Trop léger pour sa peine
tiniak mains dans le dos
cherche aux Bois de Gahenne
à se faire un cadeau
avise une lanterne
à travers les bouleaux
qui dominent la plaine
où coule lente l'eau
la lueur qui l'entraîne
vient d'un lointain château
L'emprise souveraine
le mènera bientôt
sur l'allée de vieux chênes
que les coquelicots
rendent plus homogènes
et comme à demi-mot
apaisant la mondaine
scène de ce tableau
de facture romaine
servent sur un plateau
Au sortir de Gahenne
se lançant à l'assaut
de l'imposant domaine
se figurant héraut
de quelque châtelaine
tiniak le péquenot
avance à perdre haleine
rêve à quelque magot
au jupon d'une reine
et autres jambonneaux
De marbre et d'obsidienne
de petits angelots
encadrent la gardienne
- qui n'a rien d'un cageot!
toisant l'énergumène
sous son large chapeau
sa pose pharisienne
lui fait froid dans le dos
" Je m'en viens de Gahenne "
avance le penaud
" Mais qu'à cela ne tienne!
Entrez donc, mon tout beau.
Je ne suis draconienne
qu'envers les parigots.
Qu'est-ce qui vous amène
en ces temps automnaux ? "
dit d'un ton fort amène
l'imposante margot
au cheveu noir ébène
et l'oeil un rien cabot
" Je veux noyer ma peine
en me faisant cadeau
d'une chaleur humaine
qui ne fasse défaut
ni ne soit tragédienne
car j'ai dans le cerveau
une faim rachidienne
à satisfaire, pronto! "
dit à la riveraine
le poète faraud
" - Jugez de l'avant-scène
que j'ai sous le jabot...
- Aucune bohémienne
n'a de seins aussi beaux!
- Et sous ce bas de laine,
admirez le cuissot...
- Que le diable me prenne!
La soie de cette peau
damnerait la lesbienne
comme le plus phalo'! "
Brisant ça, la rengaine
les fougueux tourtereaux
se visitent la couenne
le con, le haricot
et d'une même haleine
aux portes du château
confondent leurs dégaines
en un grand numéro
cavalcade soudaine
impétueux rodéo
la danse arachnéenne
des deux godelureaux
finit dans la fontaine
en un doux concerto
de cadence pelvienne
allant decrescendo
clore cette païenne
orgie de libido
" - Revenez sous huitaine
j'aurai des escargots.
- J'en mange des douzaines!
- Entendu, mon pélot.
- Tope-la, Madeleine
je reviendrai tantôt
profiter de l'aubaine.
- Et jouir du château ?
- En vrai croque-mitaine!
- File donc, rigolo... "
Innocent aux mains pleines
tiniak tourne le dos
à l'auguste maraine
sous son grand sombrero
le chemin de Gahenne
happant ses godillots
de nouveau le promène
par les monts et les vaux
aux couleurs coralliennes
de l'or à l'abricot
" Quel cadeau! "
norbertiniak © 2007 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK