Dé :
Libéré de la main par un geste élégant
anarchique et serein, il va déjouer l’emprise
de ces fatalités que l’on voudrait soumises
et qui mangent du rêve et qui marquent le temps
Tout son déroulement est empreint de maîtrise
Il entraîne l’orgueil et pousse devant lui
la folie de braver les lois inaltérables
qui sont connues du monde et le font véritable
tout ce qu’obstinément il réfute et renie
Chacune de ces faces est frappée de l’espoir
d’échapper au malheur, au chagrin, à l’ennui
et quand son mouvement cesse sur le tapis
c’est le sort à nouveau qui montre ses points noirs
; redoublé avec entrain pour une apostrophe à usage familier, voire populaire ; on ne se pique pas d’en découdre avec.
- Un coup de dé jamais n’abolira le hasard [Stéphane Mallarmé].
Enfance :
Rangée dans les cartons du placard à méninges
Laissée là dans son coin (des fois, ça peut servir)
Périodiquement étendue comme un linge
ou parfum de printemps avant de s’évanouir en ondes au dehors
Ma chérie, ma chanson, oh ma poupée gigogne
Avec toi je dis non et j’existe dès lors
et tu redis mon nom dans un léger soupir
et je cours à nouveau après des météores
Enfance je te porte où le rêve m’inspire un monde et ses trésors
Enfance, mon sous-rire
; facilité spontanée des premiers pas, notoirement dans le domaine artistique.
- Et puis il prit une poignée de sable et la fourra dans la bouche édentée.
« Une pour l’enfance », dit-il [Boris Vian].
Farce* :
Tous les soirs, c'était
la même farce, allez!
sur mon pré carré
le trottoir d'en face
'suffit que je siffle
voilà qu'un sous-fifre
entendrait chanter
les trompettes de la renommée
Selon l'expression
consacrée, dit-on
je le fais monter
dans mon "nid douillet"
avant qu'il soit nu
réclame mon dû
et toujours sifflant
vérifie l'instrument, peu avant
Y en a de pressés
y en a qui pianotent
y en a qui voudraient
garder ma culotte
et ces vieux garçons
lents au démarrage
comme un hélicon
dont il faut réchauffer l'alliage
La farce ? j'y viens
vous vous doutez bien
que, pour l'hallali
(à cor et à cri ?)
mes tambours battant
chapelets d'ahan
mes airs de tango
pour sûr - eh ! que c'était du pipeau!
Tous les soirs,
c'était la même farce
et si les clients
étaient bien à plaindre
c'était toujours moi
la dinde.
; bourrage de volaille consentante à l'heure des festivités et/ou de dire ses grâces.
- Éternité! pardon. Je le vois, notre terre / N'est, dans l'universel hosannah des splendeurs, / Qu'un atome où se joue une farce éphémère [Jules Laforgue].
________________________________________________________
retour au SOMMAIRE DE L'ABECEDAIRE
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK