strabismes - Page 5
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Le lieu de mon secret
(à Ernesto Timor)À révéler mon lieu secret à d'autres paires d'yeux- d’autres destinataires !puis-je garder à discrétion, à défaut de mystèrele lieu d'être de mon secretsans y voir soudain déballéce que je chéris mieux- sans être avaricieux…loin des regards, loin des curieux et tous les tralalères ?À promener mon lieu secret, à ce moment précisdu dedans au dehorssur le théâtre de la vie, parmi tous ses décorstel qu'en moi, je le lie, l'endroitoù, tout ce que je lis, c'est moijusqu'à le résumerà sa plasticitédans la geste photographique d'Ernesto Timorpour un ouvrage du photographe Ernesto Timor"Mon lieu secret" éditions lebel ©2013 -
XII - nuit
ICarne rafistolée aux raccords apparentsmarionnette, poupée d'un artiste capriceta lèvre ni tes yeux n'avouent aucun suppliceet taisent le vertige où s'abîment tes sangsperdus pour la raison, la fièvre, le délicedans l'absence de bruit qu'absorbent des tombeauxles paroies émaillées, si lisses que le verredans l'absence de chair au revers de ta peauperdue pour la lumière et le frisson du ventNulle flamme à ton sein, nul champ sous ta paupièreque le triste ornement de tes désolationsvolontaires ou non, quoi qu'en vaille la finIIPorte close dans le murQuoi derrière, la nuit ?Quoi derrière ta chosehorrible porte closequ'espère mon ennui ?Le havre lent que j'oseprendre pour fête écloseà la moindre ouvertureoffre un panier de fruitscerné d'un cent de rosescueillies la nuit dernièreun murmure à l'appuiPour qu'une âme en disposeet s'en pare l'ennuipour sa dernière nuitdevant la porte closeIIIA force de s'étendre et perdre en densitéoù va l'immensité, invisible à l'extrême ?D'apprendre qu'il est vain d'en comprendre l'effetle fil de ma pensée n'en soutient pas le thèmeOù je vais, éprouvant mon élasticitéà Son Infinité relater mon poèmeIVNe nuitla nuitque le regret du jourdevant l'autre qui suitVBruitammentnuitammentexpirent les soupirantsPuis un lentfirmamentsort matutinalementQu'à l'auroreteintée d'orsmeure leur Petite MortL'Aujourd'huis'accomplitau vacarme cru des corpsJeu de maintsle temps plainttant d'éphémères transportsVILa main, souple recueilcalme l'alarme à l’œilremède inégalableLe fruit nu dans sa paumec'est l'enfance de l'hommeintime dissemblableEt sa palme consoleun souffle à rude écoleOdorante adorableLe cauchemar est danscet environnementmoins vaste qu'insondableAura suffit d'un criElle en connaît le prixau cours impondérableJ'en conserve le goûtles bras sur les genouxles yeux pris dans la tableVIIRespiration musicaleTout doux.. Tout doux...rythme d'orange océanL'aurore phénoménaleDe bout en boutjusqu'à son déchirementL'air consume, primordialun cri de fouVIIIMettant l’œuvre à l'épreuvede son désœuvrementnaît le chant délirantde mon rêve au supplicede n'embrasser jamais que ton ombre, Eurydiceet la nuit qui l'emporte, écoule infinimentle désir incessantd'approcher ses délicesIXVers ta gorge assouplie par un souffle indoloresurgi du sol trempé d'un songe meuble et gourdla main qu'il me restait de l'oubli de mon corpsapproche de ta nuit la promesse d'amourXDésormais, tout se tait, sait la moindre des choses(le bouton de la rose et son grave bouquethasardeuse aventure au flanc de l'étrangerun feuillet suspendu à sa prochaine prose)Sur la terre apaisée, sous le vent, dans les cieuxça bruisse encore un peu de palabres discrets...La bougie au chevet de rivages précieuxrapporte mille feux à tes cheveux défaitsMille et un feux plus haut s'échangent des oraclespour, une heure au théâtre, être encore à brillerUn parfum d'océan se mêle au chant des arbresUne bruine engourdie vient me lécher les piedsdes landes le jersey se ravine de marbrePromis, je dormirai à la fin du spectacleXIL'horizon qui finit toujours par se signerde l'est à l'occidentefface en souriantde tous les feux mourants de sa bouche fardéele peu que la journéeaura su grappillerà la table dressée pour des mages convivesJe promène à sa rive et la ville-océangrosse d'un nouveau chantenvahit ma coursivey vient prendre son tempsXIIJe garde, nyctalope, à l’œil un autre jourtiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKIllustration : Jean-Pierre BOUYGE, photographe. -
Mésignorances
CRASSE
Le temps ne passe pas, par ici - et pour cause !
Il a vidé les lieux en relevant ses jupes
Il n'a laissé, au mieux, qu'un sale jeu de dupes
Alors il pleut, partout; sur la chair et les chosesLa merde plaint les yeux qu'oblige le regard
à chercher dans la boue devant soi, pas plus loin
où ne coucheront plus ni l'orge ni le foin
mais de quel vilain trou surgira le BazarLe sang s'est réfugié, comme il a pu, là-haut
sous le casque trop fin d'un songe caverneux
écorne les parois, l'ongle maigre, crasseux
révoquant les endroits de séjours blonds et chaudsLa gerbe s'est dressée d'un coup, m'a pris le corps
Envahi de l'espoir d'atteindre le soleil
je suis dans le Bazar, à mes frères pareils
mort avant de tomber; pour quoi ? ça, je l'ignore...***
BEATE
Quelque lieu hors la ville, à deux pas du camion.
- Dis-moi, quelle heure est-il ?
- 'cune idée...
- ...c'est cool, non ?***
OUBLIEUSE
Je ne veux pas savoir où vont les météores
pour mieux leur attacher les rubans de mes songessais bien d'où vient le vent, mais pas ce qui le pousse
à se mêler de nous chatouiller la chemiseaime l'inattendue douceur de ton sourire
même logée au fond de ton vaste sommeil***
POLÉTIQUE
Oronge
Pousse-mise
RirommeilY on est-il une idée ?
Fête & Cause
pour les choses
du regard sur le bazarVé, là-haut
blonds z'et chauds
nos corps fous de soleil !
tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#193 -
Lès Ailleurs
Ils marchent
peut-être vers le temps qu'il fait
Vers le temps qu'il fait, mais ailleurs
« Ailleurs, il fait toujours meilleur »
alors, ils marchent sans arrêt
juste de quoi se restaurer...
juste un moment pour admirer...
quand ils ont besoin de dormir
pour être en forme et repartir...
avec le jour qui les attend
là-bas, ailleurs, évidemmentElle avance
au pli du coude une évidence
bien à l'abri au fond du sac
Un panache de Bergerac
lui fait porter haut le menton
Fût-elle sortie de prison
elle n'en serait pas moins fière
Elle compte sur un mystère
s'est administrée le pardon
Sa foulée neuve sur la terre
emporte son rire intérieurIl hait l'heure
du départ ou de l'arrivée
enfin, tout ce qui fait bouger
les lignes qui devront plier
comme le ciel dans l'attraction
la planète en révolution
l'univers à son expansion
le merdier géant de l'Histoire
et ses huissiers gantés de noir
qui viendront frapper à sa porte
et déposer leur Lettre MorteC'est en route
À chaque instant, ça se rapproche
Ça ne veut laisser aucun doute
C'est inexorable; c'est moche
et ça veut nous tomber dessus
La fuite serait superflue
c'est la suite logique et froide
Aucun espoir ne la balade
Aussi cheminons de concert
dans un ensemble utilitaire« Ça roul' bien... »
« Tu mets la radio ? »
« Oh, pas de suite; c'est cool, là, non ? »
« Si, mon amour, tu as raison... »
« On aurait dû le faire avant. »
« On y est. C'est ça l'important. »
« Ouais, tu as raison, mon amour. »
« Et puis, quel adorable jour ! »
Un rond-point, bientôt l'autoroute
Loin derrière, le vieil Hondschoot
Déjà, la croisée des cheminsSous les arcades, cinquant' saints
se tapent la tripe, se gaussent
pointent la jauge, la rehaussent
et réclament, pour le Banquet
une Caverne sans pitié !tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Plat, c'est beau...
Pour un tour de roues, trois pas en arrière
Une manivelle armée sur le front
j'arrache un rayon au disque éphémère...Le port ne dit pas qu'elle est l'arraison
qui sabre des pions l'envie de mystère
à quai, pour de bon !Allons, mais allons !
Juste à l'horizon fleurit un espoir :
lire enfin l'histoire à ses frondaisons...Chante, Madelon ! Nos pas, nos déboires
nos rires garçons
et leurs à-valoirs sur tes francs jupons...En route, bordels ! cirques ! panacées !
Mettons la branlée aux arrestations !
C'est pas tous les jours qu'on a le ticket...Barjots sur le fleuve, où allez-vous donc ?
Quoi, parmi les joncs ?
Quelle orientation, quelle épreuve en naît ?Oh, staticités !
Si j'en demandais humblement pardon
pourrais-je embrasser ma destination ?tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#191