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  • Gaëna, faithfully

    Gaena_sofar13.jpg

    I

    straight ahead over the waving fields
    her look
    her shield
    from her smell blown in the soothing wind
    I know I have to understand
    she has to move
    the land
    she has to move
    the sky
    the sand and the waters nearby

    there she stands peacefully
    how far she is already
    how very far from me

    not saying but meaning silence
    all shaped with living happenstance
    I know I shall be patient
    faithful yet distant
    yet faithful
    and confident, truly
    till she comes back to me

     

    II

    Je sais ton regard quelque part à l'affut
    ce doigt tendu perçant l'ombre
    d'un geste résume le nombre
    et me rend à la vue

    La forêt où t'attendre
    le fleuve à redescendre
    le volet clos sur l'émoi de décembre
    le renouveau qui couve sous la cendre
    de ce visage tendre
    et la brassée de fleurs à prendre

    Tout cela m'est rendu
    familier et connu
    quand ton œil à mon adresse
    perce et me verse un sourire entendu

    Gaena_flowers.jpg

    III

    Les horizons les plus proches
    logent bien au chaud dans les poches
    sous ton regard qui semble dire
    L'horizon ne peut finir

    A l'arrêt je perçois mieux
    les effets de la distance
    A marcher j'aurais les yeux
    déjà pleins de renonçance

    Seize horizons devant moi
    pourquoi faudrait-il choisir ?
    puisqu'il me faudra mourir
    je les emporte avec moi

    Plus un mot, je reste là ;
    c'est le regard qui voyage.
    Plus un mot et plus un pas ;
    qu'au loin se reporte ma rage

    lointain, donne-moi ton courage
    il m'en faudra davantage
    pour oser demeurer, sage.

     

    Gaena_sofar13.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par les photographies de Gaëna Da Sylva
    extraites de sa CHAMBRE NOIRE 

  • désordre de grandeurs

    I

    Il passe une lactose
    là-haut dans le cosmos
    coulée sur la nécrose infinie
    et l'ennuit profond isolé de l'étoile
    dont l'appel muet déjà mort étincelle
    et que l'on croit fidèle et nous trompe
    pour qu'on le magnifie
    et que les gens d'ici avec leur nez en l'air
    tenus dans l'univers
    se trouvent bien petits.


    II

    Par vagues longues, l'onde, l'onde
    répète mon tourment aimant et ment
    et quand mes yeux las sondent
    les volutes de l'onde
    je ne vois qu'océan
    et pas de Nouveau Monde.


    III

    D'un pas l'autre et le suivant
    sur la route, sur la route
    un regret ne me coûte
    que de le quitter là

    Je ne le chasse pas
    je demeure à l'écoute
    lapereau sur la croûte
    allant vers son trépas.


    IV

    Les mains toujours plus grand ouvertes
    à cette carne offerte
    à mon corps dépendant

    J'embrasse cette âme déserte
    soit qu'elle est vraiment pauvre
    soit qu'elle fait semblant

    L'aimer c'est s'émouvoir à perte
    et je n'ai pas le temps.


    V

    Quand rien ne s'y oppose
    l'immensité des choses
    me saisit par le bras
    me montre une lumière
    tendue par la forêt
    où le rêve n'attend
    que de me dévorer

    N'ayant pas de cailloux
    pas même un bout de pain
    je poursuis le chemin
    les cheveux en désordre
    vers la maison de l'Ogre
    sous le regard meurtri de ma fratrie.


    VI

    Elle est grande
    et même plus que cela
    ne se sait ni ne se voit

    VII

    Il avait soif ce berger
    là-haut perché

    Il a plongé la longe
    dans la gorge de nuit ouverte
    et le puits l'a mangée ;
    certes, il aurait pu attendre
    avant de l'avaler
    mais c'est mensonge de dire, enfin !
    qu'il existe des puits sans faim

    Il est mort ce berger
    sans revoir jamais sa vallée.

    VIII

    Elle est grande
    et m'aime plus que cela
    ne se sait ni ne se voit.

     

    puits-pouldergat.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (à paraître dans l'abécédaire poLétique)

    01/09/2009

  • LES ADJECTIFS EPITHETES

    Les adjectifs épithètes
    de l'abécédaire poLétique

    Les attributs de mon sujet ne seraient pas complets sans ces accessoires du langage que sont les adjectifs épithètes ; sans eux pas de cliché ni de surprise.

    • ABC
      aveugle - brave* - clair
    • DEF
      doux* - énergique- flatteur
    • GHI
      grave - hardi* - intime
    • JKL
      joyeux - kilométriques - livide
    • MNO
      moral* - nouveau - ouvert
    • PQR
      plantureux - quotidien - raffiné
    • STU
      simple - tartare - unique
    • VW
      vierge* - waterproof
    • XYZ
      xénophobe - [y] - zébré*

    Avec, par ordre d’apparition qualifiante :
    Monsieur Philippe Soupault ; Mademoiselle Nathalie Sarraute ; Monsieur Paul Verlaine ; Monsieur Théophile Gautier ; Mademoiselle Simone de Beauvoir ; Monsieur Jean de La Fontaine ; Monsieur Jean Follain ; Monsieur Jean-Baptiste de Grécourt ; Madame Anna (de Brancovan, comtesse) de Noailles ; Monsieur Johannès Papadiamantopoulos (dit Jean Moréas) ; Monsieur Jules Laforgue ; Monsieur Alfred Jarry ; Monsieur Barbey D’Aurevilly ; Monsieur Alexis Léger (dit Saint-John Perse) ; Monsieur Victor Hugo ; Monsieur Jacques Gélis ; Monsieur Gérald Neveu ; Monsieur Marcel Thiry ; Monsieur Jean Giono ; Monsieur Raymond Queneau ; Monsieur Léon Valade ; Monsieur Isaac Lang (dit Ivan Goll) ; Madame Christiane Rochefort ; Monsieur Raymond Devos ; Monsieur Roger Martin du Gard.

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des noms communs
    Des substantifs peu ordinaires
    Des verbes hauts
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  • adjectifs (abc)

    aveugle :
     Ah, dieu ! je suis mort
     mais non

     Aveugle, alors
     non plus

     Sourd, peut-être
     pas davantage

     Mais quoi, alors ?

     D’où vient que je ne voie plus rien dans ce décor
     qui m’enchante ?

     Quelle est cette rumeur où l’ardeur est absente ?

     Pourquoi faut-il aussi que je ne bouge plus
     ni ne rie, ni ne mange, ni ne chante à la nue ?

     Je ne sais qui tu es, par là mon existence
     est comme ce miroir où danse la buée

     J’ai perdu le savoir et l’ivresse des transes
     où ma sirène amie naguère me portait

     Je ne goûte plus rien des saveurs ignorées
     que sont le pain du ciel et le jus des rivages

     Je suis mort, je me dis, puisque j’ai bien compris
     que j’ai quitté ce monde et ses beautés sauvages

     Ou alors, je suis fou… ou, devenu trop sage
     ne suis-je que la bouche bée d’un coquillage
    ; dépourvu de vision, ce qui n’est guère pratique, mais très pragmatique.
    - Tous soudain silencieux guettent les bruits devenus familiers / On attend la grande fête de la mort aveugle [Philippe Soupault].

    brave* :
     ce n'est qu'après la pluie
     la douce pluie d'automne
     que l'orange mollit
     dans le vert qui détone

     le vert qui déraisonne
     souffrant de s'offrir pour une heure
     ultime regain de fraîcheur
     un brave baroud d'honneur

     le fruit tombé à terre
     voudrait y croire encore
     les lambeaux de sa chair
     fondent dans le décor

     il boit un dernier vert
     comme on souffle son âme
     sur un amas de feuilles
     rouge flamme

     tout juste après la pluie
     la douce pluie d'automne
     le vert est dans le fruit
     et la terre frissonne
    ; se dit du bon gars bas de plafond pour son coup de pouce, comme du mort au front tombé là lors d’un coup de main.
    -…nous voilà donc enfin tous là, convenables, chantant en chœur comme de braves enfants qu’une grande personne invisible surveille pendant qu’ils font la ronde en se donnant une menotte triste et moite [Nathalie Sarraute].

    clair :
     L’aube vient, qui l’entend
     étirer sous le vent
     ses longues jambes claires ?

     La nuit feinte l’instant
     cabre vers l’occident
     son voile bayadère

     Au saut du lit la Terre
     teinte dans la poussière
     ses cheveux gris et blancs

     Des animaux s’affairent
     d’autres s’en vont en guerre
     et marchent sur l’orient

     C’est l’aube sur Paris
     et sa jupe blanchit
     à chacun de mes pas

     C’est l’aube et je regagne
     une aimable compagne
     un pain rond sous le bras.
    ; qui a trempé à l’évidence dans un bain de lumière.
    - C'est des beaux yeux derrière des voiles / C'est le grand jour tremblant de midi / C'est, par un ciel d'automne attiédi / le bleu fouillis des claires étoiles [Paul Verlaine].

     * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (def)

    doux* :
     Les jambes les plus belles
     ne me sont rien
     sans qu'un pied, joliet
     finisse bien
     qui de l'arrondi, qui du galbe
     c'est le pied qui fait tout aimable :

     s'il est vivant, presque enfantin
     que la chair l'enveloppe bien
     c'est un délice
     un doux supplice
     que de remonter vers la cuisse
     ou de la garder bien en main

     osseux, il est par trop amer
     et me fait craindre un caractère
     bien trop précieux pour tolérer
     qu'on se pique d'en chatouiller
     la plante cambrée

     veineux, il me saisit d'effroi
     surtout fini par de longs doigts
     j'y vois les serres de la mort
     même à l'extrémité d'un corps
     propice à de puissants émois
     je n'en veux pas

     je l'aime
     musclé sans être bombé
     replet sans être joufflu
     cambré sans être creux
     duveteux mais pas poilu
     que m'importe l'alignement
     des doigts de pied si, cependant
     ils parachèvent l'harmonie
     du pied qui me ravit

     quel plaisir de l'imaginer
     quand au dérobé, la cheville
     se révèle douce et gentille
     quelle horreur de le découvrir
     aussi négligé qu'un fakir
     alors qu'on a bien entamé
     la consommation du désir

     suis-je fat, espiègle ou mesquin ?
     (et pourquoi pas tout à la fois)
     il est vrai qu'au petit matin
     ce pied détermine mon choix
     d'aller à la boulangerie
     ou bien de déserter ce lit
    ; qui prodigue en tout sens un sentiment d’agréabilité limite puérile.
    - Sur ta laine annelée et fine / Que l'art toujours voulut raser / Ô douce barbe féminine / reçois mon vers comme un baiser [Théophile Gautier].

    énergique :
     l'heure avait le front noir et or
      à en courber l'échine
      l'automne et ses rapines
      dépouillaient nos grands frères

     les nuées se livraient encore
      à quelque horrible fête
      on y tranchait les têtes
      dans des éclats de rire

     et moi de contempler le spectacle sauvage
     comme un autre à la plage regarde ses pieds

     un capiteux parfum d'été
      engluait l'atmosphère
      il vous coulait de l'air
      jusque sous la pelure

     des incantations débridées
      mugissaient à folir
      ou priaient d'un soupir
      que l'eau mouche la terre

     et moi j'applaudissais la venue sur les Maures
     de madame La Mort et tous ses nains mauvais

     la ruée s'abattit brutale
      tapotant sur les tuiles
      changeant le sol en huile
      ruinant les capillaires

     cette chevauchée magistrale
      s'écriait : ville prise !
      arrachant aux chemises
      l'opacité mature

     et moi de savourer toujours
      de l'orgie cathartique
      les foudres énergiques
     m'inspirait de l'amour.
    ; peu regardant à la dépense pour produire du travail, s’offrir une suée ou mobiliser l’essence.
    - Sartre avait adopté un énergique slogan : science, c’est peau de balle. Morale, c’est trou de balle [Simone de Beauvoir].

    flatteur :
     C’est l’heure plate du flatteur fat
     dans son assiette comme il se doit
     en présence du joli monde
     du joli monde et sa faconde

     Il distribue les billets mous
     posant  sa main sur les genoux

     Il a pris ses grands airs de faune
     pour transférer sur son i-phone
     des mots de célèbres auteurs
     à l’appui de son trait flatteur

     Il est content de lui, c’est là
     toute l’âme du flatteur fat.
    ; d’un mot qui se veut plus haut que l’autre le moindre.
    - … Soupirs, sourires flatteurs, tout est mis en usage / Quand il s’agit d’attraper un amant. / Je n’en dirai pas davantage [La Fontaine].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    mini-legs.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK