plaire :
Il me plaît qu’il ait plu avant la nuit venue
étouffer dans la gorge mes songes
le pavé roucoule un mensonge
au brillant d’une lame nue
Tu n’as pas reparu et ne paraîtras plus
trottinant vivement dans le square
à ton cou la tulipe noire
vague de jais borde l’écru
Ainsi ai-je connu que tu ne l’aimais plus
notre fol écrin de turbulences
où nous apprivoisions la danse
enivrés de chair et de jus
Il pleut encor, mon cœur, sais-tu ?
et longue la nuit commence
; être agréable au point de séduire et réciproquement.
- Si le mot plaire ne vient pas seulement du mot plaisir, mais du mot biche en émoi, du mot amande en fleur, Alcmène, tu me plais [Jean Giraudoux].
quitter :
Pour une gorgée d'hydromel
pour un plongeon dans l'aube bleue
pour un envol parmi les fous
pour un vers dit dans le marin
Pour une simple goutte même
pour un seul rais entre les yeux
pour un semblant de duvet doux
un dernier cri de mon chant plein
Boire à la source de ton sein
jaillir depuis la rive atlante
raser la paroi des falaises
être un écho à ton appel
Plutôt que de damner un saint
plutôt que revisiter Dante
plutôt qu'un saut dans la fournaise
puisqu'il n'est de péché mortel :
je me quitte
Le goût du sang m'est odieux
mais le vertige délicieux
c'est les mains riches de parole
que je veux vivre libre et fol
et m'être quitte
; ne laisser pour solde de tout compte que la résolution à l’absence et celle de dettes.
- Fais-moi quitter mon corps visible (…) / Ma vie est le rêve d'un rêve / Hanté de fantômes trop tendres[Léon-Paul Fargue].
révoquer :
Deux tableaux se font face
l'un grisonnant, l'autre vivace ;
ce qui se passe entre eux
- je l'observe, ne saute pas aux yeux
et comme ils parlent peu
il me faut deviner leur dialogue discret
Le naturel de l'un semble incommoder l'autre
dont le sourcil arqué, torse, froissé, se vautre
sous la paroi exsangue du front inquiet
grogne, rogne à la base du nez la trogne
d'un coup de griffe de jais
appelons-le Visage
(malgré son teint de pitre)
Une France de rois pourrait mener sa courre
par les allées du bois que celui-là présente
à travers les frimas une frondaison lente
révoque le regain de plus franches amours
dans l'or timide et pâle d'une aube naissante
nommons-le Paysage
(d'ailleurs, c'est dans le titre)
Comme tout les oppose
je ne sais pas trancher où va ma préférence
à cette austère pose ? à ces luminescences ?
je n'ose... je balance...
Tu m'es plaisant, Visage, avec ta mine sombre
il y a du ridicule à ta colère noire,
tandis que ta tristesse nourrit quelque espoir
forêt de Paysage où s'effacent les ombres
Je ne veux pas choisir, laisse ouverte la porte
et mon âme bondir dans ces natures fortes.
; rappeler à son (bon ?) souvenir ; où renier n’est pas jouer.
- Plus je me tais et plus je suis marrie, / Car ma mémoire, en pensant, me révoque / Tous mes ennuis, dont je me moque [Marguerite de Navarre].
* poLèmes précédemment parus sur pavupapri
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tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK