Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

poésié - Page 57

  • Leda Phoenix

    Le ciel s'est abîmé la lèvre sur les toits
    Il saigne sur le mur jusqu'aux pieds du fauteuil
    où des amours déçues se disputent le deuil
    de leur ultime élan et prient je ne sais quoi

    Et toi ! Qu'implores-tu, mains jointes au dossier ?
    De la nuque ployée sous le coup d'un vertige
    à la chute cendrée de tes reins callipyges
    ton cri sur le velours meurt dans ses plis douillets

    Déjà tu mouronnais, quand s'est fermée la porte
    À jouer son va-tout, seul ton ventre brûlait
    - et encore, à feu doux ! il s'économisait...
    puisque tu resterais bientôt pour lettre morte

    Auquel de ces jumeaux piqués sur le grand soir
    destines-tu l'écho de tes pleurs enflammés ?
    Confondant ton histoire avec l'éternité
    plaides ta renaissance au creux de l'accoudoir

    Pleurs
    Heurts
    Orages passagers
    Etendez-vous ailleurs, tromper d'autres époux !
    N'écoutez pas nos cœurs; noyez-les dans le Styx
    LedaIl y fait bon nager, plutôt que naître sous
    X

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#174

    Illustration d'après Edith J. "Risen Phoenix".

    Précédente participation (théatralisée) - tiki#173

  • voyage retour

    Vous partez chaque fois moins loin qu'il ne m'en coûte
    mes "vois", mes "dois" - de fait, mes semblables sommeils;
    et ne me revenez qu'au prix de longues routes
    sans pluie rafraîchissant le bain d'aucun soleil

    Où lisez-vous nos joies, tandis qu'un vent soulève
    une mèche bouclée, une feuille après l'autre ?
    Y verrai-je moi-même où se logent vos rêves ?
    Quand l'air évangélise un parfum, c'est le vôtre...

    Y sera-tu jamais résignée, ma Chanson ?
    Le théâtre du temps ignore la distance
    La clepsydre égouttant le plus humble micron
    a l'élasticité des degrés de l'absence

    Au moment de partir et de nous séparer
    sommes-nous les jouets d'invisibles enfants
    dont le jeu favori, pour mieux nous éprouver
    étale entre nos pions des gouffres océans ?

    Grappillons quelques points en nous faisant des signes
    Adaptons la partie à nos propres enjeux
    De règles sans élan faisons bouger les lignes
    et gagnons du terrain sur nos intimes lieux

    Entourons nos paquets du papier rose et gris
    dont nos rires lissaient tous nos projets de fête
    À l'aile d'un vent doux sur la vague et son pli
    calmons de nos poitrines les chants à tue-tête

    Revigorons-nous l'âme au brûlant élixir
    que c'est de se suffire et de s'en assurer
    quelle que soit l'époque en notre pré carré
    puisons notre content aux rus du souvenir

    Et le flux gratifiant de nos vitalités
    mettra sur l'écheveau, mieux qu'un cent d'albumine
    le tissu musculeux de nos chairs en famine
    qui se paiera de mine et de rien à branler

    Tatata, l'Avant-Toute ! Allons machine arrière;
    le regard pas moins fier sous le front économe...
    Malbrough s'en va ? Tant guerre, et la folie des hommes !
    C'est assez que mes bras couvent deux éphémères

    Outre qu'il faille encore oublier la distance
    il reste tout ce temps à presser comme un fruit
    Mêlant à nos hiers le vibrant aujourd'hui
    gorgeons nos appétits d'attentive présence

    Univoque avanie des noblesses de sang :
    un tien vaut mieux que dieu, quand c'est tout l'or du monde
    D'un regard amoureux s'abroge la faconde
    (où l'ordre dynastique émarge à son néant)

    Raison ni prophétie à l'instant n'ont plus cours
    alizouJ'aime trop de la vie l'accord exponentiel
    qui me démultiplie en feux unis vers celles
    dont j'écoute, la nuit, les filiales amours

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


  • border line melodies

    Quoique jeune encore
    mais sur le retour
    et pas tant pressé de s'aller rendre ses devoirs
    un pas familier
    décompte à rebours
    ses vestiges ajournés sur d'abruptes trottoirs

    Sois bon camarade,
    tape sur l'épaule;
    ça peut pas lui fair' de mal
    (c'est, de là, bonne école)

    ***

    Pour l'art de l'étourdissement
    porté jusqu'au ravissement
    (comme l'autre de liane en liane)
    il s'affiche nu sous son pagne
    un singe empaillé sur le flanc
    - le dimanche, immanquablement !)

    Aux yeux de tous, vous dis-je !
    Quen j'en ai des vertiges !
    Aux yeux de tous, monsieur l'Agent

    Et poussant des cris de Sauvage
    Et des postures, davantage...!

    Ah, sinécure, Jésus Christ !
    d'avoir engendré tel artiste !

    ***

    Il était vain d'entasser là
    dans ce véhicule
    hauts débits sur le contrat
    les contritions de forçats
    arrachées à leurs misère
    sur le simple préambule
    d'une poignée délétère

    Transit à l'aire dounanière
    un parfum de mort
    émane d'un container
    parqué sur le port

    Quel sinistre ridicule
    que leur triste anonymat !
    Pitance crédule
    ils étaient vingt entassés, là

    ***

    J'aime comme je le hais
    cet espace infime
    où je n'ose m'aventurer
    par le désir, ni le toucher
    vers les trésors parfumés
    de l'Autre, à son intime

    ***

    Devant, sous la lueur matinale, embrumée
    dans sa vaste candeur, le labour en sommeil;
    dessus, l'envol subit et criard des corneilles;
    derrière, à pas de loup, la faune du bosquet

    L'ennui s'est, peu à peu, teint d'humeur assassine...
    Au pied, la carabine attend, le chien cranté.
    Jugée sur l'incurie de sa bonne santé,
    l'ignorante enjouée avance vers sa ruine.

    Un éclat stoppe net, plus mat que le tocsin,
    le fol et bel entrain de sa course amoureuse
    et la laisse sans voix - finie, la chansonnette !

    Elle n'a pas le temps de porter à sa tête
    la main charnue disant ses formes plantureuses,
    un filet rouge sang mêle son rideau brun.

    ***

    - How d'you feel?
    - Fine... What about you?
    - Border line, thank you.

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#172

    un roi sans divertissement 

     Et aussi, cette précédente participation pour le thème du "Message sur le frigo"
    - Impromptu Littéraire - tiki#171

     

    Tout ça pour un mot
    collé sur le frigo
    Malgré les degrés sous zéro
    je suis allé marcher sur l'eau
    ma tête au bord du lac
    à l'envers dans un sac
    ça puait le vieux pain, le poisson
    comme s'il en pleuvait à foison
    quand je l'ai retirée
    de la jute encore imprégnée
    Quoi ! Tout ça pour l'enfer
    d'un mesquin Frigidaire ?

    Tout ça pour un mot
    un sacré mot de trop
    Un défi jeté par dépit
    pour avoir déserté le lit
    de nos vaines amours
    au fantasque Toujours
    où brûlent sur un brasero
    une incomplète libido
    qui noie de la semaine
    le doux fumet de madeleine
    Et tout ça pour l'invite
    d'un capricieux post-it ?

    Tout ça pour la gloire
    de taiseux mésespoirs
    Pour, des clous plein les pieds, les mains
    porter le fardeau quotidien
    de ce luxe : tes doutes
    sur ma trop frustre écoute
    Et quoi ! ne suis pas saint, mais homme
    et comme toi dans le barnum
    pauvre, nu, singulier
    mais fier et, malgré tout, entier
    et relisant ton mot
    collé sur le frigo :

    "Et quoi, vieux !
    Tu te prends pour Dieu ?"
    Oui, ça ! J'en relève l'enjeu !

     carambar

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    tiki#171

     

  • auguste barnum

    Une barque feule à deux voix sur le canal
    un chant d'amours désespérées, d'un autre siècle
    Le ciel, déçu, frotte les toits de son couvercle
    pour se gratter des pelures sentimentales

    Le cirque bien connu replie son chapiteau
    pour le porter ailleurs où manque le spectacle
    des petits bonheurs attendus et leur débâcle
    qu'applaudiront les rires niais des angelots

    Le tout payé du triste solde hebdomadaire
    les mains rentreront chatouiller les poches vides
    longeant le fleuve mou et sa lente clepsydre
    songeant peut-être à d'exotiques dromadaires

    Plus tard, les yeux compris entre ses deux seins lourds
    le regard amorti de strass et de paillettes
    Monsieur, dans l'abri sûr de Madame S'en-tête
    - ce verrat chevauchant ! lui dira son débours

    Moi, l'aube reparue sur le terrain désert
    je tirerai des clous du sol, en fredonnant
    ma dernière grisaille et me remémorant
    le froid que j'ai connu d'avoir aimé, naguère

    Une Parque sans voix, un domaine abyssal
    qui chantait sa partie - à qui j'ai dit « je t'aime »
    et qui n'entendait rien, sur le fleuve bohème
    qu'à peine le vent nu, sur ses ridules sales

    Alors, le rouge né à mes joues ravacholes
    je promène le nom que me donne mes filles
    et nous irons, ce soir, vibrer aux peccadilles
    du grand chapiteau cru aux fantasques écoles

    Et ce sera bonheur d'avoir, à mes côtés
    l'une et l'autre riant, chantant l'hymne sauvage
    d'avoir dompté le temps pour le seul avantage
    d'être, en l'état, l'amour et l'instant partagé

    Et le fleuve rigole, et le matin sourit
    Deux astres dans les bras, j'ai tiré le rideau
    que leurs projets de joie ne soient pas sans écho
    mais se créent, à leur tour, une pure magie

    youpiBon, je n'ai pas su faire - et n'en suis pas moins homme
    amoureux, pas peu fier, d'avoir entre les bras
    deux galaxies dormant sur mes vieux reliquats
    tandis que, par les rues, s'anime le barnum

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Des flores, guéris donc !

    Me suis allongé là, sur la mousse anonyme
    moelleuse comme un cœur (ou sa bouche éponyme)
    avec un pli du soir dans le linge des ormes
    où je rêvais le nom de ma prochaine forme

    Il a plu sur mon dos les frissons lumineux
    arrachés aux grands cieux par ses ongles vengeurs
    une invisible humeur, éprise de mes yeux
    d'accord avec mon âme, au rire baladeur

    Calme, une chanson née d'un souffle rassagi
    murmura des ennuis l'orage passager
    sur un mode mineur à quoi j'abandonnais
    la dernière curée qui m'aura bien nourri

    Rendu à l'évidence allongée près de moi
    je lui ai pris le bras comme au bal on s’appelle
    ou, finie la semaine, on se promène au bois
    des embruns dans la voix pour faire un brin de zèle

    Oubliés les grands cieux (le ciel à son barnum
    avec ses chauds, ses froids, sur la carne des hommes)
    je me suis réfugié en douce compagnie
    fébrile... virginale ?

    Bacillaires orgies, gavons-nous de sang frais
    Parcourons le séjour sans craindre son loyer
    Désordres saisonniers, à nos hémophilies
    d'avides carnavals !

    Il y a de la place, où bien s’organiser
    des alcôves spongieux bordés de rouges fleuves
    de la chair amollie qu’enfin je m’y abreuve
    en son Café de Flore aux guéridons cirés

    Eh ! Qui m'a reconnu ? Qui a donné l'alarme ?
    À peine si j'ai pu... voici qu'on me désarme !
    Qui me juge, m'assaille avec force dédain ?
    Horreur, la médecine ! Au diable, ses vaccins !

    santéNon, mais quelle ironie… !

    Saloperie de science ! Ah, pleure, maladie !

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#170