Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • noms communs (ghi)

    Gant :
     Ta main de sable fond dans
     ma nuque affable de blanc
     cerclée de larmes criant
     les hauts faits d'âme
     d'antan

     Ta main de sable sans gant
     de sous la table coule en
     morne ressac sanglant

     Le grain amer
     de cette chair
     que je gourmande en lévitant
     est l'atmosphère
     que je vénère
     comme plus aucun Léviathan

     Le fondant de ta main de sable !
     Le mouvant de ta main de sable !
     dédaigne les dessous de table
     aspire et absorbe le temps

     Ô muse au museau irritable et charmant
     demeure un saisissable et long tourment
     qu'à l'heur d'être à l'heure adorable où tu prends
     ma nuque dans ta main de sable
     je retienne pour véritable
     la paix d’un toucher se faisant aimable
    ; accessoire hypocrite quand, cousu de fer blanc, on en couvre d'autorité la pêche de sa main. 
    - La main (…) rhabilla mon bras avec un long gant suédé, tomba de mon épaule comme un
    insecte, s’accrocha à l’aisselle [Violette Leduc].

    Heure :
     Ah l’heur ! Ah l’heur
     de n’être pas à l’heure, dites
     quand la mort s’invite
    ; unité de mesure du temps convenue relativement à tout sauf à l’action en cours.
    - Vienne la nuit sonne l’heure / les jours s’en vont je demeure [Guillaume Apollinaire].

    Ici :
     Ailleurs, cet ici quand on y songe à pas d’heure
     me rapproche là-bas l’espérance d’y être
     et c’est les yeux fermés (ouverts à l’intérieur)
     que j’effleure la vague d’un certain peut-être

     Je pleure l’ici-bas en faisant ce voyage
     avec, à chaque pas, chaque trace laissée
     un peu plus de courage dans la destinée

     Ici est maintenant une étrange mouvance
     où je suis hors de moi le flux des appétences
     ruée vers l’horizon qui recule toujours
     différant l’arrivée au siège des amours

     Je reste ici ou là en quête peu ou prou
     d’un ailleurs immobile et qui m’accueillerait
     et mon rêve de fou alors l’embrasserait

     Et je saurai par tout par où aller
    ; l'endroit où l'on ne se cherche plus.
    - Tu n’es plus ici, tu n’es pas ailleurs [Charles Vildrac].

    breton_nadja.jpg
    [illustration pour le Nadja de A. Breton]

    ________________________________________________________
    retour au SOMMAIRE DE L'ABECEDAIRE

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (jkl)

    Jumelle :
     Sœur, jumelle à l’exact opposé de mon cœur
     je te suis par tout ce que je ne sais pas être
     je t’aime autour et dans l’étrange mot peut-être
     il exprime entre nous le parfum d’un fol heur à naître

     Sœur, au collier bordé de femelles sueurs
     nœud coulant qui me prend et mène à sa potence
     un empire aboli dans de brèves jouissances
     tandis que ta sentence après elles demeure essence

     Sœur, au fragile éclat vite gâché d’un pleur
     le subtil agrégat de ce qui te compose
     a pour ciment liant la nature des choses
     négligée trop souvent pour ton profond malheur

     Sœur, de brune et fertile et constante rondeur
     que ne peuvent au ciel égaler ni la lune
     pas plus que l’astre auquel on confie sa fortune
     Sœur, jumelle ma sœur, près de toi plus de peur, aucune

     Je t’attends, ma sœur, et le cerisier en fleur
     égaille dans le vent brutal et saisonnier
     le motif enrobant tes charmes printaniers
     sans que j’y voie pourtant poindre ce qui ferait, ma sœur
     oh ! mon bonheur entier

    ; les deux font la paire visionnaire ; enseigne plutôt blasée.
    - Des jumelles !!! Combien ? - Une paire, avec la courroie et l'étui [Pierre Dac & Franbcis Blanche].

    Kiosque :
     Déserté par les vents et les cordes
     il ouvre aux courants d’air ses arcades
     et le petit gravier qui le borde
     distribue le pas des promenades

     C’est l’écrin d’une amour désuète
     où chante des baisers tout l’éclat
     bien que désormais foin de voilette
     on s’y embrasse encore à tout vat

     Des fantômes le peuplent la nuit
     ils ont le goût des arts et des lettres
     ils ont bu tout le jour et la pluie
     révèle les contours de leur être

     Entendrez-vous l’écho des fanfares
     qui résonnaient au cœur des dimanches
     quand les cris des enfants dans le square
     froissent la robe des roses blanches ?

     Je t’attends sur le banc vermoulu
     dans la bouche un marron de Manosque
     l’âme et l’œil vaguement résolus
     tu m’as donné rencard sous le kiosque
    ; ancien comptoir des nouvelles du jour ; boîte à musiques de chambre aérée.
    - Les roses dormaient sur les rosiers, près des roses, les rossignols, et dans les kiosques veillaient les sultanes [Maurice Barrès].

    Lune :
     Lune est l’autre moi à taire

     Quand elle luit, parlez sans faire aucun mystère
     et pas plus de quartiers que ceux qui sont à prendre
     au miroir de sa face de cendre

     Et qu’il se fasse nuit ou qu’elle se repose
     dans un ciel aujourd’hui bleu, blanc, chose
     elle suit du regard tout de nos appétences
     vous pouvez tout lui dire

     Aile dense
    ; signal érotique fort judicieusement placé derrière.
    - La lune qui s’ouvre / qui se ferme et s’ouvre / tout un mois comme un parasol [Max Jacob].

    audiablelemenage.gif

    ________________________________________________________
    retour au SOMMAIRE DE L'ABECEDAIRE

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (mno)

    Maison :
     Avons-nous si peur du dehors que nous donnions à nos maisons l’aspect d’un visage fermé ?
     Je suis plus tranquille derrière un volet que devant cet huis clos
     Et ce rude crépi n’est pas fait pour mon dos

     Maisons, si je vous toise
     c’est pour juger mieux sur mon âme
     de l’effet de vos tuiles, de vos ardoises
    ; logement éthéré au possible où courent des mythes improbables.
    - Ma maison cachait un secret au fond de son cœur [Antoine de Saint-Exupéry].

    Nature :
     Allez leur dire après, à toutes ces pleureuses
     que la mer se grattait sans plus penser à mal ;
     dites-leur de tenir leur petit animal
     sans ciller ni bouger sous les pattes fouineuses
     des mouches, des fourmis – tout autre aventureuse
     vermine

     Mais voyons ! Mais bien sûr ! Ah, le coquin de sort !
     Ah, l’odieux élément qui joue les insoumis !
     Sa nature anarchique a soudain compromis
     la pêche, sa récolte et le peu de confort
     que les femmes d’ici attendent pour leur corps
     en ayant bonne mine

     Puis le temps pour le deuil finira malgré tout
     une fois rincé l’œil et battue la poitrine
     on verra dandiner sous l’ample crinoline
     les hanches avachies, le tétin déjà mou
     mais de fort vive allure et bien roide le cou
     le popotin joyeux que la veuve en marine
     propose à d’autres yeux jaloux

     Bien fou le marin qui
     à terre se marie

     La sagesse des mers
     aime les concubines
     (je le préfère aussi) 
    ; état de ce qui précède la société et s’y oppose par périodes saisonnières ; vivant ensemble de tout ce qui va de soi.
    - Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J’y rencontre ma nature, déjà composite, formée en partie d’instinct et de culture [Marguerite Yourcenar].


    Oiseau :
     Mais qu’est-ce qui t’as pris, Serpent !
     d’aller te coller ainsi, vraiment !
     des pattes sous le ventre, des plumes sur le dos ?

     À quoi as-tu brûlé tes lèvres jointes
     durcies en pointe comme des os ?

     Serpent, tu es idiot !
     et des plus sots qui soient !
     tu as perdu ta langue, dis-moi ?

     Et que fais-tu là-haut criant tôt le matin
     à rendre muet tout regain ?

     Tu planes, tu délires !
     ne crains-tu pas les rires
     des méchants qui te jettent des calots ?

     Tu n’as donc rien à dire
     que tu ne pipes mot ?

     Et qu’est-ce que ça veut dire
     ces noms d’oiseaux ?

     Masette, que te v’là beau !
     (notez l’acrostiche)
    ; animal de légende populaire sensé prendre l’instant tanné et le rendre au photographe ; petit engin pudique logé au fond des culottes jusqu’à l’heure de la toilette.
    - Mille oiseaux qui s’enfuient n’en font qu’un qui se pose [Jules Supervielle]. 

    sirene_missed%21.gif

    ________________________________________________________
    retour au SOMMAIRE DE L'ABECEDAIRE

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (pqr)

    Peau :
      De la vue
        je la touche déjà
      De la main
        je la vois
      De la bouche
        je l’entends gémir
      Du nez
        je m’en inspire
      À l’oreille
        je sais comment finir
      Je l’emmanche
        et voici dans sa peau mon habit du dimanche
    ; enveloppe chagrine de la plupart des êtres animés contenant à peu près tout ce qui est nécessaire à leur état vital ; surface éloquente tannée, tendue, frappée jusqu’à ce qu’elle résonne et se fasse plus locace ; boursouflure lactée inégalement appréciée au petit-déjeuner.
    - Comme je voudrais avoir cette peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, cette nudité décente, sans poils, comme la leur [Eugène Ionesco].

    Quartier :
     D’un franc coup de ton cimeterre
     Centaure que je vénère
     taille-moi des portions d’univers

     En long, en large, en pré carré
     en boule, en pâte à modeler
     que je façonne à volonté
     les cours et les maisons nouvelles
     dont je vais redorer le ciel
     et pour la compagnie fidèle
     de mes désastres préférés
     Lune, Vénus et Cassiopée
     viendront y prendre leurs quartiers

     Là, nous goûterons des plaisirs
     que nul dieu n’a pu assouvir
     n’en ayant pas même eut idée
     n’en étant pas même substance
     allons y mener notre danse
     aux yeux de divins spectateurs
     à la bonne heure
    ; on n’en fait pas chez certains pirates redoutables ; la moitié d’une demi-portion de l'une (rousse) ou de l'autre (orange).
    - Le quartier Montparnasse a conservé sa physionomie paisible, avec ses artistes, ses philosophes qui extravaguent sous le chapeau de forme haute [André Breton & Philippe Soupault].

    Robe* :
     Les jeunes filles
     sont de petites filles
     dont l'âme sur la guenille
     manque de fil

     Les jeunes hommes
     sont de petits bonshommes
     dont le cœur est une pomme
     qui fait un somme

     Les garçons tisseront-ils
     l'étoile aux cœurs croisés
     sur la robe des filles énamourées ?

     Les filles sonneront-elles
     la charge du réveil
     à l'oreille des garçons en sommeil ?

     Rien n'est moins sûr
     c'est l'aventure qui commence
     sur les chemins de la jouvence
    ; accessoire de mode équestre à tout crin ; vêtement de toutes les légèretés.
    - Elle devait être belle, il le fallait. Avec sa pauvre petite robe, sa pauvre petite robe de pauvre, décorée de jolies tâches de sang [Léo Malet]. 

    ________________________________________________________
    retour au SOMMAIRE DE L'ABECEDAIRE

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (stu)

    Secret :
     Si ce n’est pas même un murmure,
     c’est encore à peine un clin d’œil
     et pour que le secret perdure
     il faut qu’une âme le recueille

     Et ce que veut le secret taire
     exige que l’on se ménage
     hors de la portée des commères
     l’intérieur à tous les étages

     Aussi bien ne demande pas
     à l’être aimé pourquoi il t’aime
     demande plutôt à ton chat
     de te réciter un poème
    ; bagage à maints tombeaux passibles de pesants silences ; recette de grand-mère et/ou de sorcier.
    - Le secret des secrets c’est que tous les chats parlent [Claude Roy].

    Tango :
     Pourtant si fière du mollet
     la danse pleure des épaules
     enfermant chacun dans son rôle
     fini, rouge, prédestiné

     Une tragédie noire et sûre
     enveloppe la compagnie
     qui va la mort sous les talons
     et du défi dans la cambrure

     Quand se relâche leur étreinte
     à la fin, on n’applaudit pas
     on crie, on défait son chignon
     et puis voilà
    ; un certain panaché rougeoyant dans la bière ; où l'on accorde et on danse.
    - Monsieur Petite Moustache relevée en croc avec l’oreille gauche fendue, dites-moi à quoi on reconnaît l’âge d’un cynocéphale dont la fesse droite est bleue et la gauche tango ? [Benjamin Péret].

    Un* :
     Par « Aimez-vous les uns les autres »
     (je ne sais plus qui a dit ça)
     je comprends bien que l’on se vautre
     à plus du trois sur mon sofa
    ; opposé à l’autre, ça fait déjà deux ; quantité première par laquelle tout se fige comme un rien.
    - Loin les vulgaires fortunes / Où ce n'est qu'un jouir et désirer : / Mon goût cherche l'empêchement / Quand j'aime sans peine j'aime lâchement. [François de Malherbe].

     

    ________________________________________________________
    retour au SOMMAIRE DE L'ABECEDAIRE

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK