Une seconde, pas plus
vaste monde connu
mon œil exponentiel
renvoie l'obscur oubli
à son mortel ennui
et s'invente le temps de voir
lumières en miroir
ton regard bien en face
dedans, l'espace
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
17/01/2011
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Une seconde, pas plus
vaste monde connu
mon œil exponentiel
renvoie l'obscur oubli
à son mortel ennui
et s'invente le temps de voir
lumières en miroir
ton regard bien en face
dedans, l'espace
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
17/01/2011
Flaque laiteuse
un long janvier
traîne des pieds
son moindre mal
la mer étale
a son collier
d'algues liées
frise, noueuse
Sur sa vague libidineuse
un soupir me prend à la gorge :
quel roman, ce Petit Grain d'Orge
va-t-il, au sein de la berceuse
que, malheureuse, vous chantiez
déloger pour son animal ?
Frise noueuse
en bouclier
à ton collier
de chair, étale
un long signal
qu'épris, j'enviais
quand je t'épiais
de ma chauffeuse
Solitairement licencieuse
attisant un brasier de forge
à bout de sein, à pleine gorge
en explorations rigoureuses
du linge, alentour, en chantier
jusqu'à ton vertige optimal
Et de plus belle
au long janvier
vous m'enchantiez
d'une berceuse :
« Donnez-lui donc
un p'tit grain d'orge
un p'tit grain d'orge
et l'enfant s'endort »
tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustrations : Delphine RIFFARD, alias Delphes
Debout, pierre loquace, à vue, ta langue ancienne
pointe ses prétentions au-delà du commun
La ville sait ton nom comme un lieu de passage
L'œil touriste y confond l'intérêt, le dédain
et sa fascination pour les monstres
au faciès apatride, au sourire vilain
Avec l'obstination figée dans sa torture
ils recrachent l'opprobre et son cuisant venin
dans un plus qu'édifiant inaudible vacarme
Tu règles le bonheur que de pieux nostalgiques
vont trouver dans un ordre où tout est bien rangé
avec, rivée au corps, à l'acte, l'espérance
en une absolution complète du péché
dans un règne de gloire et de verbe hypocrites
Pour tous, au nom du Père, un même sang versé
à boire en communion dans une même coulpe
que sauve l'ordinaire et le petit salé
la certitude enjouée de Sa miséricorde
Dimanche, c'est ton jour des matinées contrites
Au menu : gymnastique des génuflexions,
pain fondant sur la langue et sermon extatique
où l'amour du prochain assomme la raison
Tandis que l'oraison prône le Sacrifice
et vaut pour le voisin, pas pour Notre Maison
l'ombre dans les recoins se réjouit et salive
attendant au détour la brebis, le mouton
qu'un prompt "Vae soli" vienne tôt les maudire
Vue d'ici - du dehors ! pierre de belle ouvrage
je te lis comme au soir mon livre familier
Sous tes piliers gravés pour les Siècles des Siècles
à promener mon chien, j'aime lever le pied
C'est qu'aujourd'hui tout court, en tout sens et sans rêve
avec la bouche pleine de termes guerriers
Et, si pisse mon chien sur ton glacis de marbre
(entretenu aux frais de quelque râtelier)
ce n'est pas cher payer pour tes Saintes Croisades
J'observe un saint patron, colombe sur l'épaule
quand surgit le bourdon austère et grégorien
qui me cause un tournis, pire qu'un acouphène
et semble également incommoder mon chien
- si les Voies du Saigneur nous sont impénétrables
que Ses monotonies d'octaves, paroissiens !
n'ont-elles modulé au fil des harmonies
que chante l'aujourd'hui pour son élyséen
plutôt que d'ânonner d'immuables hommages ?
Oui, vraiment, je préfère encore l'éloquence
de la pierre au silence chargé de passions
qu'il m'appartient de lire et d'accorder aux miennes
Y demeure un motif pour la révolution
autant qu'un aiguillon de tension spirituelle
Ici, la dualité de notre condition
affiche son conflit vaniteux et superbe
Au méritoire effort de sa restauration
j'applaudis en brûlant mon carburant diesel
tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Je t'ai vue - la première foi, légère
et le pied enfantin
tu me donnais la main
du rire entre les doigts
Il m'a paru si clair que c'était toi
quand je t'ai vue à la seconde
dans le suspens du monde
tu m'accordais ta main
L'ombre est plus douce à regarder, ce soir
C'est l'automne et l'On sème
Des Barques, la troisième
avance et viens pour moi
Je t'acquitte, ma chair, à cet endroit.
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
BESTIAIRE IMPROMPTU
Il y a un loup dans ma cuisine
venu lécher mes casserolles
où n'ont pas cuit profiterolles
mais proliféré mes rapines
Il y a un thon dans mon bassin
pas pour échapper aux filets
mais pour y laisser mariner
ses formes rondes et boudins
Il y a un ours dans mon placard
mais n'y voyez pas de faconde
s'il grogne et peste sur le monde
c'est d'en exécrer le bazar
Il y a des vers dans ma pommade
non pas qu'elle soit périmée
c'est que je préfère beurré
mon chien durant sa promenade
Il y a des ci, il y a des ça
dont je fais tout mon tralala
Il y a des ça, il y a des ci
dans mon bestiaire, c'est ainsi
Pour un Impromptu Littéraire - tiki #102
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustration :
Alain Séchas