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poésié - Page 84

  • joyeux noème

    thierry hoyau

    Étire-moi la vue jusqu’à ce point précis
    qui réfute l'ennui et propage l'essence

    À ce point d’évidence où les bruits et les murs
    égalent de l'azur la sereine clarté

    Même les yeux fermés, accuser du regard
    le prochain avatar d'un songe aventureux

    Absurde et lumineux, dans cette contention
    qui porte la raison à vibrer comme un rire

    Au moment d'aboutir et de t'apercevoir
    je ne veux rien savoir que le bonheur d'y être

    À l’endroit de te reconnaître

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Thierry Hoyau, Penseur - 2010

  • Dix heurts (de bonne aventure)

    promenadeT'ayant aimée trop tard
    au matin, je suis parti tôt
    pris mon chien sur le boulevard
    il fumait dans les caniveaux
    des restes de brouillard
    pâlot

    En tête une chanson
    nette et plus filée qu'une dague
    aiguisait mon aspiration
    à tout prendre pour une blague
    comme à ce vieux moignon
    ma bague

    Ça ! le chien tirait fort...
    aussi j'accélèrai le pas
    Souverainement le décor
    rehaussait mon anonymat
    dont j'aggravais encore
    le cas

    Je libérai mon chien
    Il flaira l'ombre et l'alentour
    mais n'en dénichant rien
    vint me rappeler mes encours
    à l'ordre mitoyen
    du jour

    Parvenus à l'hôtel
    où nous séjournions en transit
    lui ai redoré la gamelle
    me couchai, m'endormis bien vite
    en remettant au ciel
    la suite

    L'après-midi me prit
    en flagrant délit de sueur
    Avais-je enfin compris
    être passé près du bonheur ?
    En rêve, t'ai souri
    mon cœur

    La nuit tenait son quart
    quand je m'épongeai le cerveau
    Il pleurait sur le boulevard
    les reproches d'un mot de trop
    que se met le buvard
    à dos

    Le chien voulut sortir
    et comme à son accoutumée
    sillonna l'orange à loisir
    sous les lampadaires coudés
    J'étais à son empire
    rôdé

    Voici que le trajet
    nous conduit au seuil de l'histoire
    où je reconnais mon Poucet
    désemparé, à son perchoir
    que d'un coup de sifflet
    fais choir

    Rattaché mon canin
    à cet anneau devant ta porte
    je veux forcer notre destin
    avant que le désir n'avorte
    J'attends ici qu'enfin
    tu sortes

     

    walking the dog

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #118

  • faux serf

    ouh, féchô !

    Je m'écoute parler, m'en raconte, m'en chante
    des refrains éculés, des histoires charmantes

    Quand j'en ai tout mon soûl avec les dents qui baignent
    explose mon ennui en cirques fraternels

    Puis, je me pleure un peu, beaucoup, passionnément
    et m'arrache des yeux la vision du moment

    Pour n'en dire
    qu'un triste résumé : je ne sais pas mourir

    Alors, je vais m'asseoir au fleuve séculier
    où je finis de  boire un rite familier

    Sa liqueur oublieuse a le goût des ravages
    et puis, le lendemain, mentirai "c'est dommage..."

    Avec le cœur bien gros, tout larmoyeux d'hier
    je tournerai le dos à mes noiseux faux-serfs

    exitEt puis, le lendemain, les yeux à l'aujourd’hui
    te donnerai la main pour m'accorder la vie

    Qu'à ton livre
    j'apprenne ce que c'est que d'aimer et de vivre

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • pavane atlante

    ancre1.jpgPar les flots liquoreux du souvenir tenace
    une ancre s'est jetée vers le socle rocheux
    où traînent dans l'oubli d'indicibles menaces
    réduites à des bouches sans pattes et sans yeux
    attachées pour le mieux à perpétuer la race

    A la surface où bombe un ventre maladif
    le rougeoiement du ciel était sur tous les fronts
    l'heure avançait sans bruit un ordre impératif
    avec l'est à bâbord, les ombres sur le pont
    couvraient de tout leur long les hommages plaintifs

    Voici l'esquif à l'or flottant sur l'insondable
    et sa nage alourdie par l'inertie des corps
    n'y pèse guère plus qu'une poignée de sable
    malgré la gravité de ces deux époux morts
    qui souriaient encore hier, en bout de table

    A l'impensable nul ne s'était préparé
    le couple capital tenant en sa férule
    tous les points cardinaux des humbles destinées
    - la vieille en rapportait la gloire majuscule
      au minot sans recul, au marchand étranger...

    Ni dieu, ni tous les saints n'auraient contré leur dit
    ni les calamités osé lever le groin
    "vous aurez bien assez de vos cieux infinis!"
    leur avaient ri au nez en se donnant la main
    ces mages sur le point de fonder leur pays

    Epiphanie d'un temps de sens et de raison
    que pleure au crépuscule un fébrile océan
    de quel siècle harmonieux sonnes-tu l'abandon
    au moment d'accueillir ces corps drapés de blanc
    tandis que, sous le vent, s'affaisse l'horizon ?

    (à terre, une pavane
     dilate ses accents dans la brise océane)

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki#114
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • couchant & preuve

    C'est ça

    couché !Va donc voir de l'autre côté
    ceux qui vont mourir saluer
    Ton Règne
    en donnant du "Très-Haut Qui Nous En Saigne"

    Le sang qui te monte à la face
    est rouge Moire, est dégueulasse
    et coule
    sur des canopées d'où l'ombre roucoule

    Quel que soit l'horizon choisi
    tu fermes ton œil cramoisi
    des viandes
    qu'a sucées ton journalier dividende

    Va, de ce côté-ci, l'On dort
    De l'autre, peut mourir encore
    une île
    où tant auront débarqué leur exil

    Répands tes huiles vespérales
    sur les frondes sentimentales
    des routes
    trop éloignées du singulier Sans Doute

    Qu’importe la ligne de fuite
    y convergeront nos conduites
    y passe
    ricanant, l’euphorie qui nous menace

    Va, ton jus d’oranges sanguine
    l’étalage que nos cousines
    postèrent
    punaise et récollection, nos posters !

    Notre nature d’affamés
    jamais ne put se contenter
    d’un jour
    Et toi, de la narguer faisant ton tour

    Va, donc ! rougissant pour la frime
    sonner à l’opposé leur prime
    et meurent
    sans retour de salut nos Pairs Prieurs

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK