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  • frange marine

    L'enfant de l'homme dans l'homme s'étonne :
    la mer s'est fait faire
    un dentier de misère boisé
    crédit photo : sebarjosa mine patibulaire
    de celles que l'on connaît
    aux marins flibustiers
    et à quelques corsaires
    étale un long sourire niais
    sur la rive où promènent
    pénibles ou amènes
    silhouettes humaines
    les vacanciers

    On a donné quartier libre aux plus grands
    qu'on ne voit pas sur la plage pourtant
    quelques enfants allant et venant
    couvrent de sable blanc
    le corps informe de leurs parents

    Il est midi quelque part accroché
    au clocher de l'église
    qui lance dans la bise
    un timbre d'horloger

    Savonne-moi la bouche encore
    ou bientôt je parle de mort

    Immense frange à l'arc étrange
    que sont tes pauvres allumettes
    quand le vent souffle ses tempêtes
    levant la jupe du rivage
    sans se soucier davantage
    de la terre qu'il ronge et mange ;
    sèche ton pleur, passe l'ange

    Rigole !
    dans quelques jours, c'est la rentrée
    décolle !

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - tiki#43
    pour le thème hebdomadaire des Impromptus Littéraires

    d'après une photo de sebarjo.

  • la sagesse du coquillage à marée basse

    Ah, dieu ! je suis mort
    mais non

    Aveugle, alors
    non plus

    Sourd, peut-être
    pas davantage

    Mais quoi, alors ?

    D’où vient que je ne voie plus rien dans ce décor
    qui m’enchante ?

    Quelle est cette rumeur où l’ardeur est absente ?

    Pourquoi faut-il aussi que je ne bouge plus
    ni ne rie, ni ne mange, ni ne chante à la nue ?

    Je ne sais qui tu es, par là mon existence
    est comme ce miroir où danse la buée

    J’ai perdu le savoir et l’ivresse des transes
    où ma sirène amie naguère me portait

    Je ne goûte plus rien des saveurs ignorées
    que sont le pain du ciel et le jus des rivages

    Je suis mort, je me dis, puisque j’ai bien compris
    que j’ai quitté ce monde et ses beautés sauvages

    Ou alors, je suis fou… ou, devenu trop sage
    ne suis-je que la bouche bée d’un coquillage

    coquillage.jpg

    tiniak ©2007-2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (à paraître dans l'Abécédaire poLétique)

     

  • Les NOMS COMMUNS en poLétique

    Les noms communs
    de l'abécédaire poLétique

    Par communs, le lecteur voudra bien noter le caractère ordinaire des termes poLétiques choisis ; le parti pris étant de les réhabiliter ici dans leur fonction poLétique intrinsèque, quand l’usage courant que l’on en fait s’emploie à nommer les choses en leur état de réalités triviales.

    • ABC
      aujourd'hui - bergeronnette - campagne
    • DEF
      dé - enfance - farce
    • GHI
      gant - heure - ici
    • JKL
      jumelle - kiosque - lune
    • MNO
      maison - nature - oiseau
    • PQR
      peau - quartier - robe
    • STU
      secret - tango - un
    • VW
      viande - wagon
    • XYZ
      xérès - yeux - zoo
    20lettres.jpg

    Avec, par ordre d’apparition providentielle :
    Monsieur Etienne (dit Stéphane) Mallarmé ; Monsieur Charles Dovalle ; Monsieur Louis-Ferdinand Destouches (dit Céline)  ; Monsieur Boris Vian (aussi dit Vernon Sullivan) ; Monsieur Jules Laforgue ; Mademoiselle Violette Leduc ; Monsieur Guillelmus Apollinaris Albertus de Kostrovitzky (dit Guillaume Apollinaire) ; Monsieur Charles Vildrac (aussi dit Robert Barade) ; Messieurs Pierre Dac et Francis Blanche ; Monsieur Maurice Barrès ; Monsieur Max Jacob (aussi dit Morven Le Gaëlique) ; Monsieur Antoine de Saint-Exupéry ; Mademoiselle Cleenewerck de Crayencour (dite Marguerite Yourcenar) ; Monsieur Jules Supervielle ; Monsieur Eugène Ionesco ; Messieurs André Breton & Philippe Soupault ; Monsieur Léo Malet ; Monsieur Claude Roy ; Monsieur Benjamin Péret ; Monsieur François de Malherbe ; Monsieur Jean-Paul Sartre ; Monsieur François Boyer ; Monsieur Robert Marinier ; Madame Marguerite de Valois (dite Reine Margot) ; Monsieur Paul (dit Tristan) Bernard.

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des substantifs peu ordinaires
    Des adjectifs épithètes
    Des verbes hauts
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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (abc)

    Aujourd’hui :
     Ayant rangé l’hier
     et son nid de poussières
     sous le tapis du souvenir
     ceci dit qu’il ignore son avenir
     et lui préfère un songe

     Quel trésor, cela dit
     des deux mains aujourd’hui
     que presser une éponge
     sur une gorge amie

    ; demeure le jour où l’on rencontre celui de sa vie.
    - Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui [Stéphane Mallarmé].

    Bergeronnette :
     C’est l’oiseau méconnu des bavardes amours
     le serin s’évertue à voler au secours
     des amants que l’accent circonflexe
     perturbe à ce moment du texte
     où l’on saisit le mot qui va nous jouer des tours

     Le clavier le connaît pour sa facilité
     quand on y réfléchit, il pourra remplacer
     avec quelque avantage dans l’exécution
     et rehaussant l’hommage dans le trait d’union
     les doux mots d’âme, de rêve, continûment ou pâtisserie

     Je l’emploie quant à moi pour lui dire « je t’aime » aussi.

    ; engin capable de vol stationnaire outre-rhin ; pâtresse femme à la moralité irréprochable.
    - Reprends tes jeux, bergeronnette, / Bergeronnette au vol léger [Charles Dovalle].

    Campagne :
     Églises à genou sous les combles du ciel
     aussi, tristes vaisseaux échoués loin du port
     engoncés dans la boue d’un laborieux cheptel
     allant guidé par de moins vivants que leurs morts
     avec les yeux plissés comme on a la vue basse
     la paupière crayeuse et le regard vitreux
     s’en diffusent lampions enviés par la mélasse
     qui les chantent debout en se rongeant le ventre
     des sorts prescrits, des passions que l’on rentre
     avec le foin, le blé, ce bon pain de misère
     et des mercis bien gras pendus sous la charpente
     qu’on ira décrocher un de ces jours, prochain
     dans la joie d’en finir avec l’ennui de vivre
     (oui, c’est très alexandrin)
    ;
     La campagne était nue et je la titillais
     d’un pas léger, charnu ; l’herbe s’écarquillait
     les pétales, pistils et les tendres épis

     J’allais vers ma compagne allongée, assoupie
     le sein dru sous la brise et le cheveu sauvage
     je n’avais que l’envie de ne pas être sage

     Et tout dans ce regain m’aura donné raison
     quand nous aurons baisé follement la saison
     dans sa paume estivale

    ; sceptre matinal de l’heureux citoyen et croustillant écrin des fromages bien en chère ; terre nourricière abattue sous des coups belliqueux que l’on mène au son du tambour et du pipeau.
    - Moi d'abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j'ai jamais pu la sentir. ... Mais quand on y ajoute la guerre en plus, c'est à pas y tenir [Céline].

    bergeronnette_citrineSN3.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (def)

    Dé :
     Libéré de la main par un geste élégant
     anarchique et serein, il va déjouer l’emprise
     de ces fatalités que l’on voudrait soumises
     et qui mangent du rêve et qui marquent le temps

     Tout son déroulement est empreint de maîtrise

     Il entraîne l’orgueil et pousse devant lui
     la folie de braver les lois inaltérables
     qui sont connues du monde et le font véritable
     tout ce qu’obstinément il réfute et renie

     Chacune de ces faces est frappée de l’espoir
     d’échapper au malheur, au chagrin, à l’ennui
     et quand son mouvement cesse sur le tapis
     c’est le sort à nouveau qui montre ses points noirs

    ; redoublé avec entrain pour une apostrophe à usage familier, voire populaire ; on ne se pique pas d’en découdre avec.
    - Un coup de dé jamais n’abolira le hasard [Stéphane Mallarmé].

    Enfance :
     Rangée dans les cartons du placard à méninges
     Laissée là dans son coin (des fois, ça peut servir)
     Périodiquement étendue comme un linge
     ou parfum de printemps avant de s’évanouir en ondes au dehors

     Ma chérie, ma chanson, oh ma poupée gigogne

     Avec toi je dis non et j’existe dès lors
     et tu redis mon nom dans un léger soupir
     et je cours à nouveau après des météores
     Enfance je te porte où le rêve m’inspire un monde et ses trésors

     Enfance, mon sous-rire

    ; facilité spontanée des premiers pas, notoirement dans le domaine artistique.
    - Et puis il prit une poignée de sable et la fourra dans la bouche édentée.
     « Une pour l’enfance », dit-il [Boris Vian].

    Farce* :
     Tous les soirs, c'était
     la même farce, allez!
     sur mon pré carré
     le trottoir d'en face
     'suffit que je siffle
     voilà qu'un sous-fifre
     entendrait chanter
     les trompettes de la renommée

     Selon l'expression
     consacrée, dit-on
     je le fais monter
     dans mon "nid douillet"
     avant qu'il soit nu
     réclame mon dû
     et toujours sifflant
     vérifie l'instrument, peu avant

     Y en a de pressés
     y en a qui pianotent
     y en a qui voudraient
     garder ma culotte
     et ces vieux garçons
     lents au démarrage
     comme un hélicon
     dont il faut réchauffer l'alliage

     La farce ? j'y viens
     vous vous doutez bien
     que, pour l'hallali
     (à cor et à cri ?)
     mes tambours battant
     chapelets d'ahan
     mes airs de tango
     pour sûr - eh ! que c'était du pipeau!

     Tous les soirs,
     c'était la même farce
     et si les clients
     étaient bien à plaindre
     c'était toujours moi
     la dinde.

    ; bourrage de volaille consentante à l'heure des festivités et/ou de dire ses grâces.
    - Éternité! pardon. Je le vois, notre terre / N'est, dans l'universel hosannah des splendeurs, / Qu'un atome où se joue une farce éphémère [Jules Laforgue].

    AWOUÉ.JPG

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK