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  • L'aube atteinte

    Tuileries.jpg

    L’aube vient, qui l’entend
    étirer sous le vent
    ses longues jambes claires ?

    La nuit feinte l’instant
    cabre vers l’occident
    son voile bayadère

    Au saut du lit la Terre
    teinte dans la poussière
    ses cheveux gris et blancs

    Des animaux s’affairent
    d’autres s’en vont en guerre
    et marchent sur l’orient

    C’est l’aube sur Paris
    et sa jupe blanchit
    à chacun de mes pas

    C’est l’aube et je regagne
    une aimable compagne
    un pain rond sous le bras.

    les-toits.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (paru dans l'abécédaire poLétique)

    http://www.deezer.com/listen-914049

     

     

  • Gaëna, faithfully

    Gaena_sofar13.jpg

    I

    straight ahead over the waving fields
    her look
    her shield
    from her smell blown in the soothing wind
    I know I have to understand
    she has to move
    the land
    she has to move
    the sky
    the sand and the waters nearby

    there she stands peacefully
    how far she is already
    how very far from me

    not saying but meaning silence
    all shaped with living happenstance
    I know I shall be patient
    faithful yet distant
    yet faithful
    and confident, truly
    till she comes back to me

     

    II

    Je sais ton regard quelque part à l'affut
    ce doigt tendu perçant l'ombre
    d'un geste résume le nombre
    et me rend à la vue

    La forêt où t'attendre
    le fleuve à redescendre
    le volet clos sur l'émoi de décembre
    le renouveau qui couve sous la cendre
    de ce visage tendre
    et la brassée de fleurs à prendre

    Tout cela m'est rendu
    familier et connu
    quand ton œil à mon adresse
    perce et me verse un sourire entendu

    Gaena_flowers.jpg

    III

    Les horizons les plus proches
    logent bien au chaud dans les poches
    sous ton regard qui semble dire
    L'horizon ne peut finir

    A l'arrêt je perçois mieux
    les effets de la distance
    A marcher j'aurais les yeux
    déjà pleins de renonçance

    Seize horizons devant moi
    pourquoi faudrait-il choisir ?
    puisqu'il me faudra mourir
    je les emporte avec moi

    Plus un mot, je reste là ;
    c'est le regard qui voyage.
    Plus un mot et plus un pas ;
    qu'au loin se reporte ma rage

    lointain, donne-moi ton courage
    il m'en faudra davantage
    pour oser demeurer, sage.

     

    Gaena_sofar13.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par les photographies de Gaëna Da Sylva
    extraites de sa CHAMBRE NOIRE 

  • désordre de grandeurs

    I

    Il passe une lactose
    là-haut dans le cosmos
    coulée sur la nécrose infinie
    et l'ennuit profond isolé de l'étoile
    dont l'appel muet déjà mort étincelle
    et que l'on croit fidèle et nous trompe
    pour qu'on le magnifie
    et que les gens d'ici avec leur nez en l'air
    tenus dans l'univers
    se trouvent bien petits.


    II

    Par vagues longues, l'onde, l'onde
    répète mon tourment aimant et ment
    et quand mes yeux las sondent
    les volutes de l'onde
    je ne vois qu'océan
    et pas de Nouveau Monde.


    III

    D'un pas l'autre et le suivant
    sur la route, sur la route
    un regret ne me coûte
    que de le quitter là

    Je ne le chasse pas
    je demeure à l'écoute
    lapereau sur la croûte
    allant vers son trépas.


    IV

    Les mains toujours plus grand ouvertes
    à cette carne offerte
    à mon corps dépendant

    J'embrasse cette âme déserte
    soit qu'elle est vraiment pauvre
    soit qu'elle fait semblant

    L'aimer c'est s'émouvoir à perte
    et je n'ai pas le temps.


    V

    Quand rien ne s'y oppose
    l'immensité des choses
    me saisit par le bras
    me montre une lumière
    tendue par la forêt
    où le rêve n'attend
    que de me dévorer

    N'ayant pas de cailloux
    pas même un bout de pain
    je poursuis le chemin
    les cheveux en désordre
    vers la maison de l'Ogre
    sous le regard meurtri de ma fratrie.


    VI

    Elle est grande
    et même plus que cela
    ne se sait ni ne se voit

    VII

    Il avait soif ce berger
    là-haut perché

    Il a plongé la longe
    dans la gorge de nuit ouverte
    et le puits l'a mangée ;
    certes, il aurait pu attendre
    avant de l'avaler
    mais c'est mensonge de dire, enfin !
    qu'il existe des puits sans faim

    Il est mort ce berger
    sans revoir jamais sa vallée.

    VIII

    Elle est grande
    et m'aime plus que cela
    ne se sait ni ne se voit.

     

    puits-pouldergat.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (à paraître dans l'abécédaire poLétique)

    01/09/2009

  • LES ADJECTIFS EPITHETES

    Les adjectifs épithètes
    de l'abécédaire poLétique

    Les attributs de mon sujet ne seraient pas complets sans ces accessoires du langage que sont les adjectifs épithètes ; sans eux pas de cliché ni de surprise.

    • ABC
      aveugle - brave* - clair
    • DEF
      doux* - énergique- flatteur
    • GHI
      grave - hardi* - intime
    • JKL
      joyeux - kilométriques - livide
    • MNO
      moral* - nouveau - ouvert
    • PQR
      plantureux - quotidien - raffiné
    • STU
      simple - tartare - unique
    • VW
      vierge* - waterproof
    • XYZ
      xénophobe - [y] - zébré*

    Avec, par ordre d’apparition qualifiante :
    Monsieur Philippe Soupault ; Mademoiselle Nathalie Sarraute ; Monsieur Paul Verlaine ; Monsieur Théophile Gautier ; Mademoiselle Simone de Beauvoir ; Monsieur Jean de La Fontaine ; Monsieur Jean Follain ; Monsieur Jean-Baptiste de Grécourt ; Madame Anna (de Brancovan, comtesse) de Noailles ; Monsieur Johannès Papadiamantopoulos (dit Jean Moréas) ; Monsieur Jules Laforgue ; Monsieur Alfred Jarry ; Monsieur Barbey D’Aurevilly ; Monsieur Alexis Léger (dit Saint-John Perse) ; Monsieur Victor Hugo ; Monsieur Jacques Gélis ; Monsieur Gérald Neveu ; Monsieur Marcel Thiry ; Monsieur Jean Giono ; Monsieur Raymond Queneau ; Monsieur Léon Valade ; Monsieur Isaac Lang (dit Ivan Goll) ; Madame Christiane Rochefort ; Monsieur Raymond Devos ; Monsieur Roger Martin du Gard.

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des noms communs
    Des substantifs peu ordinaires
    Des verbes hauts
    _____________________________________________
  • adjectifs (abc)

    aveugle :
     Ah, dieu ! je suis mort
     mais non

     Aveugle, alors
     non plus

     Sourd, peut-être
     pas davantage

     Mais quoi, alors ?

     D’où vient que je ne voie plus rien dans ce décor
     qui m’enchante ?

     Quelle est cette rumeur où l’ardeur est absente ?

     Pourquoi faut-il aussi que je ne bouge plus
     ni ne rie, ni ne mange, ni ne chante à la nue ?

     Je ne sais qui tu es, par là mon existence
     est comme ce miroir où danse la buée

     J’ai perdu le savoir et l’ivresse des transes
     où ma sirène amie naguère me portait

     Je ne goûte plus rien des saveurs ignorées
     que sont le pain du ciel et le jus des rivages

     Je suis mort, je me dis, puisque j’ai bien compris
     que j’ai quitté ce monde et ses beautés sauvages

     Ou alors, je suis fou… ou, devenu trop sage
     ne suis-je que la bouche bée d’un coquillage
    ; dépourvu de vision, ce qui n’est guère pratique, mais très pragmatique.
    - Tous soudain silencieux guettent les bruits devenus familiers / On attend la grande fête de la mort aveugle [Philippe Soupault].

    brave* :
     ce n'est qu'après la pluie
     la douce pluie d'automne
     que l'orange mollit
     dans le vert qui détone

     le vert qui déraisonne
     souffrant de s'offrir pour une heure
     ultime regain de fraîcheur
     un brave baroud d'honneur

     le fruit tombé à terre
     voudrait y croire encore
     les lambeaux de sa chair
     fondent dans le décor

     il boit un dernier vert
     comme on souffle son âme
     sur un amas de feuilles
     rouge flamme

     tout juste après la pluie
     la douce pluie d'automne
     le vert est dans le fruit
     et la terre frissonne
    ; se dit du bon gars bas de plafond pour son coup de pouce, comme du mort au front tombé là lors d’un coup de main.
    -…nous voilà donc enfin tous là, convenables, chantant en chœur comme de braves enfants qu’une grande personne invisible surveille pendant qu’ils font la ronde en se donnant une menotte triste et moite [Nathalie Sarraute].

    clair :
     L’aube vient, qui l’entend
     étirer sous le vent
     ses longues jambes claires ?

     La nuit feinte l’instant
     cabre vers l’occident
     son voile bayadère

     Au saut du lit la Terre
     teinte dans la poussière
     ses cheveux gris et blancs

     Des animaux s’affairent
     d’autres s’en vont en guerre
     et marchent sur l’orient

     C’est l’aube sur Paris
     et sa jupe blanchit
     à chacun de mes pas

     C’est l’aube et je regagne
     une aimable compagne
     un pain rond sous le bras.
    ; qui a trempé à l’évidence dans un bain de lumière.
    - C'est des beaux yeux derrière des voiles / C'est le grand jour tremblant de midi / C'est, par un ciel d'automne attiédi / le bleu fouillis des claires étoiles [Paul Verlaine].

     * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

     

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK