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poésié - Page 136

  • vois, pas voir

    018.png (un pavé dans la mare)

    Ne plus voir le monde, le lire

    A nouveau, le cortège indigne
      des maisons à deux pieds, sans murs
      et qui vont sur la tête et privées de futur
      en cherchant dans le ciel un signe
    par les sentes damées d'argile analphabète
      et tous les champs du viol des mères
      fronde sur l'atmosphère
      leur chant qui récolte le sang de la terre
    où l'homme né noir blanchira jusqu'à l'os
    sa carne dans la main tendue pour le négoce

    Ne plus voir le monde, le peindre

    A nouveau, le chaos naturel
      dans une flaque d'huile, une onde qui s'affole
      des reflets qui s'emmêlent
      artistes auréoles
      benoites
      où le réel miroite
    avec pour seuls témoins tous les yeux silencieux
      les miens, les tiens et ceux qui sont encore
      à naître de l'esprit de celui qui s'en dore
      la pilule
    loin des gesticulations ridicules

    Ne plus voir le monde, l'écrire

    A nouveau, du plus bel aujourd'hui
      avec la chair du vent pour m'en souffler des mots
      au cœur... à même la peau...
      et donner à l'oubli un semblant de palpable
      que tous les pas perdus résonnent, véritables
      par les longs corridors
    prenne corps
    nécessaire
    la vie

    Ne plus voir le monde, quoi
    C'est dit

    Krapov_oil.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustation photographique : Joe KRAPOV.
     

  • dernier regard

    Des yeux ce qu'il me faut - sais-tu ?
    c'est la bouche qui tremble dessous
    et semble ne connaître plus
    les mots qui lui ressemblent...

    Des yeux, ce qui me va - tu sais,
    c'est ce petit regard en biais
    de ses volets mi-clos s'élance
    nouvelle, une appétence...

    Des yeux, ce qu'il me reste - enfin !
    c'est l'espace réduit soudain
    à ce dernier mot dit
    que déjà l'on oublie
    et fait place au festin qui nous lie

    Chaque fois que je t'ai quittée
    ce sont tes yeux qui m'ont manqué
       ton cul, d'accord
       tes mains aussi
       ton rire encore
       ta voix, pardi !
    mais tes yeux - tes yeux, mon amie
    sans eux comme je perds la vie

       tes yeux taiseux ou volubiles
       tes yeux amoureux ou tranquilles
       tes yeux d'avant, tes yeux d'apprêt
       (oui, ces lunettes sur ton nez)
       tes yeux brûlés à nos fatigues
       tes yeux griffés d'un sang de figue
       tes yeux attachés à mon pas
       tes yeux qui ne m'oublieront pas

    tes yeux de tous les yeux les phares
    je les veux pour dernier regard.

    tinchuimor.jpg

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Élections

    (suffrage par ciel)

    coin2.jpgà Jérôme FANSTEN et Sofia COPPOLA

    Et puis, rentrés chez eux, ils avaient tout béni
    les arbres, le repas, la chambre des petits
    avec dans leurs mains jointes
    une blancheur de plinthe
    qui fait ce beau sourire en coin au bas du mur

    On était vendredi, samedi ou dimanche
    enfin, un de ces jours qui comptent sous le ciel
    un jour en robe blanche
    - ou pivoine... ou pervenche,
    brillant comme du miel jusqu'au bout des chaussures

    Et comme il faisait bon, ils sont restés un peu
    à parler des voisins, à rallumer le feu
    avec le menton lourd
    des largesses du jour
    qu'ils savaient méritées après force rigueurs

    Le grand Lui, le grand On et tout son tralala
    emplissait la raison d'être de ce goût-là
    qui vous rend bien meilleur
    que les autres ailleurs
    puisqu'Il les assurait de son divin Amour

    Et rien ne sera dit d'autre que Sa Parole
    et les enfants iront dès demain à l'école
    avec tous leurs semblables
    et pénibles cartables
    emplis jusqu'à ras bord du Devoir Accompli

    C'était le moins, le mieux et le bien entendu
    que de baisser les yeux et de n'en parler plus
    il n'était que de vivre
    le Jugement du Livre
    aurait le Dernier Mot et tout serait guéri

    Oh, la Miséricorde ! Oh, Vierges par milliers !
    Oh, Tout ! le Sacrifice et le sang du Bélier
    pour le service d'ordre
    pour les pommes à mordre
    pour le juste retour des Justes d'Entre Nous

    Ah, ça valait peine
    de garder le secret de toute la semaine
    et d'aller dans la Paix de sa nature humaine
    participer de l'Œuvre
    Totale... Finale... et si impénétrable
    que c'en est confortable pour l'humilité

    Ah, plaisir d'élection que toute Sa Beauté !
    Demain dans le journal tout sera bel et bon
    fatal et pardonné
    la page tournée

    vu à Belgrade

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • porte vue

    Je vois... un jardin... il est sale
    Des arbres mangent... une lune pâle
    bavent du lierre sur les buissons

    Ce jardin est un abandon... épais... profond,
    il s'y empêtre des saisons
    un confus amalgame

    d'odeurs... de couleurs... flamme,
    terreuses... piteuses...
    et réchappées de quelque drame

    Ici, le règne du vétal
    l'emporte sur l'autre... animal
    avec... une arrogance... totale

    J'avance... du moins, je le pense... je l'espère
    Prudence... plat, mon pied sur la terre
    qui grogne... maudit ma présence... et me pousse

    J'avance... dans l'indifférence... de la mousse

    Je vois... comme une lisière... c'est un mur
    Parfois... c'est une montagne... envahie de verdure
    J'ai froid... je voudrais quitter... ce vilain cauchemar
    Et quoi !... là... là, comme j'avais... ravalé tout espoir

    Une porte
    Une porte... l'ouvrir ?
    Une porte ! ...Qu'en dire ?
    que je pourrais... en quelque sorte
    me délivrer de ce délire
    pour trouver quoi ? ...derrière la porte :
    bien mieux ? ...bien pire ?

    Je l'ouvre... les yeux fermés
    J'en passe le seuil... troublé
    Je tire la porte derrière moi
    J'ouvre les yeux

    Je vois...

    DOOR3.JPG

    _______________________________

    un défi du samedi qui sonore...


    le port du casque est jaunement recommandé cax0.gif 

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • jolimo

    LisaG_Les jolis mots.jpgLes jolis mots
    ces perles d'eau
    douce au creux de la main

    calment la fièvre
    scellant mes lèvres
    à ton prochain festin

    Oh, Lisa j'ai
    un rêve entier
    sur le bout de la langue

    où tes mirages
    sont des rivages
    qui me brisent la gangue

    tous ces trésors
    de rouge et d'or
    toutes les peaux diaphanes

    je les arrime
    à cette rime
    avant que ne se fânent

    tes pas dans les jardins de Diane

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lisa G., Les jolis mots - 2009.