Amour, ton carré de verdure
- ce regain en bordure du monde
où le monde renaît dans la fronde du ciel
Amour, tu n'es pas vrai
tu es Autre
et ment
aimantant toute chose à ton désir brûlant
de repeindre au tableau
la vie qu'on a sur le dos
sans toi, tout sonne faux
les rires du repas noient dans un verre d'eau
toute raison de rire
les mains croisent les doigts qui craquent des soupirs
les oiseaux crissent
les vents pleurent
et les parquets nourrissent des vers à demeure
toi, tu chantes
et les gorges reprennent tes refrains atlantes
hors de toi, tout est laid, vil
et souffre
le miroir est mauvais comme un gouffre
le matin cache un sable mouvant
le soir, un marais putrescent
et les après-midis n'ont rien d'extraordinaire
que de nous rappeler tout ce qu'il reste à faire
et qu'on tient en suspens
pour n'avoir plus de goût à rien vraiment
toi, tu brilles
et souffles sur la forge où les ombres scintillent
loin de toi, tout est pauvre
fait maigre
les passants ne sont plus si allègres
et vont les routes interminables...
là, sur la table
la tartine a dégoutté son miel
la clarté a vidé tout le ciel
et colle son visage pâle
à la fenêtre aux carreaux bien sales
toi, tu prodigues
tes richesses d'aveugle sous l'arbre à figue
Amour,
je te goûte
je t'entends
je te vois
et le monde commence à nouveau avec toi
Amour,
je te perds
et je m'endors percé de berceuses amères
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK