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poésié - Page 135

  • l'été des écharpes

    Papillons-15.gifWere we there? / was it real? / is it truly how I feel? *

    tu peux y aller, va
    déchire-moi
    arrache-moi des cordes le métal hurlant
    explose-moi
    vide-moi les yeux de ces chats-huants
    qui brûlent
    les replis déroutants
    les recoins désolés de n'être pas assez déserts
    où s'échardent
    l'hier au menu du jour et celui d'avant
    et s'attarde
    l'écho maigre du vent sous la porte

    allez vas-y, que ça sorte
    creuse, creuse
    tu sais où et comment trouver ta bienheureuse
    ta plantureuse et savoureuse douloureuse... mais oui
    tu sais, ta mélodie
    alors, vas-y, va
    fouille-moi
    tu sais, là où ça gargouille au petit matin
    grignotants, intestins,
    le coq, la grenouille et le chien de concert
    qui s'écartent devant la mer
    et replient
    Papillons-27.gifpéti péti
    du jour avec la nuit le seul tapis

    voilà, c'est ça, profond
    attaque
    les murs salés de la baraque à frire
    sous l'arbre à pain, pleine face
    gris sourire
    vas-y, allez,
    chamboule-moi la conserve
    pille-moi la réserve
    et répands ton butin partout bien dans verve an mwen
    et puis roucoule que je m'écroule
    quand le dernier vers éculé aura coulé à terre

    vas-y, allez allez
    chante
    plante
    tu sais, ta mélopée atlante
    que j'aie la mémoire indécente
    l'oubli serein, le ventre vain
    et que j'écharpe ton écharpe à mon écharpe
    dans le marin

    when was that summer of a dozen words? *

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesKPapillons-15.gif

    *lyrics from Paul McCartney's You Tell Me
    Memory Almost Full, © 2008 Universal Music

    (à découvrir ci-contre
    dans la sélection audio Gris Sourire)

    Papillons-49.gif

  • morna i siesta

    D'un geste tout s'arrête, un geste et tout reprend
    amour et châtiment, un orage qui peste
    nuées de fleurs au vent
    et tes mains sinuant plus chaudes sous la veste
    cependant qu'un funeste et lent revirement
    au ciel qui déforeste
    méticuleusement
    de l'horizon boisé la ligne mollissant
    passe
    et du printemps délace
    le gilet boutonnant

    Mon cœur, c'est le moment de n'être pas en reste
    Va, prendre ton content de durables langueurs
    à cet apitoiement qui s'empare de l'heure
    où la journée proteste
    mais prise dans l'humeur vespérale du monde
    sombre
    sombre

    Ah la la ! quelle oblongue et sinistre lueur
    dégage ton regard lancé dans ce lointain
    qui n'est pas plus certain que tous tes "quelque part"
    sans plus de profondeur que tes vains "à demain"
    - ils me disent d'attendre… alors je m’exécute
    et bien à contrecœur je résigne mon sein
    à souffrir en silence
    à nouveau ton absence et le souffle marin

    Mais voici le bon Chien sur son petit vélo
    il m'offre de son dos la pelure miteuse
    - ayant à quelque gueuse accordé son manteau,
    que je le flatte un peu d'une main généreuse

    Je connais ce manège et ses lampions nocturnes
    - la meute qui bientôt me prendra pour cothurne
    quand nous aurons chanté à la lune l'oubli
    des femmes, de nos cœurs et jeté l'hallali
    sur le quai des fortun's-du-pot
    nous n'irons plus au bois mais boirons notre thune
    notre saoûl et du reste le reste, tant pis!

    Ah la la, non merci ! je retourne ma veste
    où tes mains rejoindront les miennes pour la sieste

    rolland-la-belle-endormie.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustrations
    ci-dessus : Bernard ROLLAND, Belle endormie - 2003

    ci-dessous : ... là ou presque

    mido_paris_10_2009.JPG

    mido, octobre 2009

     

  • (mékesskila)

    Cette voix qu'il a
    chaque fois qu'il a
    affaire avec ses anges
    me ronge, me dérange
    me mange le foie

    me couche à terre
    contre la pierre
    comme un pénitent gris

    mais quoi ?

    briser la glace
    à pleine face
    et confondre sa nuit ?

    moi qui n'ai que le jour
    et mes yeux de velours...

    Cette voix qu'il a
    chaque fois qu'il a
    rattrapé un fantôme
    il pleut d'entre ses paumes
    le sang des rois

    il pleut des madeleines
    sur les campagnes vaines
    où fanent les dimanches

    et quoi !

    le jardinier
    s'en est allé
    ailleurs trousser ses manches

    et moi qui n'entends rien
    aux choses du jardin...

    Ce regard qu'il a
    chaque fois qu'il a
    une ombre à la fenêtre
    je pourrais disparaître
    entre ses pas

    m'emporte l'âme
    comme une lame
    affole l'océan

    et puis retombe
    dans cette combe
    où dorment des géants

    et moi si jeune encore
    vibrant de tout mon corps...

    Oh, regarde-moi
    Oh, embrasse-moi
    je suis la vie aimante

    Oh, épouse-moi
    Oh, célèbre-moi
    et que tout me contente

    D'un geste
    un mot de toi

     

     

    aLaPlume.JPG

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • infortunée tourterelle

    Bonjour à vous, mademoiselle Aux Petits Pas Pressés
    bourgeoise tourterelle
    qui n'a pas roucoulé

    Et bonjour à Madam'-Vot'-Mère; à trotter après vous
    l'aura mal aux genoux
    et vous le paierez cher

    Que restez-vous sur ce parvis toute cloche et boudeuse
    dans ce long fourreau gris
    la jambe malheureuse ?

    C'est des jours à courir au lac avec ses congénères
    à tournoyer dans l'air
    la chemise ou le sac

    Votre jeunesse est là rieuse, espiègle ou délurée
    Que n'allez-vous, peureuse !
    vous la rabibocher  ?

    Ce cœur ganté comme il se doit, le doigt sur la coutume
    c'est plus de l'amertume
    c'est du ver dans le bois

    Allons, donnez-moi votre plume; appelez-moi Pierrot
    Bientôt sous d'autres lumes
    vous toucherai d'un mot

    Dame ! à la fortun' du pot…

     

     

    demoiselle1.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • lot commun, cycle sans fin

    Ah oui, la vie
      ce train qui passe
    le jour, la nuit
      la ville lasse
      et la suivante
      et la prochaine
    s'enchaînent toute la semaine
      un trait tiré sur les campagnes
      vaines, lentes
      et dormant son content sous la poutre apparente
    et puis, sans crier gare
    vous laisse quelque part

    Ah, bien... la mort
      j'en rêve alors
    les doigts pris dans le crâne
    je m'interroge l'âme

    Eh, dis ! mon âme
      quel est ton réconfort ?

    Cette bouche ?
      Cette oreille ?
        Cet œil où le soleil apprend qu'il est midi ?
          Cette chanson sous le ciel gris ?

    Quoi, donc ?
      réponds, mon âme... réponds...

    La vie, peut-être
      si c'est la vie que mettre
      un mot nouveau dans le dernier regard
      une inconnue sur le compte des jours
      une main dans la main qui s'offre par amour
      un sourire à ce visage ami qui revient

    - Alors... il faut donc vivre ?
    - C'est le lot.
    - ...et cette route à suivre ?
    - C'est de l'eau.

    - Ah... de l'eau, oui
      de l'eau comme à la source, alors
      de l'eau comme un trésor

    Oui,
    l'eau comme un fleuve l'emporte
      et charrie sur son dos un rang de feuilles mortes
    l'eau comme un long murmure
      où le souffle du vent trouve sa tessiture
    l'eau comme un vif élan
      qui révèle la terre et tout son mouvement
    l'eau comme un verre de vin
      et ses chants d'amitiés enthousiastes
      qui refondent la nuit, le jour et tous les fastes
    l'eau comme un cycle sans fin

    Ah oui, la vie alors
    ...d'accord

    Corinne AUDRIX, Couple au bord du fleuve

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustation :

    Corinne AUDRIX, Couple au bord du fleuve - 2007.