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strabismes - Page 9

  • La paix !

    si personne ne le dit, je le pense... 

    La paix ! La paix, les chiens ! C'est quoi tout ce tapage ?
    Après qui, quoi, quel enfer, hurlez-vous, ce soir ?
    Laissez mon nom tranquille et rangez vos bavoirs,
    je ne lâcherai rien ! Je connais trop mon âge.

    Ah, c'est bien, taisez-vous ! L'heure est à autre chose.
    Vous avez bien mangé; vous dormez sous mon toit;
    votre chienne au côté vous murmure sa loi
    et couinez comme un chiot qui n'a pas eu sa dose !

    Poilus de pied en cap, conquis d'une caresse,
    réglés mieux qu'une montre, à votre routinière,
    vous balisez, sans honte, à l'arbre, au réverbère
    de pisse votre chair - indolente paresse !

    Ah, suffit ! Merci bien ! Je vous nourris, vous sors,
    vous flatte de la main, vous nomme, vous appelle,
    vous attribue chacun une âme personnelle,
    Et vous me jouez quoi ? Cet opéra de mort ?!

    Il est depuis longtemps enterré, le voisin
    (elle l'avait quitté depuis peu, la voisine).
    Mais quoi ! Quel est le jeu ? Quelle rage canine
    vous fait hurler si fort, en ce petit matin ?

    Xénophobe ne suis, je ne vous juge pas;
    mais c'est quoi ce vacarme sous le ciel inerte ?
    Vous chantez ? Vous pleurez ? Vous me donnez l'alerte ?
    Vous ne m'apprenez rien, l'horreur est déjà là.

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustr'action RADIOHEAD '2+2=5' 

    Pay attention! (follow 'Vanilla Skies'...)
    Then enjoy them, FROM THE BASEMENT

  • Le jugement du singe

    Singe en cage à l'œil vitreux
    quand tu passes, mon sang flaire
    celui sous ta pâle chair
    lande frêle, fin rivage
    que longent des voiles bleus
    porteurs de gourmands présages
    ta caresse… un mot ou deux…

    J'ai toujours vécu ici
    sous le nom que tu me donnes
    Parfois, tu me le fredonnes
    et j'y entends de l'amour
    ou ce que j'en ai compris
    quand l'ombre a mouché le jour
    et que je songe à ma vie

    Je révoque des forêts
    l'abri touffu des collines
    la sieste sur l'herbe fine
    la surprise d'une baie
    que la fresque sur les murs
    le béton sous le rocher
    de cette villégiature
    ne peuvent pas égaler

    La tribu que je côtoie
    dont je sais tous les visages
    me rappelle à mon grand âge
    et m'agrée force de loi
    d'autorité, sans abus
    mais je n'éprouve de joie
    qu'au moment de ta venue

    Alors, ta seule présence
    quoique discrète et fragile
    maniant tes ustensiles
    distribuant notre pitance
    manifeste d'un regard
    sans futile déférence
    l'évidence d'un égard

    Pour moi, en particulier
    ta voix prodigue - merveille !
    la chaleur d'un franc soleil
    quand il pleut sur le gravier
    de l'allée enfin paisible
    et contente mon entier
    par ton attention sensible

    Mais ce soir, quel est ce linge ?
    C'est un nouvel uniforme
    chargé de sévère norme
    qui m'agite les méninges
    Son cirque sent la menace...
    On n'apprend à un vieux singe
    pas à faire des grimaces !

    Pongo Bong!

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

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  • bench holy day

    Au clocher sonnait le rappel
    séculaire et dominical
    des bonnes âmes provinciales
    « C'est l'heure, allons ! Au rituel ! »
    Et ding... Et dong... Eh, Ritournelle !
    On a vu plus gai, pour un bal !
    Aux collets bruissent des crécelles
    (faisant foi de leur principal !)

    Le mois de mai s'est oublié
    chez quelque voisin débonnaire
    faiseur de bons mots, bonne chère
    et moins chrétien que sa moitié
    qui se presse au bras de sa mère
    comme elle tordue et voûtée
    Miséricorde en bandoulière
    et comptant jusqu'au Petit Lait

    Je voyais cela vaguement
    l'esprit troublé par les oiseaux
    qui braillaient parmi les rameaux
    leur tournant le dos, sur un banc
    à ce coin de rue peu passant
    quand les braves sont au repos
    à leur office les dévots
    et tapis tous les mauvais sangs

    Je regardais mes pieds sans faim
    (fis pourtant quelque découverte :
     ce qui circule sur l'inerte
     apparemment n'a pas de fins)
    quand les vieilles de ce matin
    devisant sur l'Homme en expertes
    commentant l'Ordre et le Commun
    s'assirent aux places offertes

