xénophobe :
Un âne à la miteuse robe
à l'âme rude et xénophobe
toisait du regard un bon chien
oreille fine et cœur badin
qui cheminait près de son maître
menant au pré ses vaches paître.
- Eh, l'idiot ! lui fit l'âne hautain,
ce que tu peux être servile
obéissant à cette main
qui, sans toi, serait malhabile
à mener seule ce troupeau.
Le chien lui dit alors ce mot :
- Je vois que tu veux disputer
de quoi nature nous a faits ;
dis-moi donc quel est ton emploi
et nous concluerons après quoi.
L'âne lui dit tout son travail :
comme sur les champs de bataille
il charrie les munitions
qui contribuent à la victoire
de l'un ou l'autre bataillon
de la nation méritoire
qui nous garde de l'étranger
de ses déboires et projets
ou toute infâmie qu'il importe
de ne pas voir devant sa porte.
A quoi le chien lui fit réponse
en ces termes bien mesurés :
- Mais si sur toi un boulet fonce
et te réduit comme pâtée,
dis-moi qu'y auras-tu gagné ?
- Ah, mais la médaille et l'honneur !
- Et cela ferait ton bonheur ?
- Certainement ! j'y compte bien.
Et ce destin vaut toujours mieux
que ta vie de chien, malheureux !
- Ma vie de chien, j'en suis content ;
je vais tous les jours par les champs
paisible, vif et laborieux,
assuré de vivre bien vieux
près de ceux que j'aime et me rendent
tout le bonheur qu'on peut attendre.
- Tu es idiot, je le répète.
- Je vois, ton opinion est faite.
- Et demain, je pars au combat !
- Qui sait, quand on se reverra
me tiendras-tu l'autre discours.
Ainsi passèrent quelque jours...
Puis ce fut la sombre retraite
de toutes nos armées défaites
où l'âne ne paraissait pas
parmi le chaos des convois.
Un soir qu'on lui donnait son dû
le chien renifla sa gamelle
car il n'y reconnaissait plus
l'odeur de pâtée habituelle.
Le maître approchant sa cabane
lui dit : - ça te plaît-y, mon bon ?
J'ai mis un bout du saucisson
que les troufions ont fait de l'âne
tombé sous eux dans la mitraille.
Le chien se remplit les entrailles
ce soir-là, de belle façon.
Quant à disputer à toute heure
de la raison ou de l'honneur,
c'est le fait des gens bien repus ;
mais ça, l'âne ne le sait plus.
; qui, ne s’accommodant ni de l’étrange ni de l’étranger, s’en trouve tout abruti dans ses attributs (!).
- J'ai un ami qui est xénophobe. Il déteste à tel point les étrangers que lorsqu'il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter ! [Raymond Devos].
[y]
zébré :
(à suivre)
; un barré des couleurs (prisonnier de la mode ?) aimera ce motif à l'exotisme tout relatif.
- La vieille façade, zébrée de raccords de céruse, n'attendait plus, pour rajeunir, qu'un coup de badigeon [Roger Martin du Gard].
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tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK