L'archaïque fanal d'une horde païenne
- nuée d'ombres surgies d'un foyer abyssal
implorant les esprits de ne pas mettre en berne
tous les espoirs placés dans cette bacchanale,
flottait sur la paroi au fond de la caverne
Sitôt qu'elle arriva, sa force naturelle
fit se taire les chiens, les cris et les tambours
déployant un long bras comme l'aigle son aile
elle entonna alors un chant troublant et sourd
qui raviva la danse
Il y était question de célébrer la terre
les femmes, le visage à même un sol cendré
de leurs croupes cambrées dressaient l'oignon offert
aux viriles vigueurs qui devraient s'y loger
pour y porter semence
Les vieux et les enfants battaient des peaux tendues
par des vieilles séchées, grondant pour les plus vives
au tonnerre des râles ajoutant leur tribut
tandis que nasillaient les autres, maladives
et tristes déchéances
La Reine que ceignait une peau d'orignal
apporta du dehors les effluves poivrés
d'un été déjà mûr aux humeurs automnales
et, flattant la crinière, appréciant le fumet
se joignit à la transe
De ces accouplements sachant les plus fidèles
elle approcha les couples nés de l'occasion
prodiguait ses conseils à celui comme à celle
dont la trop vive ardeur ou quelque position
amoindrissaient les chances
Puis elle s'installa au fond de la caverne...
Les bruits de la forêt indiquaient qu'au dehors
la lune avait levé son croissant sur le monde
Et La Reine attendait - la fatigue des corps
ferait bientôt le tri parmi ceux dans la ronde
qu'elle aurait en jouissance
Au vrai, peu lui chalait que par mâle ou femelle
lui fût rendu l'hommage, pourvu qu'on danse bien!
à son flanc mollissait le sein rond sous l'aisselle
La Reine savourait d'avance un long festin
de charnelles bombances
Voici que l'approchaient trois gourmandes siérines
aimant à s'occuper d'échauffer ses appâts
l'effet de leurs bienfaits en luisante cyprine
à l'orée de son ventre se manifesta
perlant des surbrillances
Prenant alors appui du poing sur la paroi
elle n'eut qu'à grogner pour être bien comprise
signifiant à chacun son tour et son octroi
et fut saisie debout, allongée ou assise
selon sa convenance
Les heurts sur les tambours et les chants primitifs
ont traversé la nuit, puis salué l'aurore
répondant au torrent roulant sur les récifs
qu'on avait regagné du terrain sur la mort
et joui de l'existence
Les clans s'étaient quittés vers d'autres lunaisons
quand La Reine enfin seule au seuil de la caverne
a eu éparpillé du foyer les brandons
elle entailla d'un rai son bâton de gouverne
signe de renaissance
et s'en fut son chemin de Reine au ventre plein.
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rallonge impromptue
tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#17c
espérant inspirer Dame Gaëna Da Sylva, photographe...
illustration : "Bacchanales", repro d'après Picasso.
sculptures : "Callipyges" de Georges PRIZ (stylisées).
Commentaires
bel hommage aux rites païens pour la déesse mère :o)
J'ai les Rita pleine la tête.
Let's do the tongua dansa...
You go, girl!
comment ne pas s'emmêler dans cette ronde primitive? quelle vigueur dans ton rythme!
ces fêtes païennes sont encore dans nos chairs et tu les restitues avec tant de bonheur qu'on voudrait que noël en retrouve ses ardeurs anciennes.
c'est grandiose ... un souffle primitif (primal ?) dans ce splendide poème hugolien (si, si, j'axagère même pas ... rien ... du tout) !!
J'ai l'impression qu'on a déjà beaucoup vécu, quand même, des siècles, des millénaires ... non ???
@l'arpenteur d'étoiles : primal, oui, plutôt... le souffle. comme un cri caverneux ?
pour ce qui est de Victor (sans en appeler à Paul & Mick...), je dirais que c'est sans doute l'effet "alexandrin" qui le suggère... mouais, à y bien regarder, le côté description de moeurs, "les vieux et les enfants", tsa tsa... oui, peut-être alors.
que veux-tu, fils d'enseignant de français ayant moi-même poursuivi (sans jamais les rattraper!) des études littéraires... y a des moules qui perdent pas la frite! (hin hin)
@polly in my pocket : raviver les fêtes païennes en reprenant aux cathos les antiques rendez-vous calendaires... un vieux rêve d'anar... oui!
@joyeful iowagirl : let's do it!
@Dame Tisseuse à mon plafond perchée : zib zoub!