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strabismes - Page 2

  • Birdie

    Ce matin... Mâtin, Ô Mâtin !
    (mais bon, comme tous les matins)
    j'ai ramassé quelques oiseaux chus dans la cour
    bergeronnettes z’et vautours
    nombre pigeons gavés de pain
    - jamais le merle !
    logé dans mon surreau comme une perle
     
    Ce midi - quoi que tu m'y dis !
    J'ai renforcé mes abattis
    Il était temps que je m'y mette, avant l'orage...
    pour conforter cet avantage
    aussi précaire qu'insoumis
    du verbe lent !
    qui m'autorise encore un sentiment
     
    Enfin ! Enfin, voici le soir !
    Je me glisse dans sa baignoire
    y révise tous mes savons
    escompte y recouvrer les noms
    perclus dans une vaste peine
    perdus pour les rires sonores
    à l'alarme presque inodore
    de la nuit embaumant leurs corps
     
    Fantomatiques régalades !
    que n'êtes-vous à la parade ?
    Pour qui chantez-vous désormais ?
    Âmes, profondément aimées
    liées par la soie ou l'haleine
    où sont vos regards miroitants ?
    Je me suis assis sur vos bans
    pour en mesurer le serment
     
    Inutile - et donc, absolu !
    (à cette heure, on m'y prendra plus !)
    S'il-vous-plaît, ne me mentez plus...
    L'amour vibre quelques instants
    (pour quelques moments suffisants)
    sans prétendre s'éterniser
    mais touchant à la majesté
    d'un partage furtif
    dont se nourrit le pas, sous les peupliers, sous les ifs
     
     

    Gaëna da Sylva, photograpies, imageries d'art

    tiniak ©2015 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Ilustration (cliquer pour agrandir) : Gaëna da Sylva, photographe.
  • caisse, hier

    Le cœur a sa fenêtre ouverte
    La forêt bien rangée devant brûle tout son flanc droit
    Ça va chauffer plus fort à présent, sous les toits
    que, sur le bout des doigts, ont repris les décomptes
    des passagères hontes
    et des gentils émois
    quand, depuis l’occident un vent court à sa perte
     
    Ou c’est peut-être moi qui me fais à l’idée
    que le jour a passé sans que je ne le vois
    nichée toi, niché moi
    dans quelque dé à coudre
    avec nos grains à moudre – et de concert, encore !
    jusqu’au délit des corps dans le content des chairs
     
    Mais – je ne rêve pas…
    cela fait bien longtemps que tu n’es plus personne
    que je n’ai que dix doigts
    pour joindre mes deux bras
    et que je m’époumone à maudire l’automne
    quand l’hiver est bien là, en bas, rue Salomone
     
    Ou alors quoi ? Courir ?
    Bondir, là ! sur tes pas qui se sont effacés
    depuis quelques années vers un autre Agadir
    sa paire de saphirs et son autre patois ?
    Puisque je les entends toujours dans l’escalier
     
    Je ferme la fenêtre
    La forêt peut brûler, je m’habille de fleuve !
    Qu’est-ce… j’allais chercher
    …en traversant la pièce où tu restes cachée
    dans ta dernière épreuve ?
    Pour que je m’en émeuve, tout l’être !
     
    Ça, qui me le dira ?
     

    poésie lubrifiante,lol y tasse, dé à coudre

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki# 232 
  • absolue dévotion

    Laurence Le Masle, la chienne !Sans être chacun d'eux, tu les absorbes tous
    les yeux à peine vus, les visages amis
    et ceux mis à sécher aux murs couverts de mousse
    qui font à ses parois la margelle du puits
    où se jettent
    quelque fois par mégarde, et la larme et sa fête
     
    Ils n'eurent ni n'auront le Seul Nom que tu portes
    qui les a rassemblés sans battre le rappel
    Le dire, c'est lécher la parole essentielle
    à l'entendre, la main tremble devant sa porte
     
    Et rien qui ne ressemble au monde à ta venue
    puisque tout y paraît fraternelle évidence
    comme sur le trottoir les foulées inconnues
    ou la robe du soir tirant sa révérance
    au-delà des toitures
    allant à l'horizon recoudre les bords durs
     
    Nulle sombre équation à ta ligne harmonique
    musique exponentielle égaillant son accord
    sur la moindre parcelle œuvrant à son essor
    en n'ayant pas idée d'où vient sa dynamique
    un œil sur le regain, l'autre lorgnant le sort
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un impromptu avorté, mes Chères Scribouilles

  • bleu pâle

    La chaleur mollissait. Quant à moi – pour l’avoir bien battue ! je finissais de polir cette peau chagrinée que m’avait revendue un vieil amour de foire. Tu connais cette histoire, elle ne t’a jamais plu.

    Mordent les mots, tanne l’heure… 

    La fadeur éluda le nombre des Jamais

    tant qu’à son front déjà crissent des plis de suaire

    où ne craignent le vent ni sables ni poussières

    et se lisent, mauvais,

    de vilains songes

    leurs salves trait pour trait

    refusant au tableau d’aller passer l’éponge

    « Oh, pardon, j’ai fini, oui. Le temps de remballer mes outils et je te laisse la place… Amuse-toi bien. Il fait moins chaud, déjà. »

    Connue, la rue me prenait en patience. Un peu de pain, ici. Là, un air de piano. Un morceau de fromage, quelques pas plus avant. De « coucou ! », de « hello ! », du « comment ça va-t-y ? » Point. Zéro. Je ne suis pas du genre qu’il faut et je m’en accommode assez, depuis que j’ai quitté mon quartier pour m’installer dans les parages. Oui, bien sûr, à mon avantage, après ce qui m’est arrivé. Depuis, je soigne mon incognito, disons… paradoxal, qui appelle ou fait fuir des regards étonnés ou sales.

    D’absence de mots naît l’horreur…

    Des yeux dans tous les sens ! Des bouches !

    Les cinq, envahis par le monde !

    J’ai l’impression d’être un cartouche

    dans les yeux d’une sotte blonde

     

    Ma joie se perd dans le chien qui fait un écart

    Je ne rentrerai pas chez moi, quoiqu’il fût tard

     « Non, ça je peux pas te dire. Simplement, au mois de mai, l’an passé, après avoir bu mon café du matin, je vais où tu penses, je me lave les mains, lève le nez et découvre dans le miroir un type étrange qui me regarde avec un air effaré. Blanc comme un linge maladif. Les yeux presque aussi pâles, furtifs. Oui, fuyants, brusquement – comment dire… par saccades, avec une frénésie de mécanique emballée, déréglée ! Bêtement, je me retourne… La douche, comme d’hab… Personne dedans. Je reviens au miroir, et là, je comprends… Le macabre, c’est moi - moi le caribéen d’origine ! affublé de cette peau livide, de cette morbidité sordide, incurable, avec ce regard fou, partant de partout. Stupeur, peur,  incrédulité, déni, docteur, d’autres docteurs, leurs examens, cauchemardesques abymes – et au fond ? rien ! Suées, incompréhensions, questions pressantes, quotidiennes, bouche bée sans réponse : déménagement ! Et dans la tête, obstinément, ce lent tourment de Jean Sablon (un vieux, mais alors très vieux truc) : Vous Qui Passez Sans Me Voir… Consternations. Constipation. Relâche ».

    Mes outils à la taille, je rentre pour manger mon pain. Ce soir, j’ai Groupe de parole. Et je n’aurais rien à y dire que : Toujours, Le Même, Pavé Dans Le Four ? … Inexplicablement….

    Non, pas ce soir ! Ce soir, je sors de ma réserve. Je ne suis plus cet être figé qui s’est réveillé un jour albinos, inexplicablement. Désormais résolu à m’accommoder de ce handicap, je veux m’exprimer devant mes pairs.

    Marre de passer pour un bleu !

     

    albino model,albinos

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#227
    Illustration dénichée sur Hibiscus jaune

     

  • nouvelle donne

    Je grave d'un nom le revers
    Souvenir à-même la peau
    J'ai nagé jusqu'au fond des mers
    Je n'ai jamais vu Mexico
     
    Le Slumbush a mangé ma main
    Au moment de hurler au loup
    (quand bien même je saigne encore
     alors, autant combler le trou)
     
    Meure le socle des forêts
    Je n'ai pas rangé ce matin
    Pour avoir brisé nos jouets
    L'enfant mort-né des tentations
     
    Ce matin, je mâche un lotus
    La tempête navigue au près
    Par cette couronne d'amour
    Je lie ma fièvre au masculin
     
     

    poésie,nouvelle donne,playlist,musicale idée,manifeste poétique,polétique

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK