strabismes - Page 2
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Birdie
Ce matin... Mâtin, Ô Mâtin !(mais bon, comme tous les matins)j'ai ramassé quelques oiseaux chus dans la courbergeronnettes z’et vautoursnombre pigeons gavés de pain- jamais le merle !logé dans mon surreau comme une perleCe midi - quoi que tu m'y dis !J'ai renforcé mes abattisIl était temps que je m'y mette, avant l'orage...pour conforter cet avantageaussi précaire qu'insoumisdu verbe lent !qui m'autorise encore un sentimentEnfin ! Enfin, voici le soir !Je me glisse dans sa baignoirey révise tous mes savonsescompte y recouvrer les nomsperclus dans une vaste peineperdus pour les rires sonoresà l'alarme presque inodorede la nuit embaumant leurs corpsFantomatiques régalades !que n'êtes-vous à la parade ?Pour qui chantez-vous désormais ?Âmes, profondément aiméesliées par la soie ou l'haleineoù sont vos regards miroitants ?Je me suis assis sur vos banspour en mesurer le sermentInutile - et donc, absolu !(à cette heure, on m'y prendra plus !)S'il-vous-plaît, ne me mentez plus...L'amour vibre quelques instants(pour quelques moments suffisants)sans prétendre s'éternisermais touchant à la majestéd'un partage furtifdont se nourrit le pas, sous les peupliers, sous les ifsIlustration (cliquer pour agrandir) : Gaëna da Sylva, photographe. -
caisse, hier
Le cœur a sa fenêtre ouverteLa forêt bien rangée devant brûle tout son flanc droitÇa va chauffer plus fort à présent, sous les toitsque, sur le bout des doigts, ont repris les décomptesdes passagères honteset des gentils émoisquand, depuis l’occident un vent court à sa perteOu c’est peut-être moi qui me fais à l’idéeque le jour a passé sans que je ne le voisnichée toi, niché moidans quelque dé à coudreavec nos grains à moudre – et de concert, encore !jusqu’au délit des corps dans le content des chairsMais – je ne rêve pas…cela fait bien longtemps que tu n’es plus personneque je n’ai que dix doigtspour joindre mes deux braset que je m’époumone à maudire l’automnequand l’hiver est bien là, en bas, rue SalomoneOu alors quoi ? Courir ?Bondir, là ! sur tes pas qui se sont effacésdepuis quelques années vers un autre Agadirsa paire de saphirs et son autre patois ?Puisque je les entends toujours dans l’escalierJe ferme la fenêtreLa forêt peut brûler, je m’habille de fleuve !Qu’est-ce… j’allais chercher…en traversant la pièce où tu restes cachéedans ta dernière épreuve ?Pour que je m’en émeuve, tout l’être !Ça, qui me le dira ?tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -
absolue dévotion
Sans être chacun d'eux, tu les absorbes tousles yeux à peine vus, les visages amiset ceux mis à sécher aux murs couverts de moussequi font à ses parois la margelle du puitsoù se jettentquelque fois par mégarde, et la larme et sa fêteIls n'eurent ni n'auront le Seul Nom que tu portesqui les a rassemblés sans battre le rappelLe dire, c'est lécher la parole essentielleà l'entendre, la main tremble devant sa porteEt rien qui ne ressemble au monde à ta venuepuisque tout y paraît fraternelle évidencecomme sur le trottoir les foulées inconnuesou la robe du soir tirant sa révéranceau-delà des toituresallant à l'horizon recoudre les bords dursNulle sombre équation à ta ligne harmoniquemusique exponentielle égaillant son accordsur la moindre parcelle œuvrant à son essoren n'ayant pas idée d'où vient sa dynamiqueun œil sur le regain, l'autre lorgnant le sorttiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un impromptu avorté, mes Chères Scribouilles -
bleu pâle
La chaleur mollissait. Quant à moi – pour l’avoir bien battue ! je finissais de polir cette peau chagrinée que m’avait revendue un vieil amour de foire. Tu connais cette histoire, elle ne t’a jamais plu.
Mordent les mots, tanne l’heure…
La fadeur éluda le nombre des Jamais
tant qu’à son front déjà crissent des plis de suaire
où ne craignent le vent ni sables ni poussières
et se lisent, mauvais,
de vilains songes
leurs salves trait pour trait
refusant au tableau d’aller passer l’éponge
« Oh, pardon, j’ai fini, oui. Le temps de remballer mes outils et je te laisse la place… Amuse-toi bien. Il fait moins chaud, déjà. »
Connue, la rue me prenait en patience. Un peu de pain, ici. Là, un air de piano. Un morceau de fromage, quelques pas plus avant. De « coucou ! », de « hello ! », du « comment ça va-t-y ? » Point. Zéro. Je ne suis pas du genre qu’il faut et je m’en accommode assez, depuis que j’ai quitté mon quartier pour m’installer dans les parages. Oui, bien sûr, à mon avantage, après ce qui m’est arrivé. Depuis, je soigne mon incognito, disons… paradoxal, qui appelle ou fait fuir des regards étonnés ou sales.
D’absence de mots naît l’horreur…
Des yeux dans tous les sens ! Des bouches !
Les cinq, envahis par le monde !
J’ai l’impression d’être un cartouche
dans les yeux d’une sotte blonde
Ma joie se perd dans le chien qui fait un écart
Je ne rentrerai pas chez moi, quoiqu’il fût tard
« Non, ça je peux pas te dire. Simplement, au mois de mai, l’an passé, après avoir bu mon café du matin, je vais où tu penses, je me lave les mains, lève le nez et découvre dans le miroir un type étrange qui me regarde avec un air effaré. Blanc comme un linge maladif. Les yeux presque aussi pâles, furtifs. Oui, fuyants, brusquement – comment dire… par saccades, avec une frénésie de mécanique emballée, déréglée ! Bêtement, je me retourne… La douche, comme d’hab… Personne dedans. Je reviens au miroir, et là, je comprends… Le macabre, c’est moi - moi le caribéen d’origine ! affublé de cette peau livide, de cette morbidité sordide, incurable, avec ce regard fou, partant de partout. Stupeur, peur, incrédulité, déni, docteur, d’autres docteurs, leurs examens, cauchemardesques abymes – et au fond ? rien ! Suées, incompréhensions, questions pressantes, quotidiennes, bouche bée sans réponse : déménagement ! Et dans la tête, obstinément, ce lent tourment de Jean Sablon (un vieux, mais alors très vieux truc) : Vous Qui Passez Sans Me Voir… Consternations. Constipation. Relâche ».
Mes outils à la taille, je rentre pour manger mon pain. Ce soir, j’ai Groupe de parole. Et je n’aurais rien à y dire que : Toujours, Le Même, Pavé Dans Le Four ? … Inexplicablement….
Non, pas ce soir ! Ce soir, je sors de ma réserve. Je ne suis plus cet être figé qui s’est réveillé un jour albinos, inexplicablement. Désormais résolu à m’accommoder de ce handicap, je veux m’exprimer devant mes pairs.
Marre de passer pour un bleu !
pour un Impromptu Littéraire - tiki#227Illustration dénichée sur Hibiscus jaune -
nouvelle donne
Je grave d'un nom le reversSouvenir à-même la peauJ'ai nagé jusqu'au fond des mersJe n'ai jamais vu MexicoLe Slumbush a mangé ma mainAu moment de hurler au loup(quand bien même je saigne encorealors, autant combler le trou)Meure le socle des forêtsJe n'ai pas rangé ce matinPour avoir brisé nos jouetsL'enfant mort-né des tentationsCe matin, je mâche un lotusLa tempête navigue au prèsPar cette couronne d'amourJe lie ma fièvre au masculintiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK