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Catho dicte

kikirikiDebout, pierre loquace, à vue, ta langue ancienne
pointe ses prétentions au-delà du commun
La ville sait ton nom comme un lieu de passage
L'œil touriste y confond l'intérêt, le dédain
et sa fascination pour les monstres
au faciès apatride, au sourire vilain
Avec l'obstination figée dans sa torture
ils recrachent l'opprobre et son cuisant venin
dans un plus qu'édifiant inaudible vacarme

Tu règles le bonheur que de pieux nostalgiques
vont trouver dans un ordre où tout est bien rangé
avec, rivée au corps, à l'acte, l'espérance
en une absolution complète du péché
dans un règne de gloire et de verbe hypocrites
Pour tous, au nom du Père, un même sang versé
à boire en communion dans une même coulpe
que sauve l'ordinaire et le petit salé
la certitude enjouée de Sa miséricorde

Dimanche, c'est ton jour des matinées contrites
Au menu : gymnastique des génuflexions,
pain fondant sur la langue et sermon extatique
où l'amour du prochain assomme la raison
Tandis que l'oraison prône le Sacrifice
et vaut pour le voisin, pas pour Notre Maison
l'ombre dans les recoins se réjouit et salive
attendant au détour la brebis, le mouton
qu'un prompt "Vae soli" vienne tôt les maudire

Vue d'ici - du dehors ! pierre de belle ouvrage
je te lis comme au soir mon livre familier
Sous tes piliers gravés pour les Siècles des Siècles
à promener mon chien, j'aime lever le pied
C'est qu'aujourd'hui tout court, en tout sens et sans rêve
avec la bouche pleine de termes guerriers
Et, si pisse mon chien sur ton glacis de marbre
(entretenu aux frais de quelque râtelier)
ce n'est pas cher payer pour tes Saintes Croisades

J'observe un saint patron, colombe sur l'épaule
quand surgit le bourdon austère et grégorien
qui me cause un tournis, pire qu'un acouphène
et semble également incommoder mon chien
- si les Voies du Saigneur nous sont impénétrables
  que Ses monotonies d'octaves, paroissiens !
  n'ont-elles modulé au fil des harmonies
  que chante l'aujourd'hui pour son élyséen
  plutôt que d'ânonner d'immuables hommages ?

A mienOui, vraiment, je préfère encore l'éloquence
de la pierre au silence chargé de passions
qu'il m'appartient de lire et d'accorder aux miennes
Y demeure un motif pour la révolution
autant qu'un aiguillon de tension spirituelle
Ici, la dualité de notre condition
affiche son conflit vaniteux et superbe
Au méritoire effort de sa restauration
j'applaudis en brûlant mon carburant diesel

 

 

tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

Commentaires

  • Un magnifique poème qui nous élève pour commencer la journée... ça fait... du Bien? ;-)
    Bravo Mössieur Tiniak!

  • j'aime cette écriture tourmentée sur un fond de révolte;
    elle soulève le sable .

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