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paVupApRi - Page 85

  • digne d'un gong

    Disons, pour la Leçon, deux choses...
    Déjà l'une : mon phare fadais
    nimbé de rose-orange rais
    métempsycose-moi le dais
    empli de célestes nécroses
    jusqu'à ce petit pot de lai
    où ma vie prélève sa dose

    Et puis, ainsi qu'à l'heure docte
    quand passent au vent l'Aigre En Soir
    et ses huissiers en habits noirs
    l'écho des timbres qui s'invoquent
    pour la curée des vaines gloires
    en processions métamériques
    dicte sa loi métaphorique :
    "Rentrez ! Je ne veux plus vous voir"

    Voici comment deux sons de cloches
    (l'aérien et le séculaire)
    savent me plaquer, de concert
    à terre mieux qu'une taloche
    à terre, comme tous les mioches
    empêtrés d'ombre et de mystère
    le poing rebelle au fond des poches
    quand de vespérales aussières
    arriment le jour à l'hier

    Alors surgit, souple, élégante
    et tintinnabulant du pied
    et des cabrures de poignet
    qui vous la laisse pantelante
    une divination de chair
    dans ses voilures hypnotiques
    exhalant un souffle tantrique
    à vous consoler l'éphémère

    Dingue ! ce que peut un lent dong
    en délices de gravités
    prodiguer de continuité
    Vos services rendus à dia
    pour des campagnes de frimas
    adieu, clochers et minarets !
    me voilà sauvé par le gong

    Ah, mahayana ! J'ai trois corps !
    Pas un de trop pour rire aux anges !
    Danse, vieil Orne, sois mon Gange
    au bras de la devadasia
    Mets de la crème sur tes cors
    d'halleluias

    Silence ! Assez des clochetons
    qui m'alanguissent l'existence
    quoiqu'y réside en résonance
    une originelle chanson
    et son enfance

    Ils se taieront jusqu'au matin
    Aussi bien, dégorgeons nos faits
    sans craindre le sort ni la chance
    et leur tintouin

    Ah ! C'est bonheur que d'autres cloches...
    Que de choses, l'une dit vrai
    l'autre le sait, l'autre est le son

    gongtiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#169

  • Le rêve de Poucet

    Comment t'appelais-tu, mon rêve sans visage
    qui savais me narrer des contes terrifiants
    la puissante sentence et le primal élan
    en leur donnant l'aspect d'une parole sage ?

    J'allais, le pied chaussé de bottes de géant
    parcourant des allées aux troncs rédhibitoires
    dressés vers des sommets d'improbables histoires
    d'où pleuvait le mystère aigu d'un faste chant

    Tu connaissais mon nom, je murmurais le tien
    Nous savions nous répondre et nous dire nos faits
    Je pleurais bien un peu, et tu le tolérais
    comme, à ses yeux mielleux, on caresse le chien

    Je t'écoutais siffler le rappel de tes ombres
    et le vent s'éteignait, stupéfaite ! l'horloge
    Il était entendu que jamais ne dérogent
    à ta règle connue, le verbe ni le nombre

    Ainsi, tout était dit du monde et de son terme
    d'un souffle sans odeur, mais plein du souvenir
    vivace et animal comme aucun doux zéphyr
    et portant le frisson à tout mon épiderme

    J'ai désiré ma mère et mangé mon égal
    dans la bénédiction de ton rire enfantin
    conduit mon paternel vers mon piège assassin
    et délivré ma soeur de son leg ancestral

    M'auras-tu oublié avec d'autres bagages
    sur le quai d'un voyage à faire en d'autres lieux ?
    Est-ce que, satisfait de ne pas trouver mieux
    je me sois résigné à longer tes rivages ?

    Ô rêve sépulcral au charnel idéat !
    Que ne puis-je verser sur ton ventre abyssal
    un pleur qui me serait un foyer amical
    autant que l'abandon de tous mes agrégats ?!

    Je suis la bête humaine et sa piste et son fouet
    qui regarde passer les muets météores
    et, n'ayant pas cédé à ses pulsions de mort
    doit mourir en sachant qu'elle en est le jouet !

     

    Life is pain

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • 1000ème note

    711714632.JPGEmotion, amis de passage sur cet espace, voici la millième note publiée depuis son ouverture, il y a de ça - fiou !... déjà !

    Les Impromptus Littéraires sont à l'honneur, dans ce millésime, auxquels je dois un vital soutien, pour la fraîcheur de l'accueil qu'ils me réservent sur leur site d'écriture ludique.

    J'adresse un sourire cordial aux plus fidèles lecteurs et lectrices de 'pavupapri, poLétiquement connexe'; vos commentaires et vos regards me sont précieux.

    Aux 1 296 "visiteurs uniques" de cet espace poLétique, merci !

    Fidèlement vôtre,
    tiniak

     

    --------------------------------1000ème--------------------------------

     

    RUE L.


    C'est la rue des pianos du dimanche, des orgues
    des arbres vus d'en haut, de la fonte à leurs pieds
    des lieux où se monnaient des élans de pitié
    et des petits mourrons qui ouinent, pis que morgue

    Tout du long, des ébats se veulent fraternels
    avec des célibats joyeux et partisans
    qui s'entendent passer, la nuit, tonitruant
    et laissent des oiseaux en feuillets de missel

    Là, cure n'ont ceux qui n'ont plus que l'aube à boire
    ni le vieux pachyderme à leur fouiller les poches
    et si le chenapan mérite une taloche
    c'est qu'il s'est cru malin à faire des histoires

    Ici, dans un crachat, se résument cent fins
    à ce mal, pas fâché que souvent on l'oublie
    et qui tombe à vos pieds, bavant son homélie
    mais n'ayant de projet - pas l'Autre ! que le sien

    C'est la rue des petites misères de mai
    où le printemps s'en veut d'être déjà low tone
    où les "oh !" du mois d'août ne trompent plus personne
    et la lune punktue tous les calendriers

    Des façades se fendent d'un numéro bis
    que d'aucuns manqueront pour être allés au trot
    pressés de s'allouer la douceur d'un cuissot
    que vanta tel julot pour déniaiser tel fils

    Au sommet de la rue se domine le bourg
    ses joies, ses vilénies, venelles dépotoirs
    sages hypocrisies rangées dans les tiroirs
    et, leur mouchoir dessus, monogames amours

    C'est la rue ! C'est la rue qui râle son point d'orgue
    dans le ventre meurtri du vent sur les faîtières
    C'est la rue des amis aux noms pavés d'hiers
    qui l'ont rebaptisée, cette nuit, Rue Laforgue

     

    Caillebotte

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#168

     

     

    (tiki#167 est une prose exclusivement publiée sur le site des Impromptus Littréraires, pour le thème "Vingt ans après")

     

     

  • Un jour de pluie sans nom

    Voici que tombe un nom, à nouveau, sur le sol
    de ma poche trouée ou d'un trop long envol
    J'en connais la musique; où reste son visage ?
    J'allais marcher dessus, mais je l'ai contourné
    Il avait beaucoup plu, il pleuvait davantage
    et j'avais de parures neuves pieds chaussés
    Je m'arrête un moment devant ce nom qui flotte
    dans la flaque où trempaient des feuilles déjà mortes
    Il perd de sa superbe et ses lettres s'étalent
    ou se font bombarder par la pluie qui redouble
    Le temps de respirer, la flaque est plus que trouble
    et fredonne ma bouche un nom moins abyssal

    poésie,anonymat,mémoire,automne,superbe,boisset



    iniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • jactances

    Lui :
    Sans conscience, petits, petites, tralalas
    jugez, bavardez bien, répétez les histoires
    tirez aux puits de honte, orgueil et vaines gloires
    vos branlettes sans faim, mais ne m'ennuyez pas !

    Je suis l'homme, assis, las, qui vous regarde faire
    youpi et tralalère, et jeter l'hallali
    sur d'autres qui n'ont pas ni mènent train de vie
    comme vous en grisez sans craindre aucun enfer

    Elle :
    C'est ça que tu nous dit ? Oh, vieux ! comme tu parles !
    Eh, charlot ! Eh, bandit ! Va péter ! Va mourir !
    Nous sommes la jeunesse et comptons en finir
    avant qu'on nous appelle Arthur, Chéri ou Charles !

    Lui :
    Finir ? Nous y allons; que dis-je ? Nous y sommes
    Demain n'est qu'une idée comme hier, savoureuse
    tant qu'on regarde au ciel briller la Bételgeuse
    et qu'on a su garder en bouche un goût de pomme

    Elle :
    De qui ? De quoi ? De que ? Vieux, c'est quoi ton problème ?
    On est ici heureux, tranquilles, sans espoir
    On s'est bardé de cuir, de feu et de fard noirs
    On va claquer nos sous, quoi, pour aucun "je t'aime"

    Eux :
    - Et les pauvres ?
    - On s'en fout !
    - Et l'horreur ?
    - On s'en tape !
    Rien ne nous pend au cou et rien ne nous attrape !
    - Et quand vient au matin, ton visage au miroir... ?
    - Je mange un Navarin trempé dans un jus noir !
    - Mais ton sang, quel est-il ? Où vas-tu le répandre ?
    - Eh, l'Autre ! C'est ton style ? Ha ! Tu joues les Cassandre ?
    OK, Vieux ! C'est la vie... Tu crois nous avertir
    mais nous avons choisi de nous en divertir !

    Lui :
    Ah ? C'est bon... Poursuivez... Brûlez vos allumettes...
    Soit, ne partagez rien qu'entre vos évidences
    Profitez bien du vin ! Grisez-vous d'une danse
    Surtout, ne changez rien ! Joyeuses alouettes

    Elle :
    C'est ça; bon, allez, Vieux... Restons-en là, OK ?
    Les pauvres - bon, les gueux ! savent y faire aussi
    pour boire leur content et s'aveugler l'esprit
    et nous la bailler belle en beuglant sur le quai

    Lui :
    Les pauvres ? mais, c'est vous, qui en avez conscience
    et gâchez votre saoul dans l'oubli de vos pairs
    fuyant toute chanson aux relents de misère
    et n'accordant la main qu'à votre connaissance

    Elle :
    Oui ? Eh bien, ça ira ! Nous, on va se marrer
    Toi, reste là, le Vieux. Bouge pas. Reste sage.
    Aux mouettes, va livrer ton triste bavardage
    Il nous reste, avant tout, la jeunesse à brûler

    Le Vieux se lèvera quand il seront partis
    bras dessus, bras dessous, riant dans le crachin
    Lui, seul avec sa peau fripée de maroquin
    se fendra d'un clin d’œil orange dans la nuit

    dialogue de sourds

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK