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matinale

  • La couche

    Gaëna da Sylva

    Elle est restée ainsi le coude sous la tête
    seule en chien de fusil dans sa courte nuisette
    le sol doux comme un linge
    absorbant des méninges
    le chant trop vaste
    où les échos nient des contrastes le contour
    puisque, c'est dit, c'en est bien fini des amours

    une grisaille févrière pour écrin
    de pâles bleus passés pour lui prendre la main
    le silence
    dont le vent même n'ose froisser l'évidence

    un lent trouble foncier ravale ce décor...
    Il floute son regard au fond du corridor
    l'y amasse
    à l'abri des cheveux en pluie noyant sa face

    L'avortement d'un cri roulé dans un sanglot
    lentement dégluti puis tenu sous la peau
    maintenant s'évapore
    sans rage, sans effort
    et sans un bruit
    libère la chair envahie de sa douleur
    puisque s'est tue la mélodie connue par cœur

    C'est donc ici qu'elle réside
    le temps de faire place au vide
    sans que rien d'autre ne la touche
    que le vaporeux oubli où la tient sa couche

      

    gaëna da sylva, tu es au centre

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d'artistes flous extraits de © LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna da Sylva

  • absenthéisme

    Même dans les matins les plus clairs
    avec leurs chants connus des branchages
    célébrant de la nuit le naufrage
    et que s'éteignent tous les lampadaires

    Même dans le pain frais sorti du four
    ronde chaleur nichée auprès du ventre
    sur le chemin qui sait par où l'on rentre
    à la maison nue contre le jour

    Même dans le vif éclat de l'œil
    qui plaide encore un peu d'indulgence
    au moment de suivre la cadence
    et que les pieds s'attardent sur le seuil

    Même dans le vent plein de renouveau
    allant ranimer les parfums du monde
    où les éléments sèment et abondent
    à la faveur de l'humble et du beau

    Je ne vois même alors qu'une absence
    à douter même de l'existence

    matin.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Thomas Berthelon

    #689

  • vint avril à Cherbourg

    Ce matin, à la terrasse
    du café le Carpe Diem
    avec ma vieille habitude
    face à face

    je bois un jus plus noir
    qu'il y a peu, ma mine sombre
    et sur le sol les ombres
    ont reparu

    c'est qu'il est beau le ciel
    que nul nuage ne menace
    le soleil investit la place
    - merveille crue !

    je vais reprendre le fil
    de mes écrits et gribouillages
    tandis que les passants filent
    tout passe

    le jus est bon, noir et petit
    fort et noir dans la tasse blanche
    hier encore c'était dimanche
    ça jase en français, aussi

    dans les rues, pas grand monde
    c'est un lundi comme les autres
    qui bosse, chôme ou se vautre
    moi, j'en regarde la ronde

    le marin souffle frais
    me caresse le visage
    même le soleil m'y fait
    de doux hommages

    de mon côté, distraitement
    ce bel ami à quatre pattes
    venu à moi nonchalamment
    bon, je le flatte.

    et dans ce lundi d'avril
    tandis que les passants passent
    file, ma pensée file
    - vide, la tasse.


    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    d'après un gribouillis matinal de NEWT
    (ci-dessous)