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poésié - Page 167

  • pas finir

    c'est là, notédis, mon dit, entre nous soi dit
    tu sais, je ne veux pas finir
    comme ce très cher Paul, au pire
    (chez les figures monstrueuses !)

    que j'aime mieux la vie au chant
    heureuse, heureuse, obstinément
    comme je l'aime soi disant
    éclat riant devant la Gueuse

    dis aux gênes que le tonneau
    déverse de mon sang le flot
    pour en partager le nectar
    avec le sel et le bâtard

    mon autel est un océan
    abîme où sombrent les négoces
    anthropophages et féroces
    sous le trait muet du couchant

    ceci dit, revenons au vide
    et à ce choix qu'il nous propose
    d'aller contempler sa nécrose
    ou de le combler d'impavide

    car j'aime mieux la vie au long
    d'aventureuses obsessions
    signer d'une main l'autre au con
    une rime libidineuse

    alors, c'est dit ? pas vu, pas pris
    parmi ces mille oiseaux en vol
    rester celui qui batifole
    et pépie le bel aujourd'hui ?

    sur ma vie, oui.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • impossible conservatoire

    Le Déjeuner sur l'Herbe, de Monet.jpg
    le gazon pianotait sur le dos des fourmis
    sous la brise légère, un bel après-midi
    s'offrait à la paresse, invitait au voyage
    et tenait sa promesse à l'abri des feuillages :

    la guerre est impossible.

    des enfants se cachaient quelque part alentour
    en allant débusquer sous les bosquets l'amour
    et son gentil murmure au long des boutonnières ;
    le printemps triomphait dans l'oubli de l'hiver

    la mort est impossible.

    le saucisson suait sur la nappe à carreaux
    et l'abeille agaçait la confiture en pot
    mais on n'y prenait garde, on débouchait le vin
    et dans l’œil qui s'attarde palpitait le sein

    la peur est impossible.

    des chants couvraient des ris qui couvraient des hommages
    éloges à la vie, à son doux badinage
    on s'échangeait des plis, des poèmes, des lettres
    et le temps s'étonnait d'avoir le temps d'y être

    l'horreur est impossible.

    et le très cher ami venu de son lointain
    admirant de ta chair la rondeur et le teint
    à la pâleur étrange, avait quelque embarras
    à dire en notre langue un terme délicat

    la fange est impossible.

    on était loin du compte à rêver d'éternel
    l'horizon nous masquait un horrible cheptel
    le siècle se trompait, croyant que rien ne bouge
    des crânes craqueraient bientôt sous l'herbe rouge

    la paix est impossible.

    Le Déjeuner sur l'Herbe, de Manet

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    _______________________________________

    bonus, with a little help from Joe KRAPOV
    mettant en musique un poème de NERWEN* :

    Canzonetta

    * "Nerwen - Canzonette" ; texte orginial paru sur Kaléidoplumes

  • prédations

    femme-tempête.jpgPelage, pelage

    doux embrouillamini

    ton sinueux camouflage

    épouse et cache les plis

    où je viens rendre hommage

    à la folie

    qui m’anime bien davantage

    la nuit

     

    ◊◊◊

     

    Reste tranquille

    sois tranquille, mon enfant

    susurrait l’autre au bout du fil

    avidement

     

    ◊◊◊

     

    Erreur de la nature ?

    mon cœur en proie

    à cette douleur qui dure

    ne la chasse pas

     

    que dis-tu de ça ?

     

    ◊◊◊

     

    Douceurs charnelles

    tremblez, madeleines

    chairs tendres

    ces mains quittent leurs poches

    pour vous prendre

    et vous porter en bouche

    sans plus attendre

    goûter, massacrer

    vos tétons sucrés

     

    ◊◊◊

     

    A passion dévorante, bon appétit

     

    ◊◊◊

     

    Tapis dans l’ombre, moelleux canevas

    que m’offres-tu de saisir, là ?

     

    rideau tiré, l’offrande glisse

    livre ses saveurs aux délices

     

    bientôt couverte de chaleur

    dans le retour du prédateur

     

    ◊◊◊

     

    Être affamé sous-tend

    d’avoir goûté au plat avant

     

    ◊◊◊

     

    Un prédateur au marigot

    matait un croupion de gazelle

    penchée sur l’eau

     

    « comme la nature est mal faite

    se dit le féroce animal,

    au lieu de bouffer cette bête

    j’y aurais pu loger mon pal.

     

    quoi que… bonne mère

    j’aime encor mieux faire

    bonne chère »

     

    ◊◊◊

     

    Rien ne sert de courir

    tant que ce filet tient

    jusques au point du jour

     

    j’aurai, sans coup férir

    le ventre plein

    dès mon retour

     

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK / tiki#27

    paru sur le site des Impromptus Littéraires, où je vous recommande aussi la lecture des textes de... 

    L'arpenteur d'étoiles

    Kaliuccia

    martine27

  • dits de chute

    à Toncrate, pour une part ; à Tisseuse et Cacoune, pour beaucoup ; à Lily, aussi, Mon Petit Ailleurs ; à celles et à ceux qui, des failles, roulent les yeux, fument la paille...

    chat, non

    chat va ?je ne suis pas chat
    quand je tombe
    je me casse la gueule

    je ne suis pas un chat,
    moi

    je ne suis pas un chamois
    en montagne
    j'ai le vertige
    je tiens à peine sur mes tiges

    je ne suis pas chamois,
    quoi

    chamois, non pas

    boum
    patatras

    c'est quoi le fond, au fond ?

    chute!
    c'est le choir, brut.

    sauter en parachute
    gavé, le rêve !

    mais la nuit est trop brève
    un matin l'exécute
    et sur le sol s'écoule un rêve inachevé
    qui ne l'aura pas volée

    - T'as rien de mieux à faire
    que te rouler par terre ?

    - Si, mais j'ai pas d'elle

    ceci n'est pas un entonnoirau fond de l'entonnoir
    un corps étanger
    il fait bouchon
    il est coincé.

    exhalaison
    venue du fond
    des parfums de vin d'épices
    viennent lui picoter les cuisses.

    il porte son regard
    vers le bord évasé.

    un renversement de la situation
    me serait salutaire, pense-t-il.

    un oeil ? une narine ?
    ... font leur apparition
    au sommet de l'ustensile.

    ah, c'est bouché, dit-on.
    l'étranger reprend espoir
    et fait déjà meilleure mine à voir.

    quand soudain, la question :

    que vaut-il mieux au fond ?

    que pour de bon
    j'aille jusqu'au tréfond
    me noyer enivré de délices ?

    ou tourbillon
    vriller vers le plafond
    si tant est que jamais j'en finisse ?

    la question le met au supplice
    bien moins que la solution qui s'immisce
    à la pointe du tire-bouchon.

    !splash!falaise vue d'en bas
    écho des échos
    le monde sur moi
    qui me tiens, les bras en croix
    debout, face à la paroi

    mais qu'alors je me retourne
    et j'obtiens du destin une autre ristourne

    falaise vue d'en haut
    ma vie sur le dos
    et l'onde à mes pieds
    l'invisible à embrasser
    à genou devant la baie

    mais qu'alors je me retourne
    et j'obtiens du monde une autre ristourne

    attends-moi, la main
    à bras! à bras!
    attends-moi là, vie qui va

    la vie qui s'en vient
    la vie qui s'en va
    la vie qui ne s'arrête pas

    tant pis, allez
    j'aime mieux tomber
    et tomber encore et encore

    et tomber tomber
    et tomber encore
    tomber dans tes bras corridor

    amoureusement mise à mort

    pour dix de chute,
    c'est excessif
    garde ton calebute,
    range ton canif

    calecif.jpg

     - quand gourou fâché, lui toujours faire un slip! -

     

     

    - Pierre tombe, Al !
    - et alors! 'fallait pas pousser non plus !

    (voyons ce que là-contre Pétri fit)

    - comment ça, au ciel ? il est même pas mort !
    - ah ça nan, mais qu'il a eu chaud !
    - tu veux dire qu'il a chu haut.

    ... mêmpômôl...
    (dit la veste)

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • dans le regard de Gaëna

    dans le regard de Gaëna

    pff la la, ces yeux !
    pff la la, ses yeux, la la!
    pff la la, ces yeux-là

    ceux de la Dame des Bois
    (cette âme de Gaëna)

    ces yeux m'enchantent
    aussi, je vous la chante

    et retourne de ce pas
    ses yeux tout au fond de moi
    que j'y vois clair
    que j'y vois clair
    que j'y vois clair au-delà

    là ?
    là !

     

    illustration : Gaëna Da Slyva (détail)

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    extraite de sa CHAMBRE NOIRE