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poésié - Page 61

  • moment phare

    Une chambre, porte close
    Un couloir effleuré
    Une coupe, une clé
    Dehors, l'aube déjà rose

    Un assaut de phrases vaines
    Un regard étourdi
    Un élan à l'esprit
    efface, au tableau, la peine

    Un sourire en bout de course
    Un bagage à la main
    Une prochaine faim
    met le cap sur la Grande Ourse

    Une histoire à l'encre bleue
    Un départ à nouveau
    Un long cours en bateau
    Là-bas, deux points lumineux

     

    sO LOoonG

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#163

  • syncope

    Vaste Oh Là Là ! Fantasque plaine !
    Vasque vide à demi...
    Plage ouverte, à l'aube; scène !
    Acte doux et contrit...

    Gorgeant les lents tissus bleu clair
    de parfums maritimes
    aussi les musculeuses chairs
    de hurlements intimes

    Silence... Tu panses
    avec élégance
    les plaies à l'encol du vacarme
    que font les bris
    et les petits cris
    quand tombent sur le sol mes larmes

    Je te désire et, cependant
    t'invoquer, c'est t'anéantir
    Une caresse te déchire
    Un soupir lève l'ouragan
    à l'horizon de ton empire

    Embrasse-moi de l'intérieur
    Pensées, sentiments, taisez-vous !
    Vous aussi, mes rires, mes pleurs
    que j'entende le baiser doux
    qu'il me dispense

    J'avoue n'aspirer, désormais
    plus qu'au silence

     

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    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi sur la pointe des pieds

  • la plaie du cri

    Sans ailes, des enfants terribles
    jouent dans la cour à Qui Pour Cible

    L'un d'eux vient à se mettre en boule
    et sitôt rouler sa colère
    au bas terreux du mur d'enceinte
    à son visage, aucune crainte
    aucune plainte dans sa voix
    qu'un long souffle qui mange l'air

    Les autres figurent la foule
    ses invectives, ses abois
    ses poings armés à bout de bras
    ses regards, brûlantes folies
    ses hymnes de cacophonie...
    Sa masse infecte et cohérente
    pointe alors une flèche ardente
    décochée d'un commun élan
    vers le cœur de la cible-enfant

    Dans l'instant s'ouvre, formidable
    partition du buste enfantin
    une profondeur insondable
    Elle réclame son festin
    La meute hurlante s'y enfonce
    Des mains agrippent ses rebords
    pour prix de cet ultime effort
    s'y déchirent comme à des ronces

    Dans la vaste chambre d'échos
    s'amenuisant se répercutent
    les clameurs à jamais en bute
    avec le vorace chaos
    qui, les absorbants, se referme
    telle une plaie sous l'épiderme
    reforme la chair à nouveau

    les enfants terribles

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Les Enfants Terribles.

  • Le monde, tôt ou tard

    Tirant sur les arceaux actionnant des poulies
    d'une machinerie matinale et sans Eve
    s'écartent les rideaux sur un jour pâle et gris
    s'enclenche ma partie; quotidien, je me lève

    L'horloge a bien tourné, elle arbore un sourire
    quand je l'ai vue partir, la veille, se coucher
    l'âme toute fâchée, grognant son déplaisir
    quoi que j'aie pu lui dire ou vinsse l'embrasser

    Constatant le boulot qu'il faut encore abattre
    de "cartouches de plâtre" annote mon carnet
    Puis, je vais claironner sur des flaques saumâtres
    l'amorce d'un théâtre et sa fatalité

    J'arrive à Bonne Enseigne avec le nez qui coule
    J'enlève ma cagoule et, ce livre à la main
    (dont je sais le refrain, l'odeur, qui me chamboulent)
    j'en récite à la foule une once de chagrin

    Avant de s'y asseoir et de s'y restaurer
    j'hésite, que dresser : la table ou l'abreuvoir ?
    Déjà, dans le couloir, meuglent des affamés
    Ils vont tout saboter de ce bon réfectoire...

    Une cloche a sonné... Chaos : esprits, oreilles !
    Collégial appareil, où t'en vas-tu sombrer ?
    Un monde, tôt ou tard, exige des merveilles
    Solitaire, l'abeille à son tambour inné ?

    Je traverse le pont, dessous, flottent les ans
    Y laisse mon content d'âges sans redditions
    Quelques jeunesses font - mystérieusement !
    par applaudissements fête à ce lent plongeon

    En nageant sur le dos, j'ai regagné mon lit
    L'horloge me sourit et tintent les arceaux
    Je ferme les rideaux sur l'impudique nuit
    où ton rêve sévit - oui, je me couche tôt !

    autre chose que le monde

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#162


     

  • Une folie à l'orient

    Mumtaz MahalÀ peine vêtue des bruits
    de ses arcanes...
    la rue chante sous la pluie
    sa caravane
    et ça va durer la nuit
    cet appareil
    qui ne trompe ni l'ennui
    ni le sommeil

    Perdue pour mon familier
    dont je révoque
    l'allure et le cavalier
    je soliloque
    Trop austère, ce palier
    de parquet sale
    et n'a, ce chat de papier
    rien d'oriental

    De mon prince tolérant
    et bâtisseur
    au syncrétique talent
    de noble cœur
    j'ai le regret permanent
    et fort en gueule
    la main molle caressant
    cet épagneul

    Le séjour qui me retient
    en cet asile
    loin de mes tendres parfums
    seule, en exil
    me trouvera, c'est certain
    hurlante et folle
    croyant voir dans le matin
    mon roi moghol

     

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#161,
    motivé par ce thème musical.