    Près de moi ! Ces protubérances !
    Ça y allaient sur les Couillons !
    leurs simagrées, leurs dévotions
    leurs si malingres existences
    - et moi qui flattais le Bourdon...
    tenant chacune son pochon
    vilipendaient les négligences
    « ... au sein même de Sa Maison !... »

    Ne me suis jamais pensé vieux
    - et encore moins vieille pie !
    mais je m'avisais que mon dit
    autrement, mais n'eût pas fait mieux !
    Le ton était presque joyeux
    Le sarcasme avait de l'esprit
    ponctué de francs et coquins ris
    ou de longs soupirs sentencieux

    Le printemps pouvait bien attendre
    Hiver avait un goût sublime
    Je restai là, à les entendre
    (elles me suggéraient des cimes !)
    Si l'on me demande, à tout prendre
    j'aime autant être leur intime
    que de ceux qu'elles voulaient pendre
    ou mettre au cul la carte SIM !

    Elles m'auront laissé sans suite
    m'ayant ignoré tout du long
    (je n'étais qu'un Jeune Couillon
     à peine lavé de sa cuite !)
    et, chacune avec son pochon
    marqué au sceau du Huit-à-Huit
    s'en retourna vers sa maison
    sans raison de prendre la fuite

    poésie,hypocrisie,idées reçues,banc,photographie,gaëna da sylva

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
     

  • Et pour la faim des temps

    NOTRE COMBAT, 2007.

    Oh, Bête ! Ma Bête ! Très chère Bête...

    Il me semble sentir à nouveau sur ma nuque
    le feu de tes naseaux que l'on disait caducs

    Ce n'est pas dans le vent que me vient ce mirage
    C'est la folie du temps qui rameute sa rage

    Et ça vient - oh, c'est sûr ! et comme je l'attends
    le front contre le mur, en bouche un goût de sang

    Oh, ta faim me dévore ! Ah, j'ai faim, moi aussi
    de ravager les corps où se terre la vie

    NOTRE COMBAT, 2007.de marquer de mon fer à ton sceau régalien
    la trop vilaine chair au trop libre destin

    de marcher en bon ordre entre tes membres durs
    terrible, prêt à mordre et répandre l'injure

    de porter le carnage au point où tu m'envoies
    de ton simple langage, écho de mes abois

    de réduire l'esprit, l'art et la rhétorique
    à plus sobre énoncé, à l'unique métrique

    Oh, oui ! ce sera fête, et pour un millénaire
    ton empire, Ô ma Bête, imprégnera les chairs

    Et ce sera bonheur, honneur et satiété
    pour les bouches sans cœur venues se restaurer
    à ton sein

     

    Ô, Bête ! Oh, chère Bête ! entame ce festin :

    Mange-moi pour l'exemple ! Arrache-moi les yeux !
    Que ma mort te ressemble et que j'en sois heureux

    Après, tu me chieras sur les fosses communes
    que ça fleure le gras terreau des pestes brunes

    Ton souffle poussera aux seuils de la raison
    le fétide agrégat de nos exhalaisons

    Ruinant tous les bourgeons des consciences en herbe
    leur inoculerons la mort jusqu'à la gerbe !

    Ah oui, ce sera beau ! Et, oui, ce sera grand
    Bête, ton renouveau... hait pour la faim des temps !

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustrations extraites de NOTRE COMBAT © Editions du Seuil, 2007.

  • Ma dépouille

    Lisa Nilsson, Tissue series (2012)

    Sans bruire
    à peine plus que l'ombre et bien moins qu'un soupir
    (ce vacarme du cœur qui n'ose pas hurler)
    dire comme je suis d'un regard éloquent
    d'un geste pertinent t'atteindre, te suffire
    un instant... s'il te plaît...

    Sans peur
    après la course folle après l'insaisissable
    avec le souffle ras comme un ra de tambour
    achever dans tes bras, du soir au point du jour
    le rêve que j'aurai dessiné sur le sable
    ami... abandonné...

    Sans phare
    ni gloire autres que l'art et de s'y consacrer
    révéler ton sujet, universelle épure
    épris de l'aventure où je te reconnais
    dans le signe soudain juste à son épissure
    chair et songe mêlés
    dans l'animale idée que l'on sème

    Alors, en un silence
    paisible et dépouillé
    entamer une danse

    Notre amoralité
    jouant son existence
    face au ciel étonné que l'on s'aime

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Lisa Nilsson, Tissue series
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