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poésié - Page 87

  • saulitude 125

    saules de Vincennes

    Vincennes, 10 janvier 2010

    Gazouillis si particulier
    que les chants d'oiseaux le matin
    Grave, aigu, à proximité
    l'un à l'autre de loin en loin

    Il me semble y pouvoir entendre
    harmonieusement concentrés
      une réponse à son appel
      l'ivre désir à la parade
      la faim du jour dans sa nacelle
      du chapardeur la dérobade
      l'entrain, la fuite
      et quelque autre notion profonde
      - qui m'est interdite, du monde

    Ramassée sur sa branche
    la poésie que rien n'étanche
    est assoiffée
    le fleuve las, n'y suffirait
    ni la pluie,
    ni la beauté que je t'envie
    grand saule,
    à qui voudrais tendre l’épaule

    Où t’emmener du bout des doigts
    hors cette fraîcheur qui décroît
    mais traîne ?
    Que ferions-nous de la semaine ?
    De novembre ?
    Et de la jalousie des trembles ?

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#102
    en 125 mots, donc.

     

     

  • m'endiant

    le gai ris doncà Gino

     

    Tandis que tourne ma vielle
    la vie elle ne m'attend pas
    puis tendre sébile et crécelle
    à celle qui soldera
    tout mon compte
    quoi qu'en disent, que m'en raconte
    elle est là
    j'en suis las
    de me lacer, Poucet, les ailes
    au cœur la même ritournelle :
    Allez, va !

     

      

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    http://www.deezer.com/listen-3251592
    (it's DB's 'Dynamite')

  • poétaire

    apache%20972.gifPoésie ramassée par taire
    implose ou rue des logorrhées
    alluviales chargées de faire
    le ménage avant d'amarrer
    au ponton de l'imaginaire
    où j'attends sur l'embarcadère
    le prochain vaisseau fantôme et
    son lot d'exotiques pensées

    Hors de moi, peau et terre
    dès qu'un jour a le dos tourné
    pour l'emploi que mon corps sert
    j'embrasse ma destinée
    (je suis pirate de l'ère)

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    souris-moi

  • Sur la butte à Carco

    Passe au vent mollissant une rousse crinière

    Allure, qui te presse ?
    Urgente, l'aventure ?
    Quelque folle allégresse ?
    De plus obscurs desseins t'aspirant vers le vide ?
    Qui, pourquoi... ne retient un instant par la main
    ton unique pâleur couverte d'éphélides ?
    S'il en était besoin...

    La chaussure est là, seule et baille au caniveau

    Triste objet singulier
    Flasque peau de chagrin
    Gis-tu là, délaissée ?
    Affranchie d'une gémellité trop pesante
    as-tu pris ce parti de façon volontaire ?
    Pour changer de sujet ? de lacet ? de détente ?
    D'une, je n'ai que faire...

    Diffus un lampadaire éclaire le pavé

    Montres-tu le chemin ?
    Et lequel, après tout :
    à rebours ou destin ?
    À quoi joue le brouillard folâtrant à tes jupes ?
    À masquer l'embusquée sous son trouble manteau
    que je saigne mon sang à son contrat de dupes ?
    Que n'ai-je de stylo...

    Arrête, mon cerveau
    Taisez-vous mes pensées
    Laissez-moi promener sur la butte à Carco
    mon petit chien mauvais parmi les saligauds !

     

    carné volé

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#101

    (hommage à Francis Carco)

     

  • muletier

    Jonq-Muletier.jpgDepuis que me traîne mes mules
    par les chambres, les antichambres
    et tous les théâtres guerriers
    pas moyen de trouver la paix
    l'horreur fait toujours des émules

    La paix ? c'est une usine à gaz
    aux suavités lacrymogènes
    où l'éternité crie aux gènes
    de lui garder des métastases

    Il en sort des suées nocturnes
    (la stupéfaction des dortoirs
     quand ça hurle au bout du couloir
     chez le surveillant Casse-Burnes !)

    Ça laisse des paquets de linge
    érigés comme des montagnes
    sur le noir brûlis des campagnes
    payées chair et monnaie de singe

    Puis, ça fait des bulles de rien
    qui ruinent les derniers avoirs
    et jettent les humbles espoirs
    sur le fumier des Gens Tant Biens

    La paix ? mais vous voulez ma mort !
    Que croyez-vous que je charrie
    avec, pour seule compagnie
    ces deux mules qui sentent fort...

    Allez clamer vos joies de vivre
    à vos amours neuves ou vaines
    moi, je vais, ma charrette pleine
    (sans pouvoir achever mon livre)

    Pleurez, chantez, la belle affaire
    - tant ! que ça me fait du travail,
    j'irai par les champs de bataille
    domestique ou à ciel ouvert

    Où j'ai vu - pas plus tard qu'hier,
    où j'ai vu les crocs de la terre se fermer
    sur le plus cher trésor et le vilain charnier

    Jeanne_sur_le_muletier.jpg

    Illustration ci-dessus : Adrien de Witte, Jeanne sur le muletier, 1882.

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour une 100ème contribution aux Impromptus Littéraires
    pour lesquels je lève ces vers :
    "Je me réjouis d'avoir atteint cette altitude
     preuve que je vous tiens pour plaisante habitude"