Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

carnÂges - Page 21

  • jaune virgule

    Marcelle BUSCHEMAN, peintre amateurDans la nuit pleine d'elle-même
    une hypothèse de plaisir
    s'exhale dans un lent soupir
    qui me dit « peut-être, je t'aime »

    Pâle incarnation d'une faune
    accrochée par quelque rayon
    ramassée sur son expression
    que dérobe une jupe jaune
    tu me l'as dit
    ou est-ce que je suis entré dans ton esprit ?

    Oh, chère chair d'avant l'aurore
    au front posé sur le genou
    ta posture me rendra fou
    qui me tient si loin au-dehors

    Naguère encore une passion
    que seuls chevauchent les grands fauves
    quels que soient la plaine ou l'alcôve
    nous arrachait à la raison

    Sous le charme d'un Long Snake Moan
    à nos carnages réciproques
    le saccage de nos défroques
    n'épargna que ta jupe jaune

    Puis l'ombre sur nous s'est jetée
    distinguant d'entre nos torpeurs
    celle du corps, celle du cœur
    sans bruire a su nous isoler

    Est-ce un appel dans le silence
    qui m'aura tiré du sommeil ?
    Je te découvre à mon réveil
    dans cette insigne consistance
    jaune virgule
    dans un pli de ta ronde hanche, majuscule

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Marcelle Buscheman

    *Long Snake Moan
    est un titre de PJ HARVEY

  • ambulance

    Quel cirque !(le spectacle seul est Gratuit)

     

     

    Un train
    Des files
    Deux pensées
     nues cueillies sur le fil
     de l'intime procès
     par où je sors la jouer fine
     pour l'heur, pour l'odeur et la gloire
     des arts du cirque aux Petites Z'histoires

    Ah, peste ! Piste aux réverbères
    tes coudées franchies ventre à terre
    c'est l’épique Ruée vers Lors
    Et le Cheval de Troie de nos Laissés Pour Morts

    Ah, continuelles enfilades
    d'anonymes fenêtres sades...
    Je chante et ne dérange pas
    Cuisse Lourde ni Ventre Plat
    qui sommeillent profond derrière
    le quotidien abri de vos closes paupières

    Au nouveau venu sur la piste
    (un funambule unijambiste)
    je joins aux applaudissements
    d'irrépressibles aboiements
    - Oh, de fenêtre, qu'une !
      et je cesse sitôt ma hurle sous la lune...
    Il a chu; le saut, c'est fatal!
    Goûterez-vous de ce programme théâtral
    le calme, l'ordre et la beauté ?
    Pour chaque œil, une volupté !
    Au prix de chacune un penny
    dites ! ...'pas chers payés le luxe et l'harmonie

    Mais voici qu'une colombe 'in'
    s'est empêtrée dans la glycine
    Aux piégeuses verroteries
    de ses plantureux abatis
    elle a brûlé ses ailes
    et tous les vassaux après elle
    - elle que le Nombre destine
      à tant de ruineuses combines !
    Sous le chapiteau, Cavalière
    sonne ton thème, fort et clair
    "Une Autre à Mordre la Poussière"
    Dépouille exit côté jardin
    emportée par deux Arlequin
    Bravi ! Brava ! mais pas de bis
    à quoi mesurer la valeur du sacrifice

    (Bon... de fenêtre toujours pas
     celle qui m'ouvrirait tes bras...
     Poursuivons l'Allons Donc
     au spectacle ambulant des Z'histoires Quelconques)

    La pluie orange et dore un peu
    son rang de Cyclopes vitreux
    Sous leurs gouttes de miel
    je vais mon train de chien après la ribambelle

    Plic ! Ploc ! et pafs, allons ! allons !
     réclamer des compromissions
     le débours
     pour solder de tout conte nos amours

    Ah, fraternelles compagnies !
    Désespérais de voir ici
    vos familières trognes
    et vos calembredaines de gigognes

    Oui, l'un dans l'autre, les Mots Dits
    m'affranchissent du Tout Est Cri
    Gardons-nous de trop longs palabres
    Arguons de piques pis que sabres
     tranchant
     des navrants bavardages le concupiscent
    Et de l'art, donc
    agrémentons nos soupes maigres z'et croûtons

    Cabrioles grandiloquentes
    nos surprises soliloquées
    croisant le fer sous la charpente
    de nos dogmes désenchantés
    trait pour trait tireront les arcs
    boutant le verbiage hors les murs
    de la carène de nos barques
    où prendre part à l'aventure
    très fantasmallégorrhéique
    de nos improbables vérités artistiques

    Le spectacle seul est Gratuit
     qui aura mangé l'usufruit
     de feu notre peu de fortuit

    Aussi, Madame
    gratifiez-nous plutôt de quelque honnête flamme
    avant de monter à nouveau
    dans le train de vos Grands Chevaux
    dont vous redescendrez, sans Faute
    - songeant au prochain plat de côte ?
    à votre quotidien;
    tandis qu'à leurs Tonneaux de Chiens
    irons nicher, la queue battante
    - au cirque !
    nos prochaines farces latentes
    (eh : Clique...)

    et clic

    'My train of thoughts is leaving'

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK


     

  • Lettre de rupture de Paul à Virginie

    Voici des bruits, des pleurs, des deuils et des revanches
    Et puis voici, ma sœur, comme on se bat pour vous
    Ne vous récriez pas du haut de vos dimanches
    Et qu'à vos yeux si faux grimpe le sang des fous

    J'arrive d'où l'envers est une mélopée
    que le vent nu, marin, étale sur mon front
    soufré par la fatigue et les sombres idées
    - lèpre de ces moments perdus pour la raison

    Sûr ! votre jeûne est sain - plus que ne serez fête !
    Et tout s'honore - et fort ! de vous baiser les pieds
    Mais brisons là, cireuse à face de squelette
    raide; je forme un vœu tandis que vous causez

     

     

    Paul & Virginie

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#138

    Hommages croisés à Verlaine et Laforgue.

  • ancien régime

    Trop vieil empire…

    Elle avait beaucoup plu et tout ce va-et-vient
    - les cent pas que faisait dans ses yeux le chagrin,
    lui creusait des ornières
    trop vieille ? ...en pire ?!d'où filait un treillis de ridules sévères
    tenaces
    - plus que l'œuvre du temps n'imprime sa menace,
    rongeant
    - la pomme de ses joues... "Hélas..."
    navrant
    - le velours de son cou... "Ah ! Dieu..."
    tachant
    ces mains qu'elle dressait pour y loger sa peine
    et la cacher, au mieux, de son propre regard
    qui la voit, si vilaine
    et seule face, à son miroir

    « Ah, les hommes ! ...et le temps ! ...et comment s'en défaire ?
      tant que les sentiments me tourmentent la chair
      Et puis - cette pitié ! que le jour monte ou fane
      ce bagnard édenté de peigne qui ricane
      ravage et raréfie mes brins de chevelure
      pour exposer mon crâne et ma déconfiture
      Ah ! Douleur...
      ce désir insistant
      opiniâtre ! pressant
      mes os contre mon cœur »

    Elle aura beaucoup plu
    - jamais à son insu !
    allant son assurance insouciante et sereine

    Et l'aura et la vue
    qu'elle a bientôt perdues
    lui dénient à présent ses attributs de reine

    Seule farce au miroir
    sa chevelure noire
    écoule une brillance aux criants artifices

    Les pas dans le couloir
    qu'elle rêve le soir
    ne sauraient être ceux qu'on espère d'un fils

    « Ah, les hommes ! ...et le temps ! ...comment s'en départir ?
      Ils auront, pour finir, usé tout mon content »

      Trop vieille, en pire… »

    Les amants ni les jours ne sauvent du procès
    ni les fastes années, ni les vaines amours.


     


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Eden malade

    squelette_smoke.gif

    I

    Calamités indéfalquables
    de nos impôts - l'impondérable
    et souverain prélèvement
    à la source du Bon Vivant !
    acquittez vos orphelinats
    au moyen de nos reliquats
    plutôt qu'à vider de substance
    notre terrienne et bonne chère
    aux tendres bienfaisances

    II

    Mystère que c'est, maladie...
    Quoiqu'en pût distraire l'oubli
    quand la piqûre de rappel
    nous ôta soudain beurre et miel
    alors, aux rages des espoirs
    perdus - sans lutte et donc sans gloire !
    s'ajouta la triste nouvelle :
    amour, tu n'es pas éternel

    Mais si ! (hauts cris, indignations
    surabondance d'afflictions)
    Messie : - Mais si !
    Ménon : - Mais non !
    Et puis, conflit des doctorances
    et autres avis d'importance...
    Mais là, tout à soi, au milieu
    sachant que l'on n'ira pas mieux
    s'impose l'idée que la paix
    viendra son temps (ce qu'On Dort sait)

    Vie rêvée sans conflit majeur
    (des microbes tous les quarts d'heure)
    s'autorisant des alchimies
    loin des lamasabaktani
    (avec tes plantes, Notre Terre)
    pour nos très plantureuses Chères
    débarrassées de leur bagage
    (incompressibles bavardages !)
    qui, voyageant sur nos genoux
    soufflent à notre âme leur coût
    (d'ici, où nous sommes connus
     jusqu'à hors de portée de vue)
    m'accorde enfin - et sans douleur,
    gratuité de médication
    et cure du malheur

    III

    Pinailleries de Supplicié
    (pour qui souffrance à l'Homme sied)...
    Plutôt, mourons de nos agapes
    Jouons à "chiche, tu m'attrapes"
    chaque fois quand, sonnée l'alerte
    professant un débours à perte
    il aura fallu s'éclipser
    devant ses chantres cavaliers d'apocalypse
    en recourant in extremis
    au truchement d'une... asyndète ?
    pirouette ?
    cacahuète ?
    (pieds de nez !
     stratagèmes chers à Poucet)
    nulle autre occasion à saisir
    puisqu'en la matière n'est pire
    et brute et pâle épiphanie
    que celle où nous plonge à la fin la maladie

    IV

    Orphelines de guérison
    (métaphoriques « à quoi bon »)
    à d'autres servez vos comptines;
    je n'en connais pas de bénignes
    Chaque assaut conduit à trépas
    (également, goûtez l'astuce :
     irreparabile tempus)
    le plus humble des cas sans drap
    le potentat des Hauts Nanismes
    le plus serein métabolisme
    aussi le plus chiche des corps;
    tous verront le rideau de mort
    tomber de haut sur leur théâtre
    dont le Très Averti remit la clé au pâtre
    (lequel, troupier !
     mène cheptel au cordeau saluer)

    En rang d'oignons
    nous saluerons
    Maladreries et Dispensaires
    En rang d'oignons
    nous saluerons
    Petit's Misères z'et Moignons

    Oui, mais ripailles ! foutre ! joie !
    infantiles sabres de bois !
    carnages crus, à ciel ouvert
    et rire aux portes de lents vers !
    Ô hédonismes forcenés…
    Renvoyez tous les accusés
    de déception
    au bureau des ordonnances sans rémission
    Gardez-nous meilleur appétit
    pour d'opulentes prophéties
    Rapprochez votre naturel
    de nos tablées confraternelles
    et  prenez soin, dans vos maximes
    de nos amitiés anonymes
    qu'auront privées - trop tôt, toujours !
     Qu’à chères,
     périssables amours…
    de Partage
    d'obscures cimes de fer dont c’est l’apanage

    J'y connais quelques contrepoints
    Contrepétons à leur tintouin:

    "Comme on tait sa lie on se mouche"
    "Bière qui roule a clos les bouches"
    "Bien mal appris qui manigance"
    Ah, délictueuses contredanses
    que brailleront aux maladies
    nos spirituelles compagnies

    Il peut bien sonner, le tocsin
    Révisons notre libertin !

    Grand bien nous fassent maladies
    Ne succomberons qu'à la vie !

    V

    Haro ! Haro, sur nos avoirs
    tout englués du mésespoir
    de n’être pas propriétaires
    de ce caillou dans l'atmosphère

    La vie se prend; la vie se donne
    La mort ne distingue personne

    Le bien passe de main en main
    Et quand il faut sortir le chien
    alors, surprise !
    il y manque une friandise

    Soudain, la jambe fait défaut
    (qu'on avait pourtant levée haut)
    et ce manteau baille à l'épaule
    (qu'on se prêtait à tour de rôle)

    Le loyer qu'il reste à solder
    hypothèque notre santé
    squelette_lady.gif(oui, ne sommes que locataires
     sur ce caillou dans l'atmosphère)

    VI

    Pendulant à sa crémaillère
    voyez le chaudron ! Y bouillonnent
    des médications polissonnes;
    dans leur jus
    le carnassier détachement de nos bons crus

    Invisible à nos yeux troublés
    voici que vient à s’y pencher
    la lippe replète et gourmande
    la Preneuse de Dividendes

    Elle fredonne :
    « La mort ne distingue personne …»
    et fait bonne chère, pardi !
    (ah, vanité des arguties)
    pareillement (le reste, au pluc !)
    de la cuisse fripponne et du gras de l’eunuque

    VII

    Allons, amour, passe-moi l’sel
    et finissons l’ensemble d’une ritournelle :

    Mon âme, mon âme
    a bien mal à sa fête
    La Dam' lui a fait faire
    sa dernière pirouette
    sa dernière pirouette
    et lui donnai le bras, la la
    et lui donnai le bras

    squelette_kid.gif
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK