et leur vaine entreprise aux morbides ferveurs

    Je ne finirai pas ! Passerai le flambeau
    à d'autres comme moi qui aiment l'omelette
    que l'on tire des champs, des bois, à la sauvette
    et désireux, et francs, et portant leur fardeau
    comme un éclat de rire arrogant et sans peur !

     

     

    Witch colors!

    tiniak © 2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi  

  • L'implacable douceur de l'Autre

    Ici
    enfin dans le souffle de l'Autre, je respire

    Là-bas
    longeant l'heure privée de l'Autre, l'espérais
    Tandis qu'une pluie triste couvrait les marées
    en leur disant son regret des vastes empires
    une fine clepsydre égrainait mes pensées

    Vers le pays de l'Autre, embarqué volontaire
    j'ai quitté, sans ciller, le rivage connu
    du rêve familier, où je m'étais tenu
    à ne pas me mêler d'orgues phagocytaires

    Sur les lèvres de l'Autre, ai signé de mon sang
    mon retour au chevet de sa voix sûre, calme
    à son nom parfumé plus qu'un vieux jus de palme
    je rapporte le mien, sa prière et son chant

    Sur moi
    le regard de l'Autre, mais d'un œil et le bon

    En main
    celle par quoi m'attache l'Autre, mais la douce
    Tandis qu'au ciel, trois lents nuages qu'un vent pousse
    masquent le soleil en lui demandant pardon
    je marche dans les pas de l'Autre et du bon pied

     

    message in a bottle

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#183

  • Narcisse, plié en deux

    Narcisse – Isthmes (1)

    M’être – à pied d’œuvre en l’Autre et l’Autre à mon endroit
    sur un chemin de Gloire engagés de concert;
    précipité le sang, hors de mon secret aire
    après avoir dit tant et fait bien des histoires
    pour lui donner raison : il nous manque une joie…

    À la table connue, remettons le couvert
    Étirons notre peau de l’une à l’autre face
    Dégustons les élans parfumés de nos chairs
    Repus, nous recoudrons à nouveau tout en place
    (avec un supplément niché dans la commande)

    Patienter quelques mois, comme en terre étrangère
    tandis que mute l’aire au havre familier
    Sous le calendrier, avancer une chaise
    et soulager la charge au ventre négrier
    jusqu’à l’en délivrer d’un souffle salutaire

    Et puis, se regarder avec – étonnamment !
    nos enfances jaillies dans une enfance neuve
    autre et libre déjà, nous apportant la preuve
    qu’exponentiellement, l’amour démultiplie
    son prodige de vie à l’épreuve du temps

    Et rallonger la sauce…

    Narcisse – Isthmes (2)

    Je me suis éveillé avec la neige au front
    pris par une question de cas rédhibitoire
    Tu m’avais demandé – d’onirique façon :
    « Dis-moi que j’ai raison… qu’il nous manque une Gloire
    un comble de bonheur, où nous nous trouverions
    nos enfances jaillies dans une enfance neuve
    qui nous apporterait un supplément de preuve
    qu’à l’encontre du temps, l’amour démultiplie
    exponentiellement son prodige de vie…
    Tu es de cet avis ? N’est-ce pas le meilleur ? »

    Tu dormais sur le flanc, la hanche dénudée
    Je m’y suis agrippé, résistant au vertige
    d’avoir à te répondre en ayant tout pesé
    de ce qui me semblait relever du prodige :
    être là, l’un pour l’autre, à se tirer des bords
    sur notre fleuve Amour, inventant son décor
    et mêlant à nos cris les substantielles orgues
    arrachées au concert du ciel et de la terre

    C’est alors qu’à l’esprit me vinrent quelques vers
    de mon cher Jules Laforgue :

    Mais peut-il être question
    D’aller tirer des exemplaires
    De son individu si on
    N’en a pas une idée plus claire ? *



    cigogne_@7.gif

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#182

    tiniak@live.fr

     

     

    * « Cas rédhibitoire » – Jules Laforgue, Des Fleurs de bonne volonté (1886)

  • Nommée à temps

    Puisque des arbres plient sous le ciel gris les bras
    maigres, presque sans vie, craignant la pluie de fer
    que d'un œil a jailli le regard plein de terre
    où des chairs massacrées pourrit l'anonymat

    Je me dis qu'il est temps...

    Puisque des vignes saigne un vin de messe odieux
    âpre et plus souffreteux qu'un ragot de reptile
    qu'un langage de mort aux  brames érectiles
    a brisé les charriots du Rêve par l'essieu

    Il est temps que la fleur...

    Puisque des mottes gronde une plainte sans voix
    au chapitre du monde et de sa destinée
    que, va ! l'heur attendra le compte des ânes nés
    sur leurs engins de mort, voraces et sans loi

    Bientôt montre les dents...

    Puisque les enfants crient plus fort que de raison
    pour aller s'entretuer plus vrai que de nature
    sans jamais se risquer à vivre l'aventure
    la renient et l'abhorrent, et navrent la maison

    Je me dis qu'il est temps...

    Il est temps que la fleur
    bientôt montre les dents
    du sourire éclatant
    que se doivent les cœurs
    puisque c'est le printemps
    qu'il a ton nom : ardeur !

    Youpla !tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#175

  • border line melodies

    Quoique jeune encore
    mais sur le retour
    et pas tant pressé de s'aller rendre ses devoirs
    un pas familier
    décompte à rebours
    ses vestiges ajournés sur d'abruptes trottoirs

    Sois bon camarade,
    tape sur l'épaule;
    ça peut pas lui fair' de mal
    (c'est, de là, bonne école)

    ***

    Pour l'art de l'étourdissement
    porté jusqu'au ravissement
    (comme l'autre de liane en liane)
    il s'affiche nu sous son pagne
    un singe empaillé sur le flanc
    - le dimanche, immanquablement !)

    Aux yeux de tous, vous dis-je !
    Quen j'en ai des vertiges !
    Aux yeux de tous, monsieur l'Agent

    Et poussant des cris de Sauvage
    Et des postures, davantage...!

    Ah, sinécure, Jésus Christ !
    d'avoir engendré tel artiste !

    ***

    Il était vain d'entasser là
    dans ce véhicule
    hauts débits sur le contrat
    les contritions de forçats
    arrachées à leurs misère
    sur le simple préambule
    d'une poignée délétère

    Transit à l'aire dounanière
    un parfum de mort
    émane d'un container
    parqué sur le port

    Quel sinistre ridicule
    que leur triste anonymat !
    Pitance crédule
    ils étaient vingt entassés, là

    ***

    J'aime comme je le hais
    cet espace infime
    où je n'ose m'aventurer
    par le désir, ni le toucher
    vers les trésors parfumés
    de l'Autre, à son intime

    ***

    Devant, sous la lueur matinale, embrumée
    dans sa vaste candeur, le labour en sommeil;
    dessus, l'envol subit et criard des corneilles;
    derrière, à pas de loup, la faune du bosquet

    L'ennui s'est, peu à peu, teint d'humeur assassine...
    Au pied, la carabine attend, le chien cranté.
    Jugée sur l'incurie de sa bonne santé,
    l'ignorante enjouée avance vers sa ruine.

    Un éclat stoppe net, plus mat que le tocsin,
    le fol et bel entrain de sa course amoureuse
    et la laisse sans voix - finie, la chansonnette !

    Elle n'a pas le temps de porter à sa tête
    la main charnue disant ses formes plantureuses,
    un filet rouge sang mêle son rideau brun.

    ***

    - How d'you feel?
    - Fine... What about you?
    - Border line, thank you.

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#172

    un roi sans divertissement 

     Et aussi, cette précédente participation pour le thème du "Message sur le frigo"
    - Impromptu Littéraire - tiki#171

     

    Tout ça pour un mot
    collé sur le frigo
    Malgré les degrés sous zéro
    je suis allé marcher sur l'eau
    ma tête au bord du lac
    à l'envers dans un sac
    ça puait le vieux pain, le poisson
    comme s'il en pleuvait à foison
    quand je l'ai retirée
    de la jute encore imprégnée
    Quoi ! Tout ça pour l'enfer
    d'un mesquin Frigidaire ?

    Tout ça pour un mot
    un sacré mot de trop
    Un défi jeté par dépit
    pour avoir déserté le lit
    de nos vaines amours
    au fantasque Toujours
    où brûlent sur un brasero
    une incomplète libido
    qui noie de la semaine
    le doux fumet de madeleine
    Et tout ça pour l'invite
    d'un capricieux post-it ?

    Tout ça pour la gloire
    de taiseux mésespoirs
    Pour, des clous plein les pieds, les mains
    porter le fardeau quotidien
    de ce luxe : tes doutes
    sur ma trop frustre écoute
    Et quoi ! ne suis pas saint, mais homme
    et comme toi dans le barnum
    pauvre, nu, singulier
    mais fier et, malgré tout, entier
    et relisant ton mot
    collé sur le frigo :

    "Et quoi, vieux !
    Tu te prends pour Dieu ?"
    Oui, ça ! J'en relève l'enjeu !

     carambar

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    tiki#171