défi du samedi
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Sur prise
Quand, énorme, vient la surprise- qu'on se le dise et c'est tout vu !un vent me prend par le jouffluIl me massacre l'intérieurpour y attiser des ardeursque je ne savais pas nourrirsur le brasier de mes désirsTout oublié, mon nom, mon âgem'emplis, me gonfle d'un orageet fourbis un lent grondementoù s'accroît mon étonnementde n'en pas maîtriser la causeMaintenant, voici que j'explosemasquant mon trouble d'un éclatde rire fou d'être encor làla joue rougie d'inexpertise :une fille m'a fait la bise !!tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un Défi du Samedi (à venir) -
Trois pas de plus
Un pas de plus dans la foulée aléatoire...Trop tard t'aurais-je méconnue ?Je viens; tu vas; ils vont et viennent...Ne serai jamais tien, pas plus que ne fus mienneJe vois tes yeux fermés à la vérité nue...Humble dans ce crâne boudoirje fais les cent pas dans le noiren rognant à l'aveugle une amertume inerteDes mélodies charrient des sourires à perteet, sans fin, des silencesamenant la grand voileà ce mât d'acajou cargué devant le sortÀ deux pas du vieux port, tu t'enivres d'oubli...L'ombre à qui tu sourisne me ressemble paspuisque tu n'entends pas mon chant ni ses débordsCette douleur, au vrai, je ne veux rien en perdreet bois son vin de cèdreau goulot, sous le cieloù je sais l'hydromel qui nous a rassemblésTrois derniers pas lancés sur le monde incertainme traversent les mainsde pleurs bien inutilessauf à croire fertile un amour absolu -
Opéra bouffe
Plus haut la garde, mon amour !Je crains pour ton noble visage...Vois, comme la montagne est sageet maintient fermes ses contours...Plus haut, le rideau sur la tringle !si tu veux occulter icil'intime jeu de nos partispris au modèle de la junglePlus haut ! Plus haut ! Nos yeux ensemblevers notre festin amoureuxassis à la table des cieuxoù rêvons comme bon nous semblePlus haut, le bonheur attendude se goûter la carne folled'être à deux une farandoleet résoudre notre inconnuePlus hauts, nos bras nus dans le cielplaidant le délai quotidienarguant de notre rachidiencomme du plus pur hydromelPlus haut, mon sexe dans ton ventrepour t'entendre crier mon nomet raccorder mon diapasonà ce qui nous ramène au centrePlus haut ! Toujours plus haut que làoù s'agrègent les imbécilesqu'ils soient de campagne ou de villeet réfutent notre opéraPlus haut, plus haut ! Je t'aime touteen ce rêve esseulé, sans douteMais chut, ne le répète pas.tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un Défi du Samedi -
La maison violée
La maison les yeux clos, la bouche entrebailléefigée dans la stupeur, m'a fait lever le nezsous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuilleque j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,de me jeter au fond, d'aller lui déflorertous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offertcomme on se connaissait - pas tout-à-fait d'hier,et qu'il ne pleuvait plus.J'avançais mollement dans la gorge nouéede la maison glacée qui ne respirait pasni l'air dans les cheveux défaits de la voisine(la forêt de Perseigne avec son vin mauvaisdepuis qu'on lui a tué son loup, son grand corbeauet le petit mulot qui lui fisait les pieds)ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteauune écharpe et des gants.Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors- et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!Ça filait droit devant, sur la maison livideet je distinguais bien comme ça soufflait fort.C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peuJ'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,un vilain sanglier fuyant devant la courreet puis, ça disparut.Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branchesaprès avoir foulé le potager couvert,au dos de la maison qui pleurait en silence.En emportant plus loin son étonnant vacarme,ça ravageait l'hiver avec obstination.Je restai interdit, un moment, sans raisoncaressant la maison, apaisant sa souffranceet son cœur en alarme.tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKpour un Défi du Samedi -
Colo'rieur
Après avoir mâché de moissons insondables
les bienfaits ignorés, bercé d'un vent d'automne
je me regarderai jusqu'au fond la personne
où me découvrirai ce métier improbable
et très providentiel de peintre enjoliveurJ'aurai ce tablier saturé de nuances
qui se porte ceintré de noir sur un fond bleu
Irai, palette au poing, promener en des lieux
où l'Ignoble dispute aux humbles espérances
un siège réputé aux louables ardeursMettrai mon chevalet contre le drapé jaune
qu'un sable sans marée d'un océan perdu
a jeté sous les pieds de nomades sans but
qui ne leur fût dicté par une obscure faune
et sa haine avérée des intimes langueursPuisque je serai nu sous mon bleu de travail
ne fermerai les yeux sur nulle crudité
Y tremperai la pointe aiguë de mon stilet
tel Rémi Caritey menant libre bataille
avec son OEil-village, en aurai du bonheurEt, comme L'Arbre en nous réclame son partage
me mettrai à genoux devant la graine en germe
qu'elle soit d'autre sang ou de mon épiderme
je lui peindrai des ciels dignes de son courage
tant que l'Humanité n'écoute pas son coeurJe peindrai des oiseaux sur les Hôtels de Ville
brouillerai d'indigo les partis incendiaires
rougirai les drapeaux des ombres délétères
pour rendre aux Saligauds ce que nous vaut leur bile
et leur vaine entreprise aux morbides ferveursJe ne finirai pas ! Passerai le flambeau
à d'autres comme moi qui aiment l'omelette
que l'on tire des champs, des bois, à la sauvette
et désireux, et francs, et portant leur fardeau
comme un éclat de rire arrogant et sans peur !tiniak © 2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un défi du samedi