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poésié - Page 62

  • Le Jodel

    Quel est donc ce parfum aux étranges épices ?
    Des senteurs s'y empressent
    feria d'artifices
    où ne s'expriment pas de populaires liesses
    mais une intimité de l'âme et ses humeurs

    Quelle est cette lueur dépourvue de pigment ?
    Des foisons d'arcs-en-ciel
    y vont tremper le flanc
    pour se désemparer des orages véniels
    et nourrir de sang frais le pétale des fleurs

    Quelle est cette oraison que murmurent les arbres ?
    L'écorce, gorgée d'ors
    aux veinures de marbre
    vibre une mélodie où la vie et la mort
    se prennent par la main et s'élancent en chœur

    Quelle est cette matière inconnue de mes doigts ?
    J'y cherche une réponse
    qui me vienne de toi
    - foin de comparaisons, je n'en tiens pas une once !
    éprouvant de ta peau la nouvelle douceur

    Quelle est cette saveur à la chère incongrue ?
    Je trousse les babines
    des crocs m'y sont venus
    J'ai faim comme jamais d'improbables rapines
    me sors de la poitrine une vaste clameur :

    Ainsi, Bel Aujourd'hui, voici ton Premier Jour
    Je m'enivre les sens à ce que tu proposes
    La journée bien connue s'habille d'Autre Chose
    avec un Lent demain pour éternel amour

     

    have a seat, Rosy...tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#160

     (Vois-tu, ami Boris,
    il y eut bien, ce jour

     tout à fait autre chose que le jour)

  • manutension

    maison de rêveLa main se tient là, paume ouverte
    et là, goutte
    à mesure, sans aucun doute
    le temps qui feint le mouvement

    Son ombre a glissé là-dessous
    à l'oblique
    Elle formule sa réplique
    et peut-être bien qu'elle ment

    À distance, dans la maison
    chante l'horloge pour le soir
    venu rosir à l'égouttoir
    une vaisselle de saison

    Un appel à tout ravagé
    Le mouvement feint d'ignorer
    le jour qui sort par le jardin

    Et prise et grise de désir
    la main refuse de gésir
    tant que reste au ventre une faim


     

    lente-main !tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Lien permanent Catégories : carnÂges 0 commentaire
  • l'autre jour

    ©Gaëna da Sylva, photographe

    Deux doigts sur les veines de son marbre
    prends le pouls de l'aube
    nappe sous les arbres

    Au rire incongru logé dans l'air
    mesure l'augure
    d'un souffle de vair

    Accomplie du jour et de la nuit
    la partie de chasse
    efface l'ennui

    Plus d'une heure à moudre dans les murs
    du pain quotidien
    la farine sûre

    S'ouvrent alors des mains en miroir
    où décline Aujourd'hui vers le soir

    Par un feu plus grave
    et sanguinolent
    la pierre de Caen pointe l'étrave

    Glissant par la Manche
    un bras désireux
    le fleuve noueux sous moi s'épanche

    Ranimées ficelles
    de mon inventaire
    quand je jette à la mer mes dentelles

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire, motivé par GBalland - tiki#159

    Illustration : Gaëna da Sylva, photographe.

  • aller simple

    Crédit photo : Toncrate)

    Tirant son amour - et sa vie durant !
    sur les monts, les sols, par les océans
    vers le bout du monde allant droit devant
    quels que soient les vents, les nuits qui désolent
    ou glacent les sangs, les pluies qui rigolent
    la neige qui fond, l'herbage, les champs
    les fleuves changeants, racines, folioles...

    Répugnant à plaire aux vagues séjours
    nourris au sein lourd des béatitudes
    que servent en coin d'âpres habitudes
    sur des lendemains plats et sans contours
    il sommeille peu, se sustente à peine
    pas une semaine à passer au four
    ni havre, ni chaîne

    Il confia son nom à des mains sans âge
    prêta son visage à de tristes yeux
    pour faire un manteau à des malheureux
    se pela le dos, le temps d'un orage
    et, chemin faisant, composa de pleurs
    de longs cris de rage aux malingres feux
    un bouquet de fleurs à son avantage

    Puis il atteignit le dernier rivage
    où la terre en pluie coulait dans le ciel
    Il garda pour lui le son caramel
    d'une mélodie à l'ancien langage
    aboutissant là, s'assit, les pieds nus
    dans cet inconnu à portée de bras
    y jeta ses fleurs

    D'une égale humeur, il tourna le dos
    à tout ce chaos qui lui donnait tort :
    le ciel n'est pas mort ni la terre ronde...

    Il fallut encore accorder au monde
    plus d'une seconde et plus d'un effort
    Il reprit son cours et sa vie dura
    tirant son amour jusqu'à l'autre bord

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire, motivé par l'illustration (d'après une photo de Toncrate) - tiki#158

  • Vilénies sur canapé

    Sur le canapé-lit, gorets auto-immunes
    aux élans consentie, mesurons l'infortune :

    Douceur, qui te révèle être dernier baiser
    ton avide regret gonfle au prochain oubli
    La main fouille le ventre et n'y sait pas trouver
    Le cœur, quand la torture est son nouvel abri
    De terribles suspens ornent sa cavité
    Regard, Geste, Parole, Rêve, Intime Cri
    éteignent leur fanal dans l'aire inanimée
    où traîne un râle idiot et seul, au ralenti

    au pied !

    Ce qu'on est mal assis, dis ! dans ce canapé

    Tu pries à l'autre bout un semblant d'accoudoir
    boule dans ton peignoir, miche qu'un nom pétrit
    Tu soldes le crédit d'ultimes à-valoir
    avec un doigt de plus profondément enfoui
    cheveu collé au front, la gorge à la ramasse
    À quoi bon rêvasser ? La vie, ah ! quel ennui...
    Plus rien à embrasser de l'œil en ce couloir
    Ivoirin, dans la tour a séché son enduit

    au foin !

    Ruine la réception le mauvais canapé

    Pas d'écho ! Que du vent, du ventre et de la sauce
    et chacun renvoyé à son Chacun Pour Soi
    à son canapé-lit, sa bauge, au plus étroit
    à boire ta tisane amère, Thanatos
    L'atroce familier creuse la rime crasse
    À quoi bon ressasser "La Vie..." à cet endroit ?
    Je t'aime où je me brûle à ta part du négoce
    et tu roules ta bosse au fond de mon émoi

    assis !

    Dehors, les Encombrants chargent un canapé

    Qu'un ciel enfin s'entrouvre et qu'y passent les bras
    de Circé revenue me prendre pour Ulysse
    qu'à son invite - un brin ! mon cœur se ressaisisse
    alors, je quitterai mon gouffre d'Être-Tas
    Une flèche au talon, mais l'autre pied chaussé
    d'une botte à Poucet, je tente l'aventure
    plie à la commissure un brin de paille à son
    rimaille me talonne un murmure à l'esprit
    cochon qui s'en dédit, j'élève mon jargon :
    Cochon, sine qua nonne !

    Des voisins du dessus couine le canapé

     

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    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK