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  • l'heure avait le front noir...

    l'heure avait le front noir et or
    à en courber l'échine
    l'automne et ses rapines
    dépouillaient nos grands frères

    les nuées se livraient encore
    à quelque horrible fête
    on y tranchait les têtes
    dans des éclats de rire

    et moi de contempler le spectacle sauvage
    comme un autre à la plage regarde ses pieds

    un capiteux parfum d'été
    engluait l'atmosphère
    il vous coulait de l'air
    jusque sous la pelure

    des incantations débridées
    mugissaient à folir
    ou priaient d'un soupir
    que l'eau mouche la terre

    et moi j'applaudissais la venue sur les Maures
    de madame La Mort et tous ses nains mauvais

    la ruée s'abattit brutale
    tapotant sur les tuiles
    changeant le sol en huile
    ruinant les capillaires

    cette chevauchée magistrale
    s'écriait : ville prise !
    arrachant aux chemises
    l'opacité mature

    et moi de savourer toujours
    de l'orgie cathartique
    les foudres énergiques
    m'inspirait de l'amour.

    eclairs006.gif
    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (paru dans l'abécédaire poLétique - adjectifs)
  • porte close feinte

    Porte close vibre

    Oh ! mon amour, mon bel amour
    viens, je t'en prie
    et vois ce que j'ai là pour toi
    ce que j'ai pris

    Elle est à toi comme jamais
    je ne le puis
    c'est une tendre fleur des bois
    que j'ai cueillie

    Porte close geint

    Oh ! mon amour, mon bel amour
    veux-tu entendre
    de ma douleur le chant qui te dit
    viens me prendre

    Oh, mon seigneur ! Oh, mon malheur !
    Oh, ma lubie
    ne reste pas aveugle et sourde
    à ma folie

    Porte close nuit

    Oh ! mon soleil, mon doux réveil
    mon cher festin
    vois combien mon souffle est pareil
    à ton destin

    Oh, mon idole ! Oh, mon école
    des Enfers
    poison de mon sang qui s'affole
    je t'espère

    Porte close feint

    Ah, mon fidèle ! Ah, mon cruel
    te voilà donc
    Ah ! mon néant, tu m'ensorcelles
    Cupidon !

    Ah, mon bonheur ! Ah, mon ardeur !
    Ah, ma furie !
    Ah, mon adorable grenouille
    au fond du puits.

    Gaena_please.jpg

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    (à paraître dans l'abécédaire poLétique)

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par les photographies de Gaëna Da Sylva
    extraites de sa CHAMBRE NOIRE 

    grenouille_granit.jpg
  • horror sleeps, door wide open

    hypnose02.jpgDors, je le veux
    Dors, maintenant
    Tu n'as plus d'yeux :
    plus de tourment

    Dors, je le dis
    je le répète
    Va sur ce lit
    mon corps sans tête

    D'or précieux
    dorénavant
    dores et déjà tue, cours la rivière des songes
    abouche le sang de l'éponge
    et repais-t-en
    soleil par milliers son trésor
    te dira mieux comme tu dores l'aurore.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ...quoi d'autre dans le chili tunisien ?

    Nasreddine_El_Assaly1.jpg

    murs austères et songeurs, à l'enfilade
    réfléchissant la chaleur par les calades
    où le pavé poussiéreux mollit un peu
    mais ce n'est qu'un lumineux trouble des yeux

    c'est l'heure où fille et mère d'oranges
    passent au rouge dans l'ombre étrange
    qui se gardait sous l'arcade fraîche
    de seulement leur frôler la mèche

    père et frères sont au souc à leur étal
    pratiquant un franc marché sentimental
    enrobé de thé bouillant le doux halwa
    retient le parfum des doigts de Fatima

    souffle vers la rive tunisienne
    un chili a rosi les persiennes
    et dans la cité de Jaouhara
    s'est invité le vieux Sahara.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -#525
    inspiré par un tableau de Nasreddine El Assaly, peintre.

  • conduite aveugle en milieu sourd

    Hoogstraten: Les pantoufles, 1658.

    Passée la porte, rentré chez soi
    n’y être plus déjà
    une autre porte, là, devant moi
    je ne la connais pas
    poussée la porte, un autre lieu
    moins connu s’il se peut
    une autre porte devant les cieux
    pris de vertige, amoureux ?
    et plus ni porte ni plus de ciel
    qu’un flottement d’ombelle
    il me transporte jusqu’au parvis
    où m’attendent en nid
    des nuits de portes, fermées, ouvertes
    et cette nuit à perte
    j’en choisis une, la porte brune
    d’ailleurs elle est offerte
    et cet ailleurs n’a pas menti
    je ne suis pas ici
    lumière forte, blancheur criarde
    je sens bien qu’il me tarde
    d’atteindre vite une autre issue
    et changer de tenue
    une autre porte, capitonnée
    suis-je donc au secret ?
    je la maintiens entrebâillée
    de mon pied sur le seuil
    de là j’entrevois un écueil
    sombre, rocheux, peut-être humide
    en suspens dans le vide
    avec dessus, une autre porte
    autrement plus accorte
    bien qu’assez vieille ou mal vieillie
    j’en pousse le vernis
    un long couloir flanqué de torches
    brûlant à mon approche
    s’éteignant quand j’ai dépassé
    la dernière allumée
    série de portes dissemblables
    et mon pas  méconnaissable
    les brise toutes, coûte que coûte
    une soudaine urgence
    presse l’allure et mes chaussures
    en savent l'arrogance
    portes légères des voilages
    m’empêtrent le passage
    mais n’est-ce pas, au bout, là-bas
    le jour que j’aperçois ?
    je grimpe au long de ce conduit
    - le jour, c’est du soleil
    voici qu’à l’orée de cet huis
    je suis dans ton oreille
    avant de sauter, je comprends
    que tu n’écoutes pas vraiment.

    caverne_ephemere2.jpg

     tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     (illustration composée d'après une installation au Louvre)