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carnÂges - Page 20

  • La couche

    Gaëna da Sylva

    Elle est restée ainsi le coude sous la tête
    seule en chien de fusil dans sa courte nuisette
    le sol doux comme un linge
    absorbant des méninges
    le chant trop vaste
    où les échos nient des contrastes le contour
    puisque, c'est dit, c'en est bien fini des amours

    une grisaille févrière pour écrin
    de pâles bleus passés pour lui prendre la main
    le silence
    dont le vent même n'ose froisser l'évidence

    un lent trouble foncier ravale ce décor...
    Il floute son regard au fond du corridor
    l'y amasse
    à l'abri des cheveux en pluie noyant sa face

    L'avortement d'un cri roulé dans un sanglot
    lentement dégluti puis tenu sous la peau
    maintenant s'évapore
    sans rage, sans effort
    et sans un bruit
    libère la chair envahie de sa douleur
    puisque s'est tue la mélodie connue par cœur

    C'est donc ici qu'elle réside
    le temps de faire place au vide
    sans que rien d'autre ne la touche
    que le vaporeux oubli où la tient sa couche

      

    gaëna da sylva, tu es au centre

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d'artistes flous extraits de © LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna da Sylva

  • Vois dans quel état j'erre !

    Sur la place d'anciennes boucheries
    se fracassent aux neuves armoiries
    de la caste où mon âme grandit
    pour le faste et l'heur des poésies
    près de toi
    qui ne soupçonnes pas d'où me vient cette loi

    Je te dirai demain tes lenteurs quotidiennes
    comme j'en fais mon pain, comme elles me reviennent
    si chères
    quand s'agite à l'entour des ombres familières
    une vive lumière, affamée, sans amour
    - demain, c'est l'Autre Jour !
    le nôtre, sans mystère, toujours...

    Mon bonheur sait te voir
    pétrir la pâte de l'histoire
    et la pendre
    hors de portée de qui pourrait prétendre
    en connaître
    la petite fraîcheur lovée à la fenêtre

    Tu m'appris
    de ta bouche amoureuse où se loge ma vie
    comme on meurt
    dans le seul abandon que vaille le bonheur

    Qui es-tu sinon moi ?
    enfin réalisé dans l'Autre Projet : toi !

    Qui suis-je ?
    si ce n'est ta personne, à son calme vertige ?

    Où vais-je ?
    Je ne le sais pas plus que ce flocon de neige
    qui flotte
    et vient se poser sur ton épaule qui trotte

    D'où suis-je venu jusqu'à toi ? Qu'importe !
    puisque nos vérités s'en sortent
    grandies
    dans quelques vers de plus - et loin des boucheries !

    poésie,polésie lubrifiante,hercule poirot,a encore frappé

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : André DERAIN, Arbres près de Collioure. 

  • En danseuse (fado)

    Pour un pas de deux flambé à l’improviste
    damnerais mes yeux sans regretter le jour
    ni du fleuve les ors animant son parcours
    quand au vieil occident décline le lampiste

    Ta main dans la mienne et le monde à nouveau
    célèbre à l’ancienne une chorégraphie
    connue de force mage et de source de vie
    que révoque la flamme au fond des braséros

    Damnée mille fois ! plutôt que la contrainte
    de danser sans joie, privée de ton regard
    et de son attention complète à mon égard
    dans le mouvement sûr, le vertige ou l’étreinte

    Je vibre ! Je brûle et tu me fais écho
    N’ai pas de férule autre que ta partie
    M’y raccorde l’entier, volontiers assortie
    à ce moment de grâce en ton port hidalgo

    Oh ! Mon âme à cent bras, cent jambes !
    Quoi, perdre mon latin ? Jamais !
    J’en serai le festin, l’orgue, le dithyrambe
    la preuve incandescente à l’ultime sommet

    L’ombre ne me paraît si belle
    que la sienne posée sur moi
    quand nos souffles s’arrangent une ritournelle
    et nos gestes renflouent notre content d’émoi

    poésie,poésie lubrifiante,fado,fol amourOh, viens à moi et danse !
    Et dense, danse-moi !
    Oh, sois ma révérence !

    Porte ma réjouissance
    plus haut, à bout de bras
    jusqu’à ma défaillance !

    Tu m’as toute et je meurs
    Va, je suis bien heureuse !

    Totale, ton ardeur
    me conduit en danseuse

     

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    illustration d'après une sculpture de Guillaume Martin

  • Trompettes renommées

    pouëeeet !

    Trompettes, fioles d'éclats de rire
    comme vous savez dire
    à ces mal embouchés
    la clameur des années
    poussives
    en leur donnant l'aspect des joies simples et vives

    On n'enterre personne
    sans vos pavillons qui résonnent

    Orgie de cuivres
    contre les jeux de l'or qui m'obligent à suivre
    le cours
    sans cesse répété
    des contraintes du jour
    et jusqu'à la nuitée !
    fusez !
    soyez mon cri !
    et faites-le entendre aux confins de l'oubli

    Je vais, ma route
    l'oreille pleine de Beirut
    avec mon gris sourire

    Sur Long Island, un éléphant
    me rappelle à l'autre géant
    aux moustaches empire

    Cornets ! Trompettes !
    Oh, faites fête
    aux rires coincés dans ma tête

    N'en ai que foutre
    de ces jeux de paille et de poutre
    Je veux du sang
    le goût sucré des prompts élans

    Tant qu'à jouer la mouche du coche
    c'est dit, ici : le monde est moche
    Et alors !
    Pour ta seule beauté, je redouble d'effort
    et crie :
    « Je t'aime ! » C'est assez pour vivre l'aujourd'hui

    Les matins mensongers peuvent se rhabiller
    Quant aux soirs...
    qu'ils en soient informés : je préfère t'y voir

    Ré do
    Crédo
    émousse mes ergots

    Si là
    Si sol
    Fat sol !
    Sache que je m'en vole
    des histoires
    Mais qu'Une me récole et préfère m'y voir
    alors à l'embouchure
    je souffle pour chauffer la nouvelle aventure :
    t'aimer contre les murs

    Sonnez, cornets, trompettes, cors !
    Il se peut donc que j'aime encore

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adorations rédhibitoires

    Les trouver toutes adorables
    c'est quand même trop demander
    Mon désir en est incapable
    et plus sévère ma pensée

    Et puis, toutes! ça fait du monde
    D'entre toutes quoi distinguer
    des brunes, des rousses, des blondes...
    - autant Sisyphe à son rocher ! 

    Mais qu'une, L'Une, et seulement elle
    esseule, esseule ma ritournelle
    à l'œil m'endeuille une catharsis
    et lui effeuille un rang de narcisses à tresser
    pour ceindre son front généreux de ce trophée

    Mais qu'elle aille, bon an mal an
    ainsi parader chez maman
    et catastrophe :
    à mon prénom s'attacherait une apostrophe
    suivie de l'ordre (maternel ?)
    dominical !
    battant le rappel solennel de son cheptel
    ombilical

    Quant à manger toutes ses tartes
    c'est quand même trop demander
    à mes appétences spartiates
    plus friandes de mets salés

    Une entrée, un plat sans dessert
    (une banane à la rigueur)
    la femme qui pourra me plaire
    saura bientôt cela par cœur

    Écume, lume, et seulement tels
    et seul à seul à nos ritournelles
    à l'œil en deuil une catharsis
    et pour tapis un rang de narcisses

    (en toute intimité :
    - si tu vas pisser, moi, je bisse le couplet)


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    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK