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quotidien

  • Chambre Forte

    à René Guy CADOU

     

    Je viens me retirer
    à nouveau
    pour un soir
    dans ta chambre, Mémoire
    abonder au trousseau
    d'un geste quotidien
    d'un pli sous le manteau
    du bruit d'une pensée refermée sur sa tige
    d'un capiteux vertige ayant l'air de chanter
    peut-être de ce rire
    (qu'il fallut rengorger)
    aussi, pour la mesure
    de ce pleur, lent et noir
    qui me vint

    Je vais rester un peu
    assis, devant la porte
    (à l'abri du soleil
    et de sa désertion)
    attendre qu'il en sorte une envie de passer
    patiemment, avec soin, je fermerai les yeux
    sur l'heure et la saison
    pour entrer en sommeil
    et lisser ton cheveu
    Chambre Forte

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    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le monde, tôt ou tard

    Tirant sur les arceaux actionnant des poulies
    d'une machinerie matinale et sans Eve
    s'écartent les rideaux sur un jour pâle et gris
    s'enclenche ma partie; quotidien, je me lève

    L'horloge a bien tourné, elle arbore un sourire
    quand je l'ai vue partir, la veille, se coucher
    l'âme toute fâchée, grognant son déplaisir
    quoi que j'aie pu lui dire ou vinsse l'embrasser

    Constatant le boulot qu'il faut encore abattre
    de "cartouches de plâtre" annote mon carnet
    Puis, je vais claironner sur des flaques saumâtres
    l'amorce d'un théâtre et sa fatalité

    J'arrive à Bonne Enseigne avec le nez qui coule
    J'enlève ma cagoule et, ce livre à la main
    (dont je sais le refrain, l'odeur, qui me chamboulent)
    j'en récite à la foule une once de chagrin

    Avant de s'y asseoir et de s'y restaurer
    j'hésite, que dresser : la table ou l'abreuvoir ?
    Déjà, dans le couloir, meuglent des affamés
    Ils vont tout saboter de ce bon réfectoire...

    Une cloche a sonné... Chaos : esprits, oreilles !
    Collégial appareil, où t'en vas-tu sombrer ?
    Un monde, tôt ou tard, exige des merveilles
    Solitaire, l'abeille à son tambour inné ?

    Je traverse le pont, dessous, flottent les ans
    Y laisse mon content d'âges sans redditions
    Quelques jeunesses font - mystérieusement !
    par applaudissements fête à ce lent plongeon

    En nageant sur le dos, j'ai regagné mon lit
    L'horloge me sourit et tintent les arceaux
    Je ferme les rideaux sur l'impudique nuit
    où ton rêve sévit - oui, je me couche tôt !

    autre chose que le monde

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#162