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  • adjectifs (vw)

    vierge* :
     soleil absent
     brume vierge
     mon âme attend
     sur la berge
     l'ombre s'entend
     dire un mot
     l'océan courbe
     le dos
     l'oreille espère
     un signal
     jailli d'un vert
     abyssal
     à sa lisière
     émouvante
     frissonne l'air
     atlante
     qu'un marin joue
     dans les ris
     à l'infini

     je soupire
     mon désir

     et ne veux
     pas finir

     que tu n'aies
     su venir

     m'entendre te le dire
    ; qui attend son heur fertile comme un paysage inexploré.
    - Elément terrible de la nature / Plus incandescent que l'alcool, / Plus profond que le crime, / Femme vierge ! [Ivan Goll].

    waterproof :
     Plouf !
     Plouf !
     Ah, le joli barouf
     de mes deux pieds dans la flaque
     sous la gouttière qui craque
     comme les yeux effarés
     de la rombière engoncée
     dans son manteau waterproof
     elle passe
     moi, je pouffe
     et plouffe
     et replouffe !
    ; qui supporte mieux l’eau dehors que dedans.
    - Je ne pus voir son visage, je ne distinguais que, tracée sur les pavés inégaux du quai, l'ombre du macfarlane (ou du raglan) (ou du ouateurproufe) [Christiane Rochefort].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (xyz)

    xénophobe :
     Un âne à la miteuse robe
     à l'âme rude et xénophobe
     toisait du regard un bon chien
     oreille fine et cœur badin
     qui cheminait près de son maître
     menant au pré ses vaches paître.
     - Eh, l'idiot ! lui fit l'âne hautain,
     ce que tu peux être servile
     obéissant à cette main
     qui, sans toi, serait malhabile
     à mener seule ce troupeau.
     Le chien lui dit alors ce mot :
     - Je vois que tu veux disputer
     de quoi nature nous a faits ;
     dis-moi donc quel est ton emploi
     et nous concluerons après quoi.
     L'âne lui dit tout son travail :
     comme sur les champs de bataille
     il charrie les munitions
     qui contribuent à la victoire
     de l'un ou l'autre bataillon
     de la nation méritoire
     qui nous garde de l'étranger
     de ses déboires et projets
     ou toute infâmie qu'il importe
     de ne pas voir devant sa porte.
     A quoi le chien lui fit réponse
     en ces termes bien mesurés :
     - Mais si sur toi un boulet fonce
     et te réduit comme pâtée,
     dis-moi qu'y auras-tu gagné ?
     - Ah, mais la médaille et l'honneur !
     - Et cela ferait ton bonheur ?
     - Certainement ! j'y compte bien.
     Et ce destin vaut toujours mieux
     que ta vie de chien, malheureux !
     - Ma vie de chien, j'en suis content ;
     je vais tous les jours par les champs
     paisible, vif et laborieux,
     assuré de vivre bien vieux
     près de ceux que j'aime et me rendent
     tout le bonheur qu'on peut attendre.
     - Tu es idiot, je le répète.
     - Je vois, ton opinion est faite.
     - Et demain, je pars au combat !
     - Qui sait, quand on se reverra
     me tiendras-tu l'autre discours.

     Ainsi passèrent quelque jours...

     Puis ce fut la sombre retraite
     de toutes nos armées défaites
     où l'âne ne paraissait pas
     parmi le chaos des convois.

     Un soir qu'on lui donnait son dû
     le chien renifla sa gamelle
     car il n'y reconnaissait plus
     l'odeur de pâtée habituelle.
     Le maître approchant sa cabane
     lui dit : - ça te plaît-y, mon bon ?
     J'ai mis un bout du saucisson
     que les troufions ont fait de l'âne
     tombé sous eux dans la mitraille.
     Le chien se remplit les entrailles
     ce soir-là, de belle façon.

     Quant à disputer à toute heure
     de la raison ou de l'honneur,
     c'est le fait des gens bien repus ;
     mais ça, l'âne ne le sait plus.
    ; qui, ne s’accommodant ni de l’étrange ni de l’étranger, s’en trouve tout abruti dans ses attributs (!).
    - J'ai un ami qui est xénophobe. Il déteste à tel point les étrangers que lorsqu'il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter ! [Raymond Devos].

    [y]

    zébré :
     (à suivre)

    ; un barré des couleurs (prisonnier de la mode ?) aimera ce motif à l'exotisme tout relatif.
    - La vieille façade, zébrée de raccords de céruse, n'attendait plus, pour rajeunir, qu'un coup de badigeon [Roger Martin du Gard].

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Les SUBSTANTIFS PEU ORDINAIRES

    Les substantifs peu ordinaires
    de l'abécédaire poLétique


    Cette série de termes peu ordinaires se distingue de la précédente liste de noms communs en ceci d’abord qu’elle rassemble des mots dont la substance mœlleuse s’éloigne des réalités triviales pour toucher à la conceptualisation des états et des phénomènes qui environnent, ou selon, taraudent la nature humaine. Ensuite, vous noterez comme, dans la liste sommaire ci-dessous, je les ai magnifiés chacun d’une majuscule – effet baroque dont je suis fort peu friand certes, mais non dénué de sens ni de quête d’absolu.

    • ABC
      Autrui - Baiser* - Ciel*
    • DEF
      Drame - Etoile- Folie
    • GHI
      Grâce - Horreur* - Immensité*
    • JKL
      Jour - Kangourou - Livre
    • MNO
      Mystère - Nuit - Ombre
    • PQR
      Présomption - Quête - Rouge
    • STU
      Sort - Temps - Univers
    • VW
      Verbe - Western
    • XYZ
      [x] - [y]- Zen

    Avec, par ordre d’apparition consubstantielle :
    Monsieur Gilles Deleuze ; Monsieur Eugène Emile Paul Grindel (dit Paul Eluard) ; Mademoiselle Thérèse Martin (dite Sainte Thérèse de Lisieux) ; Monsieur Pierre Reverdy ; Monsieur Jules Supervielle ; Monsieur Blaise Cendrars ; Monsieur Albert Samain ; Monsieur Daniel Pennac ; Monsieur Victor Hugo ; Monsieur Alphonse de Lamartine ; Mademoiselle Violette Leduc ; Monsieur Marcel Schwob (aussi dit Jean de Longeville) ; Monsieur Paul-Jean Toulet ; Monsieur Henri Michaux ; Monsieur Alphonse de Lamartine ; Monsieur Alexis Léger (dit Saint-John Perse) ; Monsieur Charles Cros ; Mademoiselle Louise Michel ; Monsieur Jules (ex Ouralphe) Laforgue ; Monsieur Pierre Reverdy ; Monsieur Arthur Rimbaud ; Monsieur Emile Verhaeren ; Monsieur Georges Duby et Monsieur André Malraux.

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des noms communs
    Des adjectifs épithètes
    Des verbes hauts
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  • substantifs (abc)

    Autrui :
     Aux truies ?
     Ah, mon cochon qui ne veut tant d’efforts
     que d’extraire un genou par-dessous la jambée
     qui n’aura pu tanguer plus avant vers le port
     et compte son écot pour une autre lampée
     sur la verge ruinée qui lui pend sous le pli

     Il n’est question d’amour ni même de transports
     mais d’aller secouer un peu de sa rosette
     contre un visage peint aux couleurs de la mort
     odieux truchement qui loge au fond des têtes
     un mol élan de l’âme à se garder d’autrui

     Dimanche, c’est demain… cochon qui s’en dédit !
     rempaillé par les tiens et leurs civilités
     tu iras psalmodier, comble d’hypocrisie
     les commandes d’un ciel où tout est décidé
     par l’amour du prochain qui te sauve la vie

     Aux truies ! Aux truies ! c’est l’heure, il faut payer encore
     et le prix du bonheur et celui du passage ;
     cochon qui s’enlaidit au long des corridors
     parvenu à l’issue où le fond se partage
    ; si ce n’est toi, c’est l’autre : ton frère.
    - L’absence d’autrui, c’est quand on se cogne, et que nous est révélée la vitesse stupéfiante de nos gestes [Gilles Deleuze].

    Baiser* :
     aussi
    dans le suspens de ce baiser, déjà tes lèvres ourlées en embuscade sous les cheveux complices déjà tes mains, fraîcheur qui m'épouse les joues déjà tes diamants sombres dans les miens déjà fous
     et puis
    dans l'affleurement de ce baiser, déjà vibre ma lippe emprisonnée par deux tendres et juteuses délices déjà mes doigts qui t'apprivoisent le  cou déjà mon souffle dans ton souffle tient, déjà nous
     alors
    dans l'affolement de ce baiser, déjà nos bouches d'appétence en douce se régissent déjà nos mains qui se cherchent des envols déjà nos vertiges caracolent déjà tout
    ; archétype manichéen du tout ou rien (il est délicieux ou dégueulasse, du bout des lèvres ou pleine bouche, il est bonjour, adieu, menace, consolation, long, lent, court…) toujours.
    - La terre est bleue comme une orange / Jamais une erreur les mots ne mentent pas / Ils ne vous donnent plus à chanter / Au tour des baisers de s’entendre [Paul Eluard].

    Ciel* :
     Discobole ! Discobole !
     un genou sur le Tourniquet
     défiant Éole et ses nuées
     dans le suspens de ton élan
     tous les envols du temps prescient :

     Plein ouest, rien d’autre que le soir
     révolution, ce vain espoir
     de pouvoir embrasser jamais
     l’aube de la fertilité ;
     
     L’Étoile du Berger patiente
     fendant l’oubli, sa voie lactante
     un cheveu blanc sur le front plat
     d’un cosmos, Chaos et substrats ;
     
     Orient, extrême évanescence
     luit d’opportune renaissance
     quand l’ombre cernée de lumière
     s’amenuise enfin sur la terre ;

     A des profondeurs abyssales
     la vie et sa chaleur australe
     gourmandement remet au four
     galette, la rondeur des jours

     Discobole ! Discobole !
     tourbillon dans le Tourniquet
     spirale folle en déroulé
     goutte de miel au cœur de l’œuf
     relance au ciel un disque neuf.
    ; couvre-lit cosmique auquel n’accède pas qui veut, du reste il en faut bon nombre rien que pour les voir en peinture sans risquer d’en affecter la nature.
    - Mon ciel à moi ! [Sainte Thérèse de Lisieux].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

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  • substantifs (def)

    Drame :
     La douleur dans mes yeux me brûle jusqu’aux lèvres
     et dans mon sein noueux un cloaque mijote.
     Pris de sombres pensées, j’arpente un Pont de Sèvres
     dont la grande enjambée me semble être une grotte.

     Sonnez cloches du soir vos graves résonances.
     Faites vibrer le timbre d’airain de vos chœurs.
     Ce plain-chant accompagne et souligne la stance
     où je mets tout mon plaint, sa peine et sa rancœur.

     Une brise soudain me suspend par l’échine.
     J’ai le pied loin du sol comme un rire de mioche.
     Déjà tous les sanglots me quittent la poitrine.

     Mon cœur abandonné, ne fais pas tant de drame !
     De l’ordre souterrain le train est en approche.
     Qui sait quel passager se trouve dans sa rame ?
    ; pièce sombre où des actes se jouent de nous ; genre où tout le cinéma tient dans un mouchoir.
    - La nuit c'est le nouveau décor / Des drames sans témoin qui se passent dehors [Pierre Reverdy].

    Étoile :
     Seule, brillamment
     L’étoile
     Que le firmament voile
     Sur l’océan.
    ; astre hors normes.

    - Tout de suite au plus noir d'une lame profonde, / Il vous naît une étoile au-dessus de la tête [Jules Supervielle].


    Folie :
     J’aime à la folie ta folie, ma folie
     ma folie qui m’affole
     ma folie qui m’enfuit

     J’aime ta folie de mots qui caracolent
     et décollent du sol
     et décorent l’ennui

     Comme le pin parasol la nuit
    ; incertain dérèglement de tous les sens ; petite, compulsion dépensière.
    - Et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l’air bleui [Blaise Cendrars].

      * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

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