bondieuseries
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paloma
Une pincée de scelles dans la chevauchéelancée vers quelque spiritualitéjette le doute dans ma soupeQui s'est trompé ?Qui s'est fourvoyé, dévoyé ?Qui n'aura pas tiré la chassebien qu'ayant lu d'un trait "La Vie est dégueulasse" ?Eh, l'oiseau ! ça ne te fait rien ?qui massacres mon doux matinqui gargariseset te fous bien que j'enfile pull ou chemise...Partout, ça pète !pour le plus grand plaisir des marchands d'allumettesJohn Lenonn est un billet vertLouise Michel, un pis-allerLa maison de Pierre, oubliéeet l'horreur ?l'orange amère étalée sur mon peu de beurre !Moi aussi, je voudrais chanterdepuis ce lot : ma seule brancheMais vois-tu, l'oiseau, c'est dimanche !ses carreaux comme des barreaux, ses aubes blanches...échines courbées en troupeaux !effets de manche !et le vain ego qui revients'acquitter de son bel écot, ce mâtin !(bon dieu, ce riz !sans déc' ! sérieux ! tu m'en vois tout marri)Et la Marie - tiens oui, au fait !celle au popotin en goguettel'as-tu revue ?celle qui descendait ma rue, le vent en poupeà la bourgeoise paradant devant ses troupesle tétin fiersoutenant son regard sans grand mystère ?Non ? Moi non plus...Pitié pour nous, pauvres prêcheurs !Le ciel est tout fragmenté d'heurtset ça nous plombeet je n'y vois planer que des palombestiniak ©2015 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -
Derrière, soit
Derrière
dans sa verte lumière
l’âme erre à sa besogne
au jardin séculaire
des printemps mensongers;
les jours qui ne viendront
qu'au prix d'horribles nuits
passées dans des bras morts
à redouter leur fruit
sanguin et familierDerrière
le chemin séculier
du corps à sa douleur;
la terre qui transpire
une peine immuable
et tout son saisonnier
de cortèges, de fables
de plaintes rengorgées;
car c'est l'ordre des choses
et que c'est bien ainsi;
qu'ainsi l'a dit le père
à la parole close
au tonnerre sans foi
d'un murmure assassin
dans un silence plein
des mes cris intérieursDerrière
un râle de misère;
le corps à sa douleur;
le jour qui ne viendra
que trop tard et sans fin;
la mère à son ouvrage
immuable et pénible
avec les mains dans l'eau
à frotter ou à tordre
le drap, le cuir, la peau
avant de s'aller mordre
à son tour la poussière
la sciure humide encore
ou le faisceau de paille
été, automne, hiver
et tout le tralala
des printemps mensongers;
la mère à sa besogne;
la mère à se plier
pour loger comme il faut
son corps au bon endroitDerrière
dans un silence plein
de mes cris intérieurs
le corps à sa douleur;
le jour qui ne viendra
que trop tard et sans bruit
passée l'horrible Nuit
du géant Familier
aux bras venus me prendre
aux mains venues me tuer
ça, et le reste avec
et tout son tralala
de printemps mensonger
de murmure assassin
et de sueur infecte;
le regard insoluble
et total et sans joieDerrière
- derrière, derrière, derrière...
je laisse toute affaire
au jardin familier
des printemps mensongers :
le siècle de mon père
à sa triste besogne
et tous ses arriérés
et tout son tralala
et mon regard avec;
j'entre en ce bon séjour
au régulier service
de Son divin amourtiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#131© crédit photo : Laurent
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sidérations érectiles
(à la soixantaine passée)
Flèches, beffrois et minarets
ogives sous le ciel, phalliques !
Dans votre ombrage se commet
une foule de gymnastiques
aux postures expiatoires
soudain autrement éloquentes
sitôt qu’un œil épilatoire
arches et poutres apparentes
épure, effeuille et donne à lire
bien moins sublimes que charnels
les paradigmes d’un empire
aux rouages sacrificiels
considérant
ses propriétés érectiles sous le ventN’était la charge de l’Histoire
qui nous tient debout sur la terre
je ne vous connais pas de gloire
sans mutilation de la chair
dévoiement des pédagogies
fascination de groupuscules
pour de rituelles nostalgies
aux protocoles ridicules
sur ordre de frigidités
aussi contrites qu’intrinsèques
incriminant d’autodafé
les lots de nos bibliothèques
et de nos sœurs
craignent le sexe - jugé par trop intérieur ?De Jeanne, Lise ou Fatima
vers qui pointe ce doigt de Pierre ?
Qui fustigerait ce long bras ?
Qui coifferait ce dôme austère ?
Dos à dos renvoyer l’esprit
et la chair, c’est fort peu commode !
Il en faut pour la facétie
et chanter cul sur tous les modes
aussi pour la compréhension
et n’entendre d’un « je vous aime »
que l’unique et vive passion
qui ne se connaît pas soi-même
abandonnée
à la seule question qui vaille de peinerPas de réponse… que l’ennui
d’être sans pleine certitude
autre que le bel aujourd’hui
se goûte mieux sans servitude
A chercher des indications
vers l’une ou l’autre façon d’être
dans d’insignes procurations
c’est risquer de trop y soumettre
(aux vilaines moralités)
notre propension viscérale
(d’archaïque sagacité)
à renifler du sidéral
dans un jonc
dressé vers un vaste cloaque d’illusionsSableux courant d’air et bourrasques
soufflaient sans que leurs cous fléchissent
Plaise que sans cierge ni masque
ma risée les mette au supplicetiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Catho dicte
Debout, pierre loquace, à vue, ta langue ancienne
pointe ses prétentions au-delà du commun
La ville sait ton nom comme un lieu de passage
L'œil touriste y confond l'intérêt, le dédain
et sa fascination pour les monstres
au faciès apatride, au sourire vilain
Avec l'obstination figée dans sa torture
ils recrachent l'opprobre et son cuisant venin
dans un plus qu'édifiant inaudible vacarme
Tu règles le bonheur que de pieux nostalgiques
vont trouver dans un ordre où tout est bien rangé
avec, rivée au corps, à l'acte, l'espérance
en une absolution complète du péché
dans un règne de gloire et de verbe hypocrites
Pour tous, au nom du Père, un même sang versé
à boire en communion dans une même coulpe
que sauve l'ordinaire et le petit salé
la certitude enjouée de Sa miséricorde
Dimanche, c'est ton jour des matinées contrites
Au menu : gymnastique des génuflexions,
pain fondant sur la langue et sermon extatique
où l'amour du prochain assomme la raison
Tandis que l'oraison prône le Sacrifice
et vaut pour le voisin, pas pour Notre Maison
l'ombre dans les recoins se réjouit et salive
attendant au détour la brebis, le mouton
qu'un prompt "Vae soli" vienne tôt les maudire
Vue d'ici - du dehors ! pierre de belle ouvrage
je te lis comme au soir mon livre familier
Sous tes piliers gravés pour les Siècles des Siècles
à promener mon chien, j'aime lever le pied
C'est qu'aujourd'hui tout court, en tout sens et sans rêve
avec la bouche pleine de termes guerriers
Et, si pisse mon chien sur ton glacis de marbre
(entretenu aux frais de quelque râtelier)
ce n'est pas cher payer pour tes Saintes Croisades
J'observe un saint patron, colombe sur l'épaule
quand surgit le bourdon austère et grégorien
qui me cause un tournis, pire qu'un acouphène
et semble également incommoder mon chien
- si les Voies du Saigneur nous sont impénétrables
que Ses monotonies d'octaves, paroissiens !
n'ont-elles modulé au fil des harmonies
que chante l'aujourd'hui pour son élyséen
plutôt que d'ânonner d'immuables hommages ?
Oui, vraiment, je préfère encore l'éloquence
de la pierre au silence chargé de passions
qu'il m'appartient de lire et d'accorder aux miennes
Y demeure un motif pour la révolution
autant qu'un aiguillon de tension spirituelle
Ici, la dualité de notre condition
affiche son conflit vaniteux et superbe
Au méritoire effort de sa restauration
j'applaudis en brûlant mon carburant dieseltiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Larmes de Celle
(la femme de Loth, con !)
Quel nom était le tien, Statue de Celle
qui fut
marchant
laissant les autres devant
de ton pied caressant la route longue et dure
évidemment vivace, belle et sûre
et le sourire aimant
quand parfois le silence
vibrant du fait de ta seule présence
t'enrobait l'alentour
avec cette attention diffuse, calme et bienveillante
qui parfume les muses
des légendes atlantes
ou se peut ressentir au petit jour
qui monte maintenant
et t'embrasse en retour
C'est quelque vieux bavard
au ton bien inspiré
qui conta ton histoire au troupeau en exil
lui laissant pour mémoire
depuis ce temps d'arrêt
une tache à la marque indélébile
Des scribes scrupuleux
en tirèrent un livre
prétendant à un nouvel art de vivre
Un ordre impérieux
en dévoya le sens
et noya tout le sel de l'existence
dans les larmes, le sang, honte et obéissance
Vinrent les temps de pendre et torturer
la chair humaine à vendre et déporter
en priant d'implorer miséricorde
les mains entravées, le cou dans la corde
pour expier le crime abominable
de n'avoir pas voulu renier son pain ni son étableCe nom que je lis, ce n'est pas le tien
le lire comme le dire me laisse froid
mais plus je te regarde
figée dans ton effroi
plus m'insupportent le dogme et la loi
Car, je ne risque rien à jeter à loisir
par-dessus mon épaule un regard en arrière
aucune contrition ni aucun repentir
encore moins les affres d'un pénible enfer
ne m'empêcheront de te revenir
que des yeux je te pose ma question
Statue de Celle Qui Fut quel était ton nom ?tiniak - totalités mineures
© 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK