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paVupApRi - Page 88

  • la plaie du cri

    Sans ailes, des enfants terribles
    jouent dans la cour à Qui Pour Cible

    L'un d'eux vient à se mettre en boule
    et sitôt rouler sa colère
    au bas terreux du mur d'enceinte
    à son visage, aucune crainte
    aucune plainte dans sa voix
    qu'un long souffle qui mange l'air

    Les autres figurent la foule
    ses invectives, ses abois
    ses poings armés à bout de bras
    ses regards, brûlantes folies
    ses hymnes de cacophonie...
    Sa masse infecte et cohérente
    pointe alors une flèche ardente
    décochée d'un commun élan
    vers le cœur de la cible-enfant

    Dans l'instant s'ouvre, formidable
    partition du buste enfantin
    une profondeur insondable
    Elle réclame son festin
    La meute hurlante s'y enfonce
    Des mains agrippent ses rebords
    pour prix de cet ultime effort
    s'y déchirent comme à des ronces

    Dans la vaste chambre d'échos
    s'amenuisant se répercutent
    les clameurs à jamais en bute
    avec le vorace chaos
    qui, les absorbants, se referme
    telle une plaie sous l'épiderme
    reforme la chair à nouveau

    les enfants terribles

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Les Enfants Terribles.

  • Le monde, tôt ou tard

    Tirant sur les arceaux actionnant des poulies
    d'une machinerie matinale et sans Eve
    s'écartent les rideaux sur un jour pâle et gris
    s'enclenche ma partie; quotidien, je me lève

    L'horloge a bien tourné, elle arbore un sourire
    quand je l'ai vue partir, la veille, se coucher
    l'âme toute fâchée, grognant son déplaisir
    quoi que j'aie pu lui dire ou vinsse l'embrasser

    Constatant le boulot qu'il faut encore abattre
    de "cartouches de plâtre" annote mon carnet
    Puis, je vais claironner sur des flaques saumâtres
    l'amorce d'un théâtre et sa fatalité

    J'arrive à Bonne Enseigne avec le nez qui coule
    J'enlève ma cagoule et, ce livre à la main
    (dont je sais le refrain, l'odeur, qui me chamboulent)
    j'en récite à la foule une once de chagrin

    Avant de s'y asseoir et de s'y restaurer
    j'hésite, que dresser : la table ou l'abreuvoir ?
    Déjà, dans le couloir, meuglent des affamés
    Ils vont tout saboter de ce bon réfectoire...

    Une cloche a sonné... Chaos : esprits, oreilles !
    Collégial appareil, où t'en vas-tu sombrer ?
    Un monde, tôt ou tard, exige des merveilles
    Solitaire, l'abeille à son tambour inné ?

    Je traverse le pont, dessous, flottent les ans
    Y laisse mon content d'âges sans redditions
    Quelques jeunesses font - mystérieusement !
    par applaudissements fête à ce lent plongeon

    En nageant sur le dos, j'ai regagné mon lit
    L'horloge me sourit et tintent les arceaux
    Je ferme les rideaux sur l'impudique nuit
    où ton rêve sévit - oui, je me couche tôt !

    autre chose que le monde

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#162


     

  • Une folie à l'orient

    Mumtaz MahalÀ peine vêtue des bruits
    de ses arcanes...
    la rue chante sous la pluie
    sa caravane
    et ça va durer la nuit
    cet appareil
    qui ne trompe ni l'ennui
    ni le sommeil

    Perdue pour mon familier
    dont je révoque
    l'allure et le cavalier
    je soliloque
    Trop austère, ce palier
    de parquet sale
    et n'a, ce chat de papier
    rien d'oriental

    De mon prince tolérant
    et bâtisseur
    au syncrétique talent
    de noble cœur
    j'ai le regret permanent
    et fort en gueule
    la main molle caressant
    cet épagneul

    Le séjour qui me retient
    en cet asile
    loin de mes tendres parfums
    seule, en exil
    me trouvera, c'est certain
    hurlante et folle
    croyant voir dans le matin
    mon roi moghol

     

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#161,
    motivé par ce thème musical.

  • Le Jodel

    Quel est donc ce parfum aux étranges épices ?
    Des senteurs s'y empressent
    feria d'artifices
    où ne s'expriment pas de populaires liesses
    mais une intimité de l'âme et ses humeurs

    Quelle est cette lueur dépourvue de pigment ?
    Des foisons d'arcs-en-ciel
    y vont tremper le flanc
    pour se désemparer des orages véniels
    et nourrir de sang frais le pétale des fleurs

    Quelle est cette oraison que murmurent les arbres ?
    L'écorce, gorgée d'ors
    aux veinures de marbre
    vibre une mélodie où la vie et la mort
    se prennent par la main et s'élancent en chœur

    Quelle est cette matière inconnue de mes doigts ?
    J'y cherche une réponse
    qui me vienne de toi
    - foin de comparaisons, je n'en tiens pas une once !
    éprouvant de ta peau la nouvelle douceur

    Quelle est cette saveur à la chère incongrue ?
    Je trousse les babines
    des crocs m'y sont venus
    J'ai faim comme jamais d'improbables rapines
    me sors de la poitrine une vaste clameur :

    Ainsi, Bel Aujourd'hui, voici ton Premier Jour
    Je m'enivre les sens à ce que tu proposes
    La journée bien connue s'habille d'Autre Chose
    avec un Lent demain pour éternel amour

     

    have a seat, Rosy...tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#160

     (Vois-tu, ami Boris,
    il y eut bien, ce jour

     tout à fait autre chose que le jour)

  • manutension

    maison de rêveLa main se tient là, paume ouverte
    et là, goutte
    à mesure, sans aucun doute
    le temps qui feint le mouvement

    Son ombre a glissé là-dessous
    à l'oblique
    Elle formule sa réplique
    et peut-être bien qu'elle ment

    À distance, dans la maison
    chante l'horloge pour le soir
    venu rosir à l'égouttoir
    une vaisselle de saison

    Un appel à tout ravagé
    Le mouvement feint d'ignorer
    le jour qui sort par le jardin

    Et prise et grise de désir
    la main refuse de gésir
    tant que reste au ventre une faim


     

    lente-main !tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Lien permanent Catégories : carnÂges 0 commentaire