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adjectifs

  • LES ADJECTIFS EPITHETES

    Les adjectifs épithètes
    de l'abécédaire poLétique

    Les attributs de mon sujet ne seraient pas complets sans ces accessoires du langage que sont les adjectifs épithètes ; sans eux pas de cliché ni de surprise.

    • ABC
      aveugle - brave* - clair
    • DEF
      doux* - énergique- flatteur
    • GHI
      grave - hardi* - intime
    • JKL
      joyeux - kilométriques - livide
    • MNO
      moral* - nouveau - ouvert
    • PQR
      plantureux - quotidien - raffiné
    • STU
      simple - tartare - unique
    • VW
      vierge* - waterproof
    • XYZ
      xénophobe - [y] - zébré*

    Avec, par ordre d’apparition qualifiante :
    Monsieur Philippe Soupault ; Mademoiselle Nathalie Sarraute ; Monsieur Paul Verlaine ; Monsieur Théophile Gautier ; Mademoiselle Simone de Beauvoir ; Monsieur Jean de La Fontaine ; Monsieur Jean Follain ; Monsieur Jean-Baptiste de Grécourt ; Madame Anna (de Brancovan, comtesse) de Noailles ; Monsieur Johannès Papadiamantopoulos (dit Jean Moréas) ; Monsieur Jules Laforgue ; Monsieur Alfred Jarry ; Monsieur Barbey D’Aurevilly ; Monsieur Alexis Léger (dit Saint-John Perse) ; Monsieur Victor Hugo ; Monsieur Jacques Gélis ; Monsieur Gérald Neveu ; Monsieur Marcel Thiry ; Monsieur Jean Giono ; Monsieur Raymond Queneau ; Monsieur Léon Valade ; Monsieur Isaac Lang (dit Ivan Goll) ; Madame Christiane Rochefort ; Monsieur Raymond Devos ; Monsieur Roger Martin du Gard.

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des noms communs
    Des substantifs peu ordinaires
    Des verbes hauts
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  • adjectifs (abc)

    aveugle :
     Ah, dieu ! je suis mort
     mais non

     Aveugle, alors
     non plus

     Sourd, peut-être
     pas davantage

     Mais quoi, alors ?

     D’où vient que je ne voie plus rien dans ce décor
     qui m’enchante ?

     Quelle est cette rumeur où l’ardeur est absente ?

     Pourquoi faut-il aussi que je ne bouge plus
     ni ne rie, ni ne mange, ni ne chante à la nue ?

     Je ne sais qui tu es, par là mon existence
     est comme ce miroir où danse la buée

     J’ai perdu le savoir et l’ivresse des transes
     où ma sirène amie naguère me portait

     Je ne goûte plus rien des saveurs ignorées
     que sont le pain du ciel et le jus des rivages

     Je suis mort, je me dis, puisque j’ai bien compris
     que j’ai quitté ce monde et ses beautés sauvages

     Ou alors, je suis fou… ou, devenu trop sage
     ne suis-je que la bouche bée d’un coquillage
    ; dépourvu de vision, ce qui n’est guère pratique, mais très pragmatique.
    - Tous soudain silencieux guettent les bruits devenus familiers / On attend la grande fête de la mort aveugle [Philippe Soupault].

    brave* :
     ce n'est qu'après la pluie
     la douce pluie d'automne
     que l'orange mollit
     dans le vert qui détone

     le vert qui déraisonne
     souffrant de s'offrir pour une heure
     ultime regain de fraîcheur
     un brave baroud d'honneur

     le fruit tombé à terre
     voudrait y croire encore
     les lambeaux de sa chair
     fondent dans le décor

     il boit un dernier vert
     comme on souffle son âme
     sur un amas de feuilles
     rouge flamme

     tout juste après la pluie
     la douce pluie d'automne
     le vert est dans le fruit
     et la terre frissonne
    ; se dit du bon gars bas de plafond pour son coup de pouce, comme du mort au front tombé là lors d’un coup de main.
    -…nous voilà donc enfin tous là, convenables, chantant en chœur comme de braves enfants qu’une grande personne invisible surveille pendant qu’ils font la ronde en se donnant une menotte triste et moite [Nathalie Sarraute].

    clair :
     L’aube vient, qui l’entend
     étirer sous le vent
     ses longues jambes claires ?

     La nuit feinte l’instant
     cabre vers l’occident
     son voile bayadère

     Au saut du lit la Terre
     teinte dans la poussière
     ses cheveux gris et blancs

     Des animaux s’affairent
     d’autres s’en vont en guerre
     et marchent sur l’orient

     C’est l’aube sur Paris
     et sa jupe blanchit
     à chacun de mes pas

     C’est l’aube et je regagne
     une aimable compagne
     un pain rond sous le bras.
    ; qui a trempé à l’évidence dans un bain de lumière.
    - C'est des beaux yeux derrière des voiles / C'est le grand jour tremblant de midi / C'est, par un ciel d'automne attiédi / le bleu fouillis des claires étoiles [Paul Verlaine].

     * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (ghi)

    grave :
     Grave grâce
     ta gorge hélas
     m’est encor défendue
     et menace
     de guerre lasse
     d’être à jamais perdue

     pour les heures
     de folle ardeur
     qu’on aurait attendues
     à demeure
     tout au bonheur
     de soupirs entendus

     Ta mamelle
     dont l’hydromel
     m’enchanterait la vie
     que n’est-elle
     acquise au bel
     et nouvel aujourd’hui

     Des marelles
     de Terre à Ciel
     nous auraient attendris
     ritournelles
     de rituels
     jeux d’enfants à Paris

     Si naguère
     à cœur ouvert
     tu sus te déclarer
     désespère
     ma pauvre chair
     et languis en secret

     Le tonnerre
     ni les enfers
     ne savent consumer
     les rivières
     de pleurs amers
     où je suis abîmé.
    ; acuité de ce qui agit en profondeur.
    - ...au pied du mur / un homme mangeait sa soupe / que les fèves rendaient mauve / il était grave et seul au monde. [Jean Follain].

    hardi* :
     ne délie pas tes longs cheveux
     noués en tresses
     je les rassemblerai par jeu
     comme une laisse
     par quoi je conduirai le feu
     d’entre tes fesses
     à hue, à dia et, plaise à Dieu
     foin de caresses !

     hardi, ma femelle sœurette !
     il nous faut chevaucher la nuit
     en branle mettons la charrette
     avant que des bœufs de l’ennui
     le lourd train-train ne nous arrête
      
     ne roule pas sur ton mollet
     ce bas résille
     à sa frontière en liseré
     ta peau frétille
     plus sûrement que dénudée
     et trop gentille
     j’y éprouverai mieux l’attrait
     qui me titille

     de nos enfants c’est moins la mère
     que la femme au tempérament
     aussi impétueux qu’incendiaire
     dont je veux être le fervent
     amant jouissant de l'éphémère

     ne t’en vas pas quitter trop tôt
     ce doux rempart
     qu’il retarde un peu mes assauts
     hausse la barre
     afin de remettre à niveau
     nos grands écarts
     et livrer bataille à nouveau
     sous l’étendard

     je sais que tu voudras mourir
     plus d’une fois avant la fin
     je sais qu’il me faut parcourir
     tous tes avens, tous tes chemins
     je sais que cela va sans dire

     ne couvre pas d’obscurité
     tes charmes pleins
     qu’ombre et lumière et leur ballet
     servent enfin
     à la hauteur de ta beauté
     entre mes mains
     livrée à l’authenticité
     du cri qui vient

     plus sûrement que le mot dit
     il est une vérité pure
     logée dans chacun de ces cris
     que nous arrache la morsure
     du plaisir et son appétit

     ne remets pas sur ton épaule
     cette lanière
     et laisse donc rouler le khôl
     sur ta paupière
     que mes deux mains, à tour de rôle
     à leur affaire
     fébrilement lisses te frôlent
     paume et revers

     quel délice de gourmander
     après de vigoureux efforts
     les reliquats de ce banquet
     déclinant nos petites morts
     en friandises parfumées

     on ne peut désirer sa sœur
     on ne peut dévorer sa mère
     aucun mensonge n’est au cœur
     d’aucune passion singulière

     et cependant, la transgression
     anime un savoureux mystère

    ; caractère obstiné de celui qui répète "je l'aurai !" (le hardi).
    - De ces doigts tremblants et hardis / Il prend le sombre paradis / Qui donne l'enfer à nos âmes [Jean-Baptiste de Grécourt].


    intime :
     intime infirme le sentiment
     intime infime à tous les sens
     le vertige munificent
     dont le désir exprime l’évidence :
     je suis ce que je veux
     de là je fais et pense.
    ; qualité de ce qui ne s’avoue que du bout des doigts ou des lèvres.
    - L'aube luit, faible éclat, veilleuse molle, intime [Anna de Noailles].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    jouer-a-la-marelle.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (jkl)

    joyeux :
    sourire
    bougie que l’on mouche bien vite
    attarde-toi encore un peu
    sur ce visage généreux
    que j’aille y goûter d’un baiser
    l’instant joyeux qui s’est posé
    sur ses lèvres
    et que cette joie brève
    semble l’éternité
    ; caractère soyeux des bonheurs fugaces.
    - Ne dites pas : la vie est un joyeux festin ; / Ou c’est d’un esprit sot ou c’est d’une âme basse [Jean Moréas].

    kilométrique :
    crottes de biques
    kilométriques
    tes petits pas semés
    loin des anciens pavés
    courent dans la garrigue

    mon atavique
    rire cynique
    en avait relevé
    l'arnachique tracé
    qu'on dirait une gigue

    mais la distance
    où tu t'élances
    n'est pas si dure à voir
    quand je nourris l'espoir
    de te choper, la belle

    car de la danse
    des transumances
    je connais les couloirs
    et j'entends dans le soir
    tout ton troupeau qui bêle

    et je te flaire
    jolie bergère
    jusque sous ton jupon
    où ton connet mignon
    exhale sa cyprine

    au loin tes frères
    là-bas derrière
    dansent le rigodon
    et courent la Ninon
    en t'oubliant, Fantine

    la nuit est prête
    voici, pauvrette
    dans son ravissement
    déjà que je te prends
    au sommet de la combe

    ah, quelle fête
    crie à tue-tête
    personne ne l'entend
    tout ce déchirement
    où je jouis et tu tombes
    ; sur quoi il n'y a pas lieu de s'étendre plus avant, si l'on s'en réfère aux lois de la relativité.
    - La rouille ronge en leurs spleens kilométriques / les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe [Jules Laforgue].

    livide :
    Stupéfaite, livide, abandonnée
    à sa fange putride ta société
    n’aura plus l’heur de m’engloutir
    dans son bourbier de vains plaisirs
    au vrai, j’en suis gavé

    Vénus Camarde, la triste parade
    de tous les piètres camarades
    qui viennent te baiser les pieds
    en chantant et les yeux fermés
    au vrai, j’en suis malade

    Garde tes fêtes pour les Sans-Tête
    Garde tes jeux pour les idiots
    J’ai été bien fol et bien sot
    mais j’ai remonté la braguette

    Je ne briguerai plus ta nuit
    Je ne goûterai plus ton sein
    Et je ne connais de mot fin
    qui soutienne un bel aujourd’hui

    Ma mort, je te conchie !
    ; pâleur qui vient au teint matinal dans un lit désert.
    - Le vélin écrit rit et grimace, livide [Alfred Jarry].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    smile.jpg
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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (mno)

    moral* :
     Tôt ou tard un bout de trottoir
     d'une rue ou d'un boulevard
     arpenté les yeux hagards
     le moral dans le brouillard
     aura des airs de quai de gare
     pour aucun au revoir (chanson – extrait)
    ; exaltant quand il est bon, contraignante quand elle est bonne.
    - Il y a une proportion d’arithmétique morale, écrite, avant qu’elle le fût par un philosophe sur du papier, dans la poitrine de tous les hommes, comme un encouragement du démon [Barbey d’Aurevilly].

    nouveau :
     Ai-je de la danse nouvelle
     dit les beautés vives, plaisantes
     qu’elle ravive et réinvente
     à chaque pas nu sous le ciel ?

     Ai-je des rives océanes
     chanté les vagues mélodies
     soufflées à l’onde par les ris
     pour éveiller les cœurs profanes ?

     Ai-je du continent de Mû
     évoqué même l’existence
     où résonnent en résilience
     du rêve toutes les vertus ?

     Ai-je des bras de ma sirène
     décrit le savoureux séjour
     qui s’offre sans aucun détour
     à qui sait confier sa peine ?

     Si je ne l’ai fait, je crois bien
     que c’est un emploi que je tiens
    ; qui se définit périodiquement contre l’ancien avant d’en rejoindre le cénacle.
    - Le vin nouveau n'est pas plus vrai, le lin nouveau n'est pas plus frais... [Saint-John Perse].

    ouvert :
     des corps appert l’accord prospère
     le regard inférieur
     brasse des bruits de la passion
     juteuse la fraîcheur

     décor ouvert l’accordance erre
     et minore l’espoir
     après la danse au vif allant
     de jamais se revoir
    ; aux quatre vents, c’est le rhume, au seuil, c’est l’huis, à cœur, c’est le fruit charnel et son jus.
    - Les diamants, sans les belles, / Ne sont plus que des cailloux; // Et, dans les charmilles vertes, / Les roses dorment debout, / Et sont des bouches ouvertes / Pour ne rien dire du tout [Victor Hugo].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    Hopper.jpg
    Edward HOPPER, Night-Owls.

